Radio-TVLa droite va lancer une initiative pour une redevance à 200 francs
Un comité interpartis a présenté mardi l’initiative «SSR: 200 francs, ça suffit!» Les entreprises doivent être exemptées de la redevance Serafe. Et la baisse soulagera les jeunes, estime-t-il.
- par
- Christine Talos
Elle était en projet depuis l’été dernier et elle se concrétise. Elle, c’est une initiative contre la SSR concoctée par l’UDC. Les pontes du parti, tous alémaniques, accompagnés d’un comité de droite, ont présenté mardi à la presse ce texte qui va être lancé sitôt l’approbation de la Chancellerie. Ce qu’il demande est déjà connu: la redevance radio-TV doit baisser à 200 francs et les entreprises en seraient exemptées.
«Nous voulons ramener à des proportions raisonnables une SSR boursouflée en termes de personnel, de finances et d’influence politique», a lancé le président de l’UDC Marco Chiesa en critiquant une situation de quasi-monopole dont jouit selon lui la SSR. «Un débat sur le mandat de service public est nécessaire depuis longtemps, a abondé le conseiller national UDC Gregor Rutz. Car la SSR pénètre des marchés qui ne font pas partie du mandat défini par sa concession», a-t-il expliqué.
Plus aucun rapport avec la consommation médiatique
En outre, «la redevance Serafe, actuellement de 335 francs par ménage et par an, est la plus élevée du monde, a rappelé de son côté le conseiller national UDC Thomas Matter. En outre, elle n’a «plus aucun rapport avec la consommation médiatique réelle en Suisse», selon lui.
Un point de vue partagé par le président des Jeunes PLR, Mathias Müller. «Les habitudes des gens ne sont plus les mêmes qu’il y a 10 ou 20 ans. Nous, en particulier les jeunes, utilisons de nombreux canaux et nous consommons des contenus numériques quand et où nous voulons», a-t-il souligné. Or des sondages ont révélé que malgré les millions investis, la SSR n’atteint pas le jeune public, a-t-il rappelé. Et d’ajouter: «De nombreux jeunes sont choqués en recevant la facture Serafe. Nous les jeunes sommes contraints de payer une offre que nous connaissons à peine et que nous n’utilisons guère. C’est injuste.» En outre, les personnes qui vivent seules seraient aussi déchargées.
Une «double imposition» des entreprises
Quant à Hans-Ulrich Bigler, directeur de l’Union suisse des arts et métiers (usam), il n’a toujours pas avalé la défaite large de No Billag en mars 2018 et surtout la révision sur la loi sur la radio et télévision acceptée d’un cheveu en juin 2015. Depuis cette votation, les entreprises doivent en effet payer la redevance en fonction de leur chiffre d’affaires. «Pourquoi les firmes doivent-elles payer une redevance pour une prestation qu’elles ne peuvent même pas consommer? a-t-il interrogé. Même si un patron ou un employé devaient utiliser les médias de la SSR au travail, ils ont déjà payé cet impôt en tant que personne privée», a-t-il relevé. Pour lui, il y a donc «double imposition» et c’est interdit par la Constitution.
Les initiants ne veulent toutefois s’en prendre qu’à la SSR, ont-ils affirmé. Ils ont prévu que les 34 chaînes de radio-TV privées toucheraient la même contribution qu’aujourd’hui. Ils ont en outre calculé que si leur initiative passait, les recettes de la SSR tomberaient à 612 millions de francs par an, soit la moitié des rentrées de l’actuelle redevance, une somme à laquelle viendraient s’ajouter 200 millions de francs en provenance de la publicité, du sponsoring, etc.
Dans un communiqué, la SSR a pris note de cette attaque. Elle s’est dite prête à démontrer une nouvelle fois sa contribution à la société suisse.