IranLe chanteur qui avait contesté le voile a été arrêté
Mehdi Yarrahi était poursuivi pour «une chanson illégale contestant les mœurs et coutumes de la société musulmane». Il a dédié ce morceau en faveur du voile facultatif aux «courageuses Iraniennes».
Le chanteur de pop iranien Mehdi Yarrahi a été arrêté, lundi, pour avoir diffusé une chanson contre l’obligation du port du voile, près d’un an après le début du mouvement de contestation déclenché par la mort de Mahsa Amini, selon des médias officiels.
«À la suite de la diffusion d’une chanson illégale de Mehdi Yarrahi et au dépôt d’une plainte, ce dernier a été arrêté sur ordre du procureur de Téhéran», a indiqué l’organe de presse du pouvoir judiciaire, Mizan Online. La veille, cette agence avait annoncé qu’une action en justice avait été engagée à cause de la diffusion de «Rousarito» («ton foulard», en persan), «une chanson illégale contestant les mœurs et coutumes de la société musulmane».
«Je suis le cauchemar de ce juge»
Le chanteur de 41 ans, qui habite à Téhéran, avait sorti, vendredi, ce morceau et son clip de trois minutes en faveur du «voile facultatif», en le dédiant aux «courageuses femmes iraniennes» qui ont participé au mouvement de contestation. «Je suis le cauchemar de ce juge, ne pleure pas», avait réagi le chanteur dans un message sur Instagram, après l’annonce de l’action en justice.
Depuis la Révolution islamique de 1979, le port du voile est obligatoire pour toutes les femmes, qui doivent dissimuler leurs cheveux dans les lieux publics. Cependant, elles sont de plus en plus nombreuses à apparaître tête nue dans les grandes villes, depuis un an.
Un hymne pour les manifestants
Né dans la province arabophone du Khouzestan, dans le sud-ouest, Mehdi Yarrahi soutient régulièrement, sur son compte Instagram, la contestation déclenchée en septembre 2022 par la mort de Mahsa Amini, une jeune femme morte après avoir été arrêtée par la police des mœurs qui lui reprochait de ne pas avoir respecté l’obligation du voile. Son morceau «Soroode Zan» («Hymne de la femme», en persan), sorti début octobre, était devenu un hymne pour les manifestants, notamment dans les universités.
En 2018, Mehdi Yarrahi avait reçu le prix du meilleur chanteur de pop du festival de Fajr, le plus important événement musical du pays, organisé par le gouvernement. Il a critiqué les autorités à plusieurs reprises dans ses concerts, notamment pour la discrimination à l’encontre des habitants du Khouzestan.