FootballPour les anciens, Servette possède l’étoffe d’un champion
Et si 2024 était l’année des «grenat»? Au moment où YB semble fléchir, le club de la Praille monte en puissance. Johann Lonfat et Carlos Varela évoquent les (nouvelles) ambitions genevoises.
- par
- Nicolas Jacquier
Et si 2024 était l’année du Servette FC? Après sa très convaincante victoire à Saint-Gall mercredi soir (2-0), la question se pose avec d’autant plus d’acuité. Le club «grenat» pointe certes à six points d’YB mais ce qu’il propose depuis la reprise, au moment même où le leader bernois semble avoir perdu de sa superbe, les autorise au moins à rêver.
Un quart de siècle après le dernier titre de champion décroché par le Servette de Gérard Castella, celui de René Weiler peut-il créer la surprise au soir du 25 mai, coïncidant avec la dernière journée du tour final? Johann Lonfat, qui figurait dans l’équipe couronnée en 1999, n’est pas loin de le penser. «Servette aurait tort de ne pas croire au titre, estime l’ancien milieu de terrain des Charmilles. Ca peut clairement être son année. Ses joueurs ont en tout cas un beau coup à jouer dès l’instant où Saint-Gall s’essoufle et que Zurich m’apparaît en surrégime.»
La montée en puissance du club de la Praille intervient au moment même où la force de frappe bernoise semble s’estomper. «On sent qu’YB n’est plus si serein que ça, reprend l’actuel consultant de blue Sport. La situation de Raphaël Wicky, dont le contrat n’a pas été renouvelé, peut aussi provoquer des tensions. Ce qui est certain, c’est que les Bernois n’écrasent plus le championnat de leur domination. Depuis le coup d’envoi de la saison, ils ne déroulent plus comme par le passé, encaissant même pas mal de buts.»
Guillemenot libéré?
Contrairement aux craintes que l’on pouvait nourrir et alors même que l’arrivée d’un attaquant est imminente, Servette a jusque-là réussi à compenser la récente perte du meilleur buteur de Super League. «Le départ de Bedia a pu libérer certains joueurs comme Guillemenot, reprend Lonfat. Je compte d’ailleurs beaucoup sur son éclosion.»
Avec Eric Pédat, Patrick Müller, Jean-Philippe Karlen, Lionel Pizzinat, Martin Petrov ou encore Edwin Vurens, Carlos Varela (prêté à Bâle à l’entre-saison) avait aussi appartenu à la génération «grenat» qui avait ramené le dernier titre en Suisse Romande, et plus particulièrement à Genève, un soir de triomphe à la Pontaise (5-2 contre Lausanne le 2 juin 1999 dans le match du sacre).
Vingt-cinq ans plus tard, pense-t-il lui aussi que Servette possède l’étoffe d’un futur champion? «Ils ont tout pour l’être, répond-il du tac au tac. Servette possède même un coup d’avance sur YB, qui doit pas mal bricoler ses temps-ci. L’équipe est pleinement arrivée à maturité. La perte de Bedia montre que Servette ne dépend pas d’une seule personne. Dans le jeu, les Genevois affichent surtout des certitudes que personne d’autre ne possède, pas même les joueurs d’YB.»
Servette raflera-t-il le titre avec René Weiler, ce coach qu’il aurait fallu virer après seulement quelques matches à en croire ses détracteurs de l’époque. «Alors qu’il était en train de casser l’héritage de Geiger, reprend Varela, Weiler a eu l’intelligence d’écouter l’équipe et d’instaurer un dialogue avec les joueurs. Dans la foulée, on avait aussitôt retrouvé un meilleur équilibre sur le terrain.»
Un rôle de chasseur
Alors que Servette, à l’instar des Bernois, demeure engagé sur tous les tableaux, la seule réserve émise par notre interlocuteur vient d’un banc moins fourni qu’au Wankdorf. «Sur la profondeur de banc, YB possède un plus indéniable.»
Le changement de formule (avec un sprint final disputé en cinq matches supplémentaires après 33 journées) pourrait cependant servir les intérêts du club du bout du lac. «Servette n’a aucun pression, cela peut représenter un avantage, estime le consultant de blu Sport. Au fond d’eux-mêmes, ses joueurs veulent aller au bout. Se retrouver dans le rôle du chasseur leur va bien.» Son collègue de plateau ne peut qu’acquiescer. «Quand on les écoute, conclut Lonfat, les Genevois ont l’air de se la jouer tranquille. Pourtant, je ne vois aucune équipe vraiment supérieur à Servette depuis la reprise…»
La recette d’un futur champion? Agendées le 25 février à Berne (16h30), les retrouvailles entre le champion sortant et son potentiel successeur livreront de précieux indices.