Boris Johnson«Je suis triste d’abandonner le meilleur travail du monde»
Le Premier ministre britannique a accepté jeudi de démissionner comme chef du Parti conservateur.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson, usé par les scandales et affaibli par une série de démissions sans précédent, a annoncé jeudi sa démission de chef du Parti conservateur, ouvrant la voie à son remplacement à la tête du gouvernement. «C’est clairement la volonté du Parti conservateur qu’il y ait un nouveau leader et donc un nouveau Premier ministre», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse devant Downing Street, se disant «triste d’abandonner le meilleur travail du monde». Il a ajouté que le calendrier pour l’élection d’un nouveau leader conservateur serait précisé la semaine prochaine.
«Nous n’avons pas besoin d’un changement à la tête des Tories. Nous avons besoin d’un vrai changement de gouvernement», avait peu avant fait valoir le chef de l’opposition Keir Starmer, menaçant d’organiser un vote de défiance à la Chambre si Boris Johnson restait au pouvoir.
Près de 60 démissions
«Nous n’avons pas besoin d’un changement à la tête des Tories. Nous avons besoin d’un vrai changement de gouvernement», avait peu avant fait valoir le chef de l’opposition Keir Starmer, menaçant d’organiser un vote de défiance à la Chambre si Boris Johnson restait au pouvoir. Le tout nouveau ministre des Finances Nadhim Zahawi, nommé mardi, avait appelé Boris Johnson à «partir maintenant», alors que la ministre de l’Éducation, nommée elle aussi mardi, annonçait sa démission. Au total, 57 départs ont été annoncés au sein du gouvernement depuis mardi, dont cinq ministres, un exode d’une rapidité sans précédent dans l’histoire politique britannique.
«Hier je vous ai supplié de (…) démissionner dans l’intérêt de notre parti et du pays. Vous nous avez mis dans une situation impossible», a écrit la nouvelle ministre de l’Éducation Michelle Donelan dans sa lettre de démission, expliquant qu’elle n’avait «pas d’autre choix». Le ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord, Brandon Lewis, a aussi annoncé sa démission. Jeudi, dans un silence assourdissant, personne n’est venu défendre Boris Johnson sur les programmes d’information du matin, comme c’est habituellement l’usage.
Tentatives vaines
Mercredi soir, plusieurs ministres s’étaient rendus à Downing Street pour essayer, en vain, de convaincre Boris Johnson de démissionner, dans son intérêt et celui du pays. Pour rappel, il avait perdu la confiance du Parti conservateur, après trois années turbulentes au pouvoir,
Le Premier ministre de 58 ans, qui affirme qu’il a un «mandat colossal» à accomplir, a riposté en limogeant par téléphone, mercredi soir, le ministre qui avait été le premier à venir lui conseiller de démissionner plus tôt dans la journée, Michael Gove, chargé du rééquilibrage territorial.
Selon la BBC, Downing Street aurait qualifié Michael Gove de «serpent» indigne de la confiance de Boris Johnson. Celui-ci aurait dit à des collègues qu’ils devraient «plonger les mains dans le sang» pour le sortir de Downing Street, rapportait jeudi, le tabloïd «The Sun», alors que certains commentateurs faisaient le rapprochement avec Donald Trump, refusant de reconnaître le résultat de l’élection présidentielle américaine en 2020.
Le mécontentement couvait depuis des mois, nourri par le scandale des fêtes illégales à Downing Street pendant le confinement anti-Covid. La démission mardi soir du ministre des Finances Rishi Sunak, et du ministre de la Santé Sajid Javid, avait sonné l’hallali pour le Premier ministre, après un nouveau scandale sexuel impliquant le «whip» adjoint chargé de la discipline des députés conservateurs. Boris Johnson l’avait nommé en février, «oubliant» des accusations passées de même type.