Tour de FranceStefan Küng: «Tu sais qu’il faut que ça continue»
Moins d’une semaine après avoir dit adieu à son pote Gino Mäder, le Thurgovien aborde son 7e Tour de France encore chamboulé. Mais il ne changera rien à sa façon de rouler.
- par
- Simon Meier Bilbao
Stefan Küng, dans quel état d’esprit entamez-vous votre septième Tour de France?
J’ai eu la confirmation aux championnats de Suisse, le week-end dernier, que physiquement, je suis bien. C’est plus l’approche générale qui a été compliquée, avec cette fin de Tour de Suisse et le décès de Gino (ndlr: Mäder, qui a chuté mortellement le 16 juin). Je n’étais évidemment pas concentré à 100% sur ce Tour de France ou la compétition. Il m’a fallu quelques jours pour digérer un peu.
Comment avez-vous fait pour passer aussi vite d’une émotion à l’autre, entre l’hommage à Gino de samedi dernier et la présentation officielle des équipes de jeudi soir à Bilbao?
En temps normal, on finit le Tour de Suisse sur une bonne note, et on se réjouit de la suite. Là, tout était différent. Je n’ai pas pu continuer la course et j’ai pris quelques jours en famille pour essayer de digérer. Dans ces cas-là, on essaie aussi de regarder vers l’avant. Mais le Mémorial de Gino a tout ravivé. Ça te fait réfléchir. Tu sais qu’il faut que ça continue. Mais tu sais aussi que l’émotion va revenir, que ça ne va pas s’oublier en deux semaines – ça va rester avec moi, avec nous, pendant toute la course. Mais c’est bien aussi que ça commence, qu’on se lance dans cette épreuve et qu’on retrouve une forme de normalité.
Ce drame changera-t-il votre façon d’exercer votre métier?
Non, pas du tout. On parle d’un accident tragique qui, comme je l’ai dit, n’est pas digéré. Mais même avec les risques, et tout, je signe tout de suite pour continuer à faire ce que je fais – et je pense que Gino ne fonctionnerait pas différemment. A la fin, c’est ce qu’on aime, c’est notre passion, notre vie. Il y a certes des risques, mais il y en a partout dans la vie. Il ne faut pas penser à ça, surtout pas quand tu es sur le vélo. Dès que tu commences à penser que tu peux tomber, dès que tu te mets à réfléchir aux risques, tu as perdu. Il faut rester concentré sur la course.
Comment l’abordez-vous, ce Tour de France? Plus dévoué aux autres que jamais ou avec une idée personnelle derrière la tête?
C’est particulier, car il n’y a pas de contre-la-montre qui me convient bien durant la première partie du Tour (ndlr: le seul contre-la-montre au programme est court et montagneux). Donc j’ai déjà été plus stressé que ça au départ d’un Tour. Dans un premier temps, on va tout faire pour protéger David (ndlr: Gaudu, 4e du Tour 2022 et leader déclaré de la formation Groupama-FDJ), car nous avons des ambitions au général, pour le podium. Après, en deuxième ou troisième semaine, il y aura certainement des opportunités. S’il y en a une qui se présente, j’essaierai de la saisir. Il y a beaucoup de facteurs sur une telle course, on verra.
Vous n’êtes que deux Suisses au départ avec Silvan Dillier, le plus faible total depuis plus de quarante ans. Cela vous inspire-t-il quelque chose.
Le seul commentaire qui me vient en tête, c’est qu’on aurait dû être trois, avec Gino. Pour le reste, voilà, c’est comme ça. Qu’on ne soit que deux Suisses au départ ne change rien au fait que je veux donner le meilleur de moi.