EconomieSuisse milite pour une nouvelle centrale nucléaire

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ÉnergieEconomieSuisse milite pour une nouvelle centrale nucléaire

Une étude de l’EPFZ mandatée par EconomieSuisse montre qu’une nouvelle centrale et le prolongement de celles qui existent renforceraient la sécurité d’approvisionnement. Irréaliste, selon le Vaudois Roger Nordmann.

Christine Talos
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Christine Talos
Après la fermeture de Mühleberg (BE) en 2019, quatre réacteurs sont encore en activité chez nous. Leur durée de vie n’est pas limitée. Elles peuvent fonctionner aussi longtemps qu’elles sont sûres.

Après la fermeture de Mühleberg (BE) en 2019, quatre réacteurs sont encore en activité chez nous. Leur durée de vie n’est pas limitée. Elles peuvent fonctionner aussi longtemps qu’elles sont sûres.

20min/Marco Zangger

Pourrons-nous nous passer complètement du nucléaire? Telle est la question qui a été posée à l’Energy Science Center de l’EPFZ, sur mandat de la faîtière de l’économie, EconomieSuisse. Non, selon l’étude qui montre que pour répondre aux besoins énergétiques de la Suisse, il faut non seulement miser sur le renouvelable, mais aussi sur l’atome en prolongeant la vie des centrales existantes et en construisant une nouvelle dès 2040.

Les chercheurs de l’EPFZ saluent le développement massif photovoltaïque sur les toits. Mais il ne permet pas à lui seul de garantir la sécurité d’approvisionnement, ont-ils calculé. Il faut donc soit du nucléaire, «soit un développement équivalent des installations éoliennes et solaires alpines». «Il ne sera pas possible de renoncer à la fois aux centrales nucléaires et à d’autres grandes installations renouvelables», prévient le communiqué d’EconomieSuisse sans mentionner le rejet valaisan, dimanche, d’un décret sur les parcs solaires alpins.

Grosses économies potentielles

Les chercheurs de l’EPFZ craignent surtout la pénurie d’électricité en hiver. La Suisse pourrait être obligée d’importer jusqu’à 10 TWh d’électricité durant la saison froide, soit trois fois la consommation annuelle de la ville de Zurich. Prolonger la durée d’exploitation des centrales nucléaires serait donc judicieux «pour renforcer la sécurité d’approvisionnement et ouvrir des perspectives économiques».

Pas question, selon le conseiller national vaudois Roger Nordmann qui a publié cet été le livre «Urgence énergie et climat». «Rallonger inconsidérément la durée de vie du nucléaire comporterait un risque de fiabilité», écrit-il en rappelant l’âge moyen avancé (45 ans) des centrales en Suisse et leurs défaillances - en 2016/2017 et 2021/2022 - qui ont obligé le pays à importer de manière «périlleuse» de grosses quantités d’énergie en hiver.

Nucléaire irréaliste, selon Roger Nordmann

Mais selon l’étude, si on rallongeait la durée de vie de Beznau I et II de 60 à 65 ans et celles de Gösgen et Leibstadt de 50 à 80 ans, la facture d’électricité diminuerait de 11 milliards de francs à 2050, selon l’étude. Et si on construisait une nouvelle centrale dès 2040, les coûts baisseraient de 12 milliards. Toutefois, des incertitudes entourent les coûts d’investissement et le financement du nucléaire, tempère-t-elle quand même.

La construction de nouvelles centrales est irréaliste, balaie Roger Nordmann. Et ceci «indépendamment de la question non résolue des déchets, du risque d’accident et de la dépendance à l’uranium». Car cette énergie arriverait beaucoup trop tard, selon lui. Avec toutes les procédures, la planification et la construction, le premier kWh nucléaire serait livré au mieux en 2063, a-t-il calculé.

Solaire et éolien

Le Vaudois défend plutôt le développement massif des panneaux solaires et de l’éolien ainsi que la fabrication de gaz synthétique disponible toute l’année. Il propose aussi de rehausser et de créer de nouveaux barrages. Et il milite bien sûr pour l’initiative du PS et des Verts «Pour un Fonds pour le climat» de manière à ce que «l’usage de l’énergie propre soit meilleur marché que celui de l’énergie sale».

Pour rappel, la question du nucléaire fait de plus en plus débat en Suisse, même si le peuple a décidé en 2017 d’interdire la construction de nouvelles centrales. D’autant que l’UE a classé le nucléaire comme «énergie verte» favorable au climat.

Une initiative pro-atome à bout touchant

Le Club Energie Suisse, association à l’origine de l’initiative «Stop au black-out», aurait recueilli plus de 100’000 signatures, ont annoncé lundi les journaux 24 Heures et Tribune de Genève. L’initiative veut que des mesures soient prises pour garantir en tout temps l’approvisionnement en électricité de la Suisse tout en n’augmentant pas notre dépendance vis-à-vis de l’étranger. Le texte spécifie qu’aucune interdiction de technologie ou d’autorisation ne doit être délivrée.

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