Tragédie à Savigny (VD)Mineurs dans un SUV: «Ils ont pris la fuite et laissé leur copain»
Le 3 février, cinq garçons de 15 ans, à bord d’un 4x4, ont fait une embardée fatale. Un jeune Lausannois y a laissé la vie. Arrivée sur place juste après l’accident, une témoin raconte.
![Evelyne Emeri](https://media.lematin.ch/4/image/2023/10/26/c3c9a11b-7dc8-4487-adea-937803c6103e.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=crop&w=400&h=400&rect=0%2C0%2C1776%2C1799&fp-x=0.5&fp-y=0.500277932184547&crop=focalpoint&s=41455c522f4857632201eb1762794cca)
![Vendredi 3 février 2023, vers 18h15 à Savigny (VD): cinq garçons – de Lausanne, Epalinges et Pully – soustraient un SUV aux parents du conducteur. En redescendant la route du Château, ce dernier perd la maîtrise. Après plusieurs tonneaux, le véhicule s’immobilise en bas du talus à gauche. Vendredi 3 février 2023, vers 18h15 à Savigny (VD): cinq garçons – de Lausanne, Epalinges et Pully – soustraient un SUV aux parents du conducteur. En redescendant la route du Château, ce dernier perd la maîtrise. Après plusieurs tonneaux, le véhicule s’immobilise en bas du talus à gauche.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/d416a357-ce75-4196-aa8f-1dadf91182ca.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2016%2C1512&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=d4caadc1d178a1f2bf3c015c7d303544)
Vendredi 3 février 2023, vers 18h15 à Savigny (VD): cinq garçons – de Lausanne, Epalinges et Pully – soustraient un SUV aux parents du conducteur. En redescendant la route du Château, ce dernier perd la maîtrise. Après plusieurs tonneaux, le véhicule s’immobilise en bas du talus à gauche.
lematin.ch/Evelyne Emeri«Ils étaient en train de tirer la quatrième personne dehors du véhicule lorsque je suis arrivée. Ça venait de se passer. La voiture était sur le toit. J’ai tout suite eu l’impression qu’ils avaient voulu s’amuser. Deux garçons sont montés vers moi (ndlr. depuis le talus où se trouvait le 4x4 accidenté). Ils m’ont dit: «Ne vous inquiétez pas, on a déjà appelé la police.» Celle qui se confie au matin.ch n’est autre que la conductrice arrivée sur les lieux de la tragédie la première. Elle tient à témoigner en mémoire du jeune Lausannois qui a perdu la vie et pour détailler ce qu’il s’est vraiment passé ce vendredi noir 3 février vers 18h15 à Savigny (VD). Elle n’a vu que quatre mineurs et s’interroge sur la présence d’un cinquième occupant.
«Il criait, il hurlait»
«Ils sont parvenus à l’extraire. Je ne peux pas dire s’il était devant ou derrière. Il (ndlr. la victime) était debout. Les autres m’ont dit que je pouvais partir. Je leur ai proposé de l’eau. Je me trouvais toujours sur la route, je n’étais pas encore descendue dans le talus. En fait, c’est le troisième qui a fini par le sortir de l’habitacle. Le malheureux tournait sur lui-même, il était confus, il criait, il hurlait, il marchait en cercle. «Vous pouvez y aller. Tout va bien», m’ont-ils répété avec un grand sourire. Ils n’avaient rien, ils allaient bien. Pour moi, ils avaient clairement fait une bêtise, mais l’urgence n’était pas celle-là», poursuit notre interlocutrice.
![Le SUV a fini sur le toit au bas de ce talus après avoir effectué plusieurs tonneaux. Le SUV a fini sur le toit au bas de ce talus après avoir effectué plusieurs tonneaux.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/14c717f5-1544-4951-b6dd-546e4ca27d6a.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2016%2C1512&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=1b6863a89d3e78e08636b625181c226d)
Le SUV a fini sur le toit au bas de ce talus après avoir effectué plusieurs tonneaux.
lematin.ch/Evelyne Emeri«Personne n’était attaché»
«La priorité, c’était d’aider cette personne et j’ai téléphoné à la police. À ce moment-là, deux garçons ont filé vers la forêt après m’avoir avoué que personne n’était attaché. Le troisième m’a alors dit: «Il vomit du sang, appelez une ambulance.» Lui aussi a filé et a abandonné le quatrième qui gisait alors par terre. Ils ont pris la fuite et laissé leur copain, relate notre témoin interloquée, Je lui ai demandé s’il m’entendait, il ne bougeait pas. J’ai couru à ma voiture prendre ma doudoune et je suis descendue. J’ai mis ma veste sur lui. J’ai pris sa main. J’ai essayé de trouver un pouls. Je lui parlais, en attendant la police et les secours. Il ne répondait pas. Je ne sais pas s’il respirait toujours. Une autre voiture s’est arrêtée, un Monsieur et sa fille. J’avais besoin d’aide. En même temps, on n’a pas trop osé le toucher ou le déplacer de peur d’aggraver les choses.»
Interpellés à l’arrêt de bus
«Je lui caressais la tête doucement, je lui disais de rester avec moi. On entendait les sirènes au loin mais ils ne nous trouvaient pas. La police est arrivée. Les agents l’ont tourné sur le dos, ils lui ont fait un massage cardiaque avec la machine. Il faisait nuit. L’ambulance est enfin arrivée, ça m’a paru long. Les secouristes ont essayé de le réanimer, très longtemps», décrit l’habitante de la commune. Les trois fuyards ont été rapidement interpellés. «Très vite, la police m’a montré une photo d’eux à l’arrêt de bus de Vers-chez-les-Blanc (ndlr. entre Epalinges et Savigny). J’ai pu leur confirmer que c’était bien eux. Les policiers m’ont dit qu’ils étaient avec eux. Après, j’ai vu qu’ils cherchaient avec des chiens. Personnellement, je n’ai jamais vu le cinquième garçon. Il est possible qu’il soit parti tout de suite», conclut notre témoin qui pense aux proches du jeune décédé, mais également aux familles des rescapés.