FrancePatrick Poivre d’Arvor accusé de viol: huit nouveaux témoignages
«Libération» a donné la parole à huit femmes pour raconter à leur tour les agissements présumés de l’ex-présentateur de TF1. Des récits qui glacent le sang.
- par
- F.D.A.
Le 25 juin dernier, l’enquête pour viols visant Patrick Poivre d’Arvor a été classée sans suite. En tout, vingt-trois femmes avaient témoigné et huit plaintes avaient été déposées (dont trois pour viol). Le parquet de Nanterre a finalement jugé qu’il manquait d’éléments pour constituer l’infraction.
De son côté, l’ancien présentateur vedette du journal télévisé de TF1 avait «soit contesté l’existence des faits dénoncés par ces vingt-trois femmes, soit en a reconnu la matérialité tout en niant toute contrainte», avait précisé la procureure Catherine Denis dans un communiqué transmis à l’AFP.
Cette affaire pourrait prendre un nouveau tournant après le recueil de témoignages établi par «Libération», ce lundi 8 novembre. Huit femmes, dont sept à visage découvert, ont décidé de raconter les histoires survenues avec l’ex-compagnon de Claire Chazal, dont les faits relèveraient du viol, de l’agression sexuelle ou du harcèlement.
Toutes ont en effet décidé de prendre la parole pour dénoncer le comportement abusif de Patrick Poivre d'Arvor, un homme avec lequel elles ont été amenées à collaborer sur une période allant de 1993 à 2008. Dans l’article, il est accusé d’«abus de pouvoir et de sentiment de toute-puissance, d’écrasement des plus faibles et silence complice». Les présumées victimes parlent également des conséquences néfastes sur leurs vies professionnelles et privées. L’une d’elles, Cécile Delarue, explique parfaitement l’ambiance anxieuse qui règne à la rédaction. Elle évite de prendre l’ascenseur et ne va plus aux séances de rédaction. «De temps en temps, un prénom féminin résonne via un système de haut-parleur. L’élue est appelée dans le bureau de PPDA. Et toute la rédaction de bruisser sur ce qu’il va lui arriver. Tout le monde est au courant et personne n’a conscience de rien. On sait et on ne sait pas.»
«Il m’oblige à me baisser et enfonce son sexe dans ma bouche»
La journaliste de 51 ans Stéphanie Khayat aurait été l’une des victimes et raconte son expérience: «Je ne l’entends pas s’approcher. Il me retourne brusquement face à lui, m’oblige à me baisser et enfonce son sexe dans ma bouche. Je ne suis pas là depuis dix minutes. Ça a été brusque, soudain, rapide. Je pesais 30 kilos, j’étais anorexique, il était impossible de ne pas le voir. On n’impose pas une fellation à qui que ce soit mais mettre de force quelque chose dans la bouche d’une anorexique, lui faire avaler du sperme, c’est encore plus violent que violent.»
Il ne s’agit pas du seul témoignage aux détails glaçant. En effet, celui de Chloé, 46 ans, est tout aussi terrible: «Vous vous souvenez la toute première fois, quand vous êtes entrée derrière moi, pour me montrer une infographie? Vous avez collé vos seins à mon dos», aurait-il dit. «J’ai bredouillé: «Non, je ne m’en souviens pas.» Il s’est soudain levé très vite, a fait le tour de son bureau et m’a renversée dessus tandis que j’étais sidérée. En une poignée de secondes, sa langue était dans ma bouche, une de ses mains dans mon soutien-gorge, les doigts de l’autre dans mon sexe. La porte était ouverte. Dans les bureaux tout à côté, il y avait ses deux secrétaires et la rédactrice en chef.»
PPDA a réagi aux témoignages
Contacté par «Libération», le concerné s’est contenté d’une réponse écrite, dans laquelle il a souligné que l’enquête préliminaire avait «donné lieu à une décision de justice qui m’a été favorable» et a qualifié de «regrettable, inquiétante et dangereuse» cette parution, synonyme de «tentative de contournement médiatique d’une décision d’ordre judiciaire».