ParlementLe lobbyisme profite d’abord aux hommes de droite
L’analyse des liens d’intérêts des parlementaires à Berne fait apparaître un déséquilibre droite-gauche et homme-femme par rapport aux mandats rémunérés. Hélas, on ne connaît pas les montants.
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C’est le secteur de l’énergie qui rétribue le plus souvent les parlementaires dans leurs activités.
lematin.chPour la première fois, la plateforme Lobbywatch, qui se bat pour la transparence dans la politique suisse, a la possibilité de documenter tous les liens d’intérêts des parlementaires qui siègent aux Chambres fédérales à Berne et ce depuis le début de la législature. Depuis 2019, les membres du Conseil national et du Conseil des États sont tenus d’indiquer les liens d’intérêts rémunérés et ceux exercés à titre bénévole. Par contre, ils ne sont toujours pas obligés de dire combien ils touchent.
L’UDC champion de mandats rémunérés
Lobbywatch a ainsi pu établir qu’un bon tiers (37%) des activités extraparlementaires des élues et des élus sont payés par des entreprises (surtout) ou des associations (un peu). Comme on pouvait s’en douter, les parlementaires bourgeois ont nettement plus de mandats de lobbying rémunérés que ceux de gauche. Les champions sont du côté de l’UDC avec 47% des mandats rémunérés, suivent le Centre avec 46, % et le PLR avec 38%. Puis, avec 33%, les Vert’libéraux sont à mi-classement. Enfin, le PS et les Vert.e.s n’ont que 25% et 23% de mandats lucratifs.
C’est l’énergie qui paie le plus souvent
Par branche, ce sont les entreprises et les associations du secteur de l’énergie, qui rémunèrent le plus souvent les membres des conseils, soit dans 60% des cas. Dans l’économie et l’agriculture cela se pratique dans 56% des mandats, dans les transports 46% et dans la santé 45%. Les secteurs les moins fréquemment rémunérés sont ceux de l’environnement 18% et de la culture (8%).
La culture et le social pour les femmes
Les données de Lobbywatch montrent aussi que les hommes profitent bien plus des mandats extérieurs rémunérés que les femmes: «Seuls 29% de tous les mandats rémunérés au Conseil national et au Conseil des États sont exercés par des femmes, note la plateforme, alors que la proportion de femmes au Parlement est de 39%». À deux exceptions près, les femmes sont plus souvent rémunérées dans les branches liées à la culture et à la sécurité sociale.
Il manque les montants
Connaître la proportion de mandats rémunérés c’est une chose, mais cela ne va pas assez loin. Pour Lobbywatch: «Comme il n’est pas possible de se prononcer sur les montants effectivement versés en raison de l’absence de prescriptions en matière de transparence, ce déséquilibre financier ne peut pas être chiffré. C’est une lacune évidente des Chambres fédérales par rapport aux parlements étrangers, où de tels chiffres doivent être publiés», conclut Lobbywatch.