SportL’Agence mondiale antidopage aurait couvert des athlètes positifs
L’AMA a-t-elle fermé les yeux sur de nombreux cas de dopage dans le sport espagnol? Le média Revelo l’affirme, après une enquête approfondie.
- par
- Florian Vaney
«Il est clair que le travail de contrôle de l’organisme antidopage le plus important au monde est totalement contestable.» Dans cette phrase repose la conclusion d’une enquête de longue haleine menée par le média en ligne Revelo, dont la première ligne se veut non moins offensive: «Le sport espagnol présente plusieurs cas de dopage et l’Agence mondiale antidopage le sait.»
L’Agence antidopage espagnole (CELAD), en profitant du laisser-faire de l’Agence mondiale antidopage (AMA), aurait couvert plusieurs sportifs espagnols contrôlés positifs. Et ce depuis au moins cinq ans, soupçonne l’enquête.
Sanctions envoyées hors délai légal
La manœuvre aurait été rendue possible grâce à deux usages. Le premier: jouer la montre. Le CELAD aurait laissé passer le délai maximum d’une année pour prévenir certains athlètes de leurs résultats de test. Selon Revelo, l’agence aurait attendu le 365e jour suivant le contrôle pour envoyer la sanction au principal concerné. En privilégiant la voie postale, nécessitant plusieurs jours de livraison, plutôt que l’instantanée voie électronique…
Un athlète espagnol aurait ainsi échappé à une punition de cette manière en 2019, malgré un contrôle positif à trois substances interdites. Une fois sa sanction reçue, celui-ci a pu porter plainte auprès du Tribunal arbitral du sport, arguant une réception hors du délai légal. Avant que le TAS ne lui donne raison.
Autorisations rétroactives
Le second contournement des règles suspecté par l’enquête est celui dit des «autorisations d’usage à des fins thérapeutiques rétroactives». Ces dérogations permettent généralement à des athlètes nécessitants, à des fins médicales, la consommation de substances proscrites d’être en mesure de s’en procurer. Dans certains cas exceptionnels, la dérogation peut être accordée à des sportifs ayant subi un contrôle positif. Avec la connivence de l’AMA, le CELAD aurait profité de cette brèche pour dissimuler certains cas de dopage.
«L’AMA dispose de documents prouvant des résultats positifs en matière de dopage sans sanction dans le sport espagnol. L’entité indépendante chargée de promouvoir, coordonner et surveiller ces pratiques sportives interdites a permis à l’Espagne de ne pas sanctionner les athlètes qui ne respectaient pas la réglementation antidopage», affirme Revelo. Dans un dossier qui pourrait retourner la scène sportive internationale.