CFFLe dernier voyage en train du contrôleur mythique
Célébré pour sa bonhomie naturelle et son accent neuchâtelois, le chef de train Jean-Claude von Rotz prend sa retraite.
- par
- Vincent Donzé
Le train en provenance de Zurich est arrivé jeudi à Bienne à 12 h 23, sur voie numéro 5 sortie à droite dans le sens de la marche. Il est reparti avec trois minutes de retard, le temps de faire la fête au contrôleur le plus mythique des CFF, Jean-Claude von Rotz, parti à la retraite à 63 ans, après 45 ans de service.
«Arrivederci Roma», ont été ses dernières paroles au micro d’un InterCity baptisé Albert Einstein. Un adieu prononcé depuis le wagon-restaurant avec un téléphone de service. «J’ai laissé ma prestation de chef train à un collègue», confie Jean-Claude von Rotz, avant sa descente du train à Bienne.
Avec son parler neuchâtelois bien appuyé, le chef de train n’a pas seulement ravi les voyageurs: il est même entré à l’Université de Neuchâtel, par le Centre de Dialectologie qui a disséqué une annonce ferroviaire de Jean-Claude dans le cadre d’un cours intitulé «Variations sociolinguistiques en francophonie».
Depuis que lematin.ch a publié une vidéo de Jean-Claude von Rotz, sa notoriété n’a fait qu’amplifier. Si Jean-Claude von Rotz en rajoute une couche, c’est pour égayer les voyageurs sur les grandes lignes. «Prochain arrêt: Bienne, le train continue pour Lôôzanne avec arrêt à Neuuuuchââtel, restez en santé jusqu’à la prochaine!»
Pas humoriste
«Je ne suis pas un humoriste mais j’ai toujours aimé barjaquer dans le micro», nous confiait-il. Jean-Claude est un adepte de la pensée positive. Dans son dernier train, une bouteille de champagne Mauler à la main, Jean-Claude a serré des mains, collé des bises et reçu des cadeaux, comme celui Kerem, un tableau où figurent les noms de tous les ICN.
Certains voyageurs comme Kerem ou Anthony ont rallié Soleure pour faire un dernier bout de voyage avec leur contrôleur préféré. Sur le quai 5, à Bienne, son amie Stéphanie tenait une signalisation marquée «Bonne retraite Jean-Claude».
Adelina, son apprentie
Sa collègue Adelina l’a accompagné dans le train 1518, elle qui était son apprentie pendant trois mois, avec aussi Michel, Aschi et Bruno. À son jeune collègue Nicolas, Jean-Claude von Rotz a rappelé un souvenir: «Tu as toujours aimé voyager avec moi parce qu’en cas de perturbation, on est remercié au lieu de se faire engueuler».
Certains voyageurs lui ont quémandé un autographe! C’est arrivé avec trois copains au départ de Bâle, qui lui ont demandé de signer leurs billets. Ses collègues invités ce jeudi au restaurant Brésil disent de lui qu’il était une mascotte. «C’était grandiose!» dit-il en évoquant sa fête d’adieu.
En évoquant ses débuts, Jean-Claude se définit volontiers comme le «poinçonneur des Lilas», celui de Serge Gainsbourg qui fait «des trous, des petits trous, encore des petits trous» dans des tickets. Le prochain défi de ce numismate sera sans parole: apprendre la langue des signes…