Enquête CovidBoris Johnson va devoir défendre sa gestion de la pandémie
Dans le cadre d’une enquête publique sur la gestion politique du Covid, l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson va répondre aux questions des enquêteurs ces mercredi et jeudi.
L’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson va devoir répondre à des questions difficiles mercredi, lors d’une audience très attendue dans l’enquête publique sur la pandémie de Covid, après de vives critiques d’anciens collaborateurs. Depuis le début des audiences en juin, ces collaborateurs, dont plusieurs conseillers et scientifiques, ont décrit un Premier ministre dépassé, indécis, peu soucieux des victimes lorsque la pandémie a éclaté début 2020, et un gouvernement divisé et chaotique.
Boris Johnson a-t-il pris trop de temps pour imposer un premier confinement fin mars 2020? Avait-il pris la mesure de la pandémie? Comprenait-il les données scientifiques? Etait-il indifférent aux victimes et notamment aux personnes âgées?
«C’était la mauvaise crise pour les compétences du Premier ministre», a estimé fin octobre devant la commission Lee Cain, ancien directeur de la communication à Downing Street, racontant un Boris Johnson repoussant les décisions et changeant sans cesse d’avis, en fonction de la dernière personne lui ayant parlé.
Défense soigneusement préparée
Boris Johnson, plus prompt à botter en touche avec humour qu’à répondre avec précision, aura fort à faire pour convaincre qu’il était début 2020 l’homme de la situation. Il a soigneusement préparé sa défense, lu 6000 pages de documents, et s’est enfermé pendant des heures avec ses avocats, selon «The Times», qui a révélé les grandes lignes de son intervention.
M. Johnson devrait ainsi «s’excuser sans réserve» et admettre qu’il a «incontestablement commis des erreurs», sous-estimant au départ les risques du virus. «J’avais fondamentalement confiance que les choses se passeraient bien», devrait-il dire, expliquant que d’autres menaces sanitaires avaient dans le passé été moins catastrophiques que redouté. M. Johnson avait lui-même failli mourir du Covid en avril 2020.
Le 23 mars 2020 un premier confinement avait été imposé aux Britanniques, suivi de deux autres, parmi les plus durs d’Europe. Des fêtes illégales à Downing Street durant cette période ont fait scandale, et contribué à la chute de Boris Johnson, contraint à la démission en juillet 2022.
Éternel optimiste
Mais cet éternel optimiste, dont le témoignage est prévu sur deux jours, devrait aussi affirmer que le gouvernement a «pris les bonnes décisions au bon moment», contribuant à sauver des dizaines, voire des centaines de milliers de vies, et insister une fois encore sur le programme de vaccination mis en place début 2021, plus rapidement que de nombreux pays. Le Covid a tué plus de 232’000 personnes au Royaume-Uni.
Devant la commission, certains anciens collaborateurs de M. Johnson ont aussi raconté un Premier ministre «soufflant le chaud et le froid», et qui selon le ministre de la Santé de l’époque Matt Hancock a confiné trop tard. «Il est incapable de diriger» se lamentait encore à l’automne 2020 dans des messages WhatsApp le secrétaire général de Downing Street Simon Case. «Il change de direction stratégique tous les jours», se désespérait-il. Martin Reynolds, ancien secrétaire particulier de M. Johnson a aussi décrit un gouvernement à la culture dysfonctionnelle et machiste. D’autres ont dénoncé une culture «toxique».
M. Johnson devrait aussi catégoriquement rejeter des accusations de son ancien chef de cabinet, devenu pire ennemi, Dominic Cummings, qui l’a décrit comme aux abonnés absents durant les premiers jours de la pandémie, car il travaillait à un livre sur Shakespeare.
Les travaux de la commission d’enquête indépendante, présidée par l’ancienne juge Heather Hallett, devraient durer jusqu’en 2026. Elle a d’abord examiné comment le Royaume Uni était préparé à la crise sanitaire, et se penche actuellement sur la gouvernance et la gestion politique lors de l’apparition du virus. La commission étudiera ensuite l’impact du Covid sur le système de santé, le programme de vaccinations et la distribution des équipements nécessaires à la population.