Pourquoi «Alan Wake 2» n’est pas un jeu comme les autres

Publié

Jeu vidéoSortie: pourquoi «Alan Wake 2» n’est pas un jeu comme les autres

La suite d’un jeu devenu culte conçu par le studio finlandais Remedy revient de loin. Il est désormais un élément d’un univers étendu à nul autre comparable.

Jean-Charles Canet
par
Jean-Charles Canet

dr

Grosse sortie de cette fin de semaine, «Alan Wake 2» débarque vendredi sur Windows (via l’Epic Games Store) sur PS5 et sur Xbox Series. En version numérique uniquement, il n’y a pas de version physique à ce stade. Ce jeu ambitieux fait directement suite à «Alan Wake» premier du nom, sorti en 2010 exclusivement sur Xbox 360, puis distribué en version remastérisée sur toutes les plateformes existantes (dont la Switch) en 2021. Ayant pu récupérer le contrôle de sa licence, Remedy, le studio finlandais derrière l’univers, est désormais le seul timonier de la destinée de son héros de jeu vidéo devenu culte avec les années mais ayant connu des débuts difficiles.

On se souvient avoir rencontré quelques responsables de l’équipe derrière le premier «Alan Wake» dans un salon quelques années avant l’accouchement. Les créateurs de la franchise planchaient sur un moteur graphique révolutionnaire pour l’époque. «Alan Wake» ne semblait pas encore fixé sur son gameplay. Ses géniteurs semblaient vouloir proposer un monde totalement ouvert, un des premiers de cette ambition, avec notamment une gestion de passage du jour à la nuit bluffante. Quelques longs mois plus tard, «Alan Wake» est sorti. Le jeu a reçu un accueil plutôt favorable même si une trame narrative très construite, plus classique, semblait avoir conduit à la mise en sourdine de l’aspect monde ouvert.

Célèbre et torturé

Alan Wake, un écrivain de romans d’épouvante célèbre et torturé, est en panne d’inspiration. Il croit pouvoir sauver son mariage en se rendant avec sa douce à Bright Falls, ville portuaire et touristique nord américaine (c’est humide, c’est boisé, bref ce n’est pas la Floride). Dans un bar glauque, il se voit confier les clés de sa location par une inquiétante dame en noir. Leur lieu de séjour, une maison située sur une île au bord d’un lac volcanique, n’engage pas à la sérénité. Après une dispute qu’il regrette très vite, Alan voit sa femme disparaître dans les profondeurs du lac emporté par une sorte de créature. Il plonge, perd conscience et se réveille au bord d’une route dans sa voiture accidentée.

Plus rien ne sera comme avant. Alan Wake affronte des créatures, sorte de spectres agressifs des habitants de la région, qu’il faut affaiblir avec une lampe torche avant de pouvoir les terrasser en leur tirant dessus. Les piles et les munitions sont comptées, il ne faut pas gâcher. Il découvre aussi des pages manuscrites de son nouveau roman (qu’il n’a pas encore écrit, croit-il) et qui semble donner vie à ce qu’il est en train de vivre dans cette dimension. Quand il rentre dans une habitation, une série fantastique passe à la télévision. Un autre récit se construit. La santé mentale de notre héros n’est de loin pas au beau fixe.

Réalité ou fiction?

Original, complètement barré, à la croisée des chemins, «Alan Wake» est à la fois un vrai jeu doté d’un gameplay pas le plus aisé du monde et un récit cérébral dans lequel un ersatz de Stephen King ne parvient plus à distinguer la réalité de la fiction.

Voilà pourquoi «Alan Wake 2», sa suite ne peut pas être un jeu vidéo comme les autres. D’autant plus que Remedy a déjà ressuscité le personnage en catimini. On le retrouve dans une des extensions de «Control» (2019), un autre jeu vidéo Remedy complètement barré dans laquelle une agence secrète est la proie d’une entité surnaturelle capable de prendre le contrôle des employés. Dans l’épisode nommé «Awe», qui peut signifier autant admiration que stupeur, Jesse, l’héroine du jeu, rencontre Alan Wake ou plutôt sa vision spectrale. Pour beaucoup, la réintroduction du personnage révélait que non seulement le studio semblait vouloir placer tous ses jeux dans un même univers étendu mais aussi qu’il travaillait sur une suite dix ans après l’original. C’était bien le cas.

Un défi de taille pour Remedy

Nous revoilà donc un gamepad entre les mains avec plus de questions que de réponses mais très favorablement intrigués. Deux questions taraudent néanmoins: le gameplay d’«Alan Wake 2» a-t-il évolué de manière satisfaisante? Et surtout le studio a-t-il trouvé un moyen élégant de raconter où en sont aujourd’hui l’écrivain torturé et ses proches? Rendre ça digeste dès l’introduction de ce nouveau chapitre ne sera pas chose aisée. Mais Remedy a du talent. Il pourrait réussir cette mission impossible.

Ton opinion

0 commentaires