ONUCandidature de la Suisse au Conseil de sécurité: la salve de l’UDC échoue
Le parti, qui avait demandé une session extraordinaire, a bombardé Ignazio Cassis de questions sur la neutralité mais n’a pas réussi à convaincre la Chambre du peuple.
- par
- Christine Talos
Sans surprise, le National a décidé de maintenir jeudi la candidature de la Suisse au Conseil de sécurité de l’ONU comme prévu. La Chambre du peuple a refusé par 125 voix contre 56 et 8 abstentions de la retirer, comme l’exigeait une motion de l’UDC qui avait demandé une session extraordinaire pour en débattre.
Et pourtant, l’UDC, qui n’a eu droit à son grand dam qu’à un débat de moindre importance mercredi, n’a pas ménagé ses efforts pour tenter de renverser la vapeur. Le parti, seul à s’exprimer à la tribune, a littéralement bombardé de questions le président de la Confédération Ignazio Cassis. Un bon tiers du groupe a pris la parole pour l’interroger sur les risques que représentait cette candidature pour la neutralité helvétique et la sécurité de la Suisse, avec en toile de fond des critiques virulentes sur les sanctions prises par Berne contre la Russie.
Conception stricte de la neutralité réclamée
«La neutralité, c’est exigeant. Elle implique de rester en retrait de tout conflit armé ou économique et il faut du courage pour ne pas se laisser entraîner par ses émotions», a critiqué Roger Köppel (UDC/ZH). Et de citer l’Ukraine: «Quand il y a des guerres, il est important d’avoir des îlots de paix pour dialoguer, et c’est ce que la Suisse doit être, tout en offrant ses bons offices», a-t-il estimé. Avant de réclamer: «La Suisse doit revenir à une conception stricte de la neutralité!»
D’autres orateurs ont rappelé que le Conseil fédéral avait indiqué en 1981 que les mesures militaires pouvant être ordonnées par le Conseil de sécurité de l’ONU étaient incompatibles avec la neutralité suisse. «Or la Charte de l’ONU n’a pas changé. C’est le Conseil fédéral qui a donc changé son interprétation», ont-ils critiqué.
Un engagement pour la paix plus nécessaire que jamais
Face à cette salve de reproches, Ignazio Cassis a rappelé qu’un engagement pour la paix et la sécurité était plus que jamais nécessaire aujourd’hui. «Notre participation au Conseil de sécurité est dans l’intérêt de la Suisse et du monde, car notre pays, voué aux compromis et à l’écoute des minorités, a beaucoup de compétences à proposer en la matière», a-t-il déclaré. Il rappelle que la population s’est prononcée en faveur d’une adhésion à l’ONU en 2002 et que rien n’interdisait dans ce vote que notre pays ne puisse pas adhérer à un organe des Nations Unies. Le processus a toujours été démocratique, d’autant que l’adhésion au Conseil de sécurité a été soumise plusieurs fois au Parlement, a-t-il estimé.
Quant à la neutralité, elle n’est pas remise en question, a affirmé le Tessinois. «C’est notre ADN, et ce statut neutre est respecté à l’ONU. C’est même un atout pour nous», a-t-il relevé en soulignant que d’autres pays neutres avaient siégé sans souci. En outre, les absents ont toujours tort, a rappelé le chef du DFAE qui estime que la Suisse doit être là où elle peut avoir de l’influence. «Cela permet de nous faire entendre», a-t-il souligné en insistant sur le fait que la Suisse serait un membre crédible en accord avec ses valeurs et ses traditions humanitaires.
Une adhésion sans doute validée en juin
Pour rappel, la Suisse veut accéder au Conseil de sécurité de l’ONU. Elle a décidé en janvier 2011 déjà de déposer sa candidature. Avec Malte, elle brigue un des deux sièges dévolus à l’Europe occidentale en tant que membre non permanent pour la période 2023-2024. La décision d’attribuer à notre pays un des dix sièges non permanents du Conseil sera prise le 9 juin à New York. Si elle est favorable, ce serait une première pour notre pays.