Hockey sur glaceDave Sutter: «La sensation de recevoir un coup de marteau»
Le défenseur fribourgeois a déjà raté trente matches de National League en raison d’une pubalgie persistante. Il se confie avant la partie entre Gottéron et Zurich de ce vendredi.
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Dave Sutter a déjà manqué 30 matches de National League, cette saison, en raison d’une pubalgie.
Martin Meienberger/freshfocusLes semaines passent, les matches de Fribourg-Gottéron défilent et toujours aucune trace du malheureux Dave Sutter. Sur le flanc depuis fin novembre, le robuste arrière des Dragons se voit contraint de prendre son mal en patience en raison d’une pubalgie. Cette même gêne qui l’avait déjà éloigné des patinoires plus tôt dans la saison.
À 31 ans, le Valaisan formé au HC Monthey connaît ainsi son exercice le plus compliqué sur le plan physique. Persistante, cette blessure a forcé l’international suisse aux origines camerounaises à s’exiler quelques semaines à Macolin. Elle l’a surtout privé d’exactement trente matches de National League. Un chiffre conséquent, qui pourrait prendre fin après la pause internationale.
Le défenseur, sous contrat avec le club fribourgeois jusqu’au terme du championnat 2024-2025, se livre avant le choc au sommet entre Gottéron (2e, 87 pts) et son ancien club, Zurich (1er, 92 pts), ce vendredi soir (19h45), à la BCF Arena.
Dave Sutter, vous êtes au repos forcé depuis le 25 novembre dernier et un match contre Rapperswil. Comment allez-vous?
Plutôt bien. Ma convalescence va dans le bon sens. Au niveau de l’état d’esprit, ça se passe bien car l’équipe gagne et j’ai le temps de me remettre en forme. C’est toutefois frustrant de ne pas pouvoir jouer. La saison commence à être longue, dans le sens où j’ai été longtemps à l’arrêt à cause de ma pubalgie. En ce sens, le hockey m’avait tellement manqué durant le mois d’octobre que j’avais essayé de revenir. Et j’avais malheureusement rechuté par la suite.
Concrètement, à quel stade de votre rééducation vous situez-vous aujourd’hui?
J’ai remis les patins, mais uniquement pour des sessions individuelles. Je suis un protocole que j’ai établi avec le médical staff. J’avance de cette manière jusqu’à ce qu’on me dise que c’est bon. L’objectif est de revenir après la pause internationale, mais sans aucune précipitation cette fois-ci.
«Je ne dirais pas que j’ai souffert le martyre à cause de cette blessure.»
Vous n’aviez pas été suffisamment patient, fin octobre, lors de votre premier retour?
Je me rappelle que j’avais encore mal, mais je m’étais dit que j’allais quand même essayer. À force de tirer dessus, j’avais vu que mon corps n’était pas assez solide. Cette fois, je me suis concentré sur les adducteurs. L’objectif a été de les renforcer afin qu’ils tiennent lorsque je les solliciterai à nouveau pleinement. En ce sens, je n’ai longtemps pas pu faire tous les exercices d’explosivité.
Concrètement, quels sont les symptômes de la pubalgie?
Je ne dirais pas que j’ai souffert le martyre à cause de cette blessure, mais il y a des mouvements qui me faisaient mal en raison d’inflammations diverses. Pour moi, ça a commencé au niveau des adducteurs, puis les douleurs sont montées au niveau du pubis et du bassin. J’avais d’ailleurs cette sensation de recevoir un coup de marteau au niveau du pubis. Tout est connecté, en fait. La complexité des pubalgies, c’est que tu ne connais pas les origines de cette blessure.
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Dave Sutter n’a pu jouer que treize matches de championnat, cette saison, avec FR Gottéron.
Pascal Muller/freshfocusAvez-vous modifié quelque chose dans votre quotidien afin de prévenir le risque de blessure?
J’ai désormais des semelles de compensation. J’ai aussi testé pas mal de nouvelles choses au niveau de ma routine d’entraînement, avec de nouveaux exercices de renforcement. J’ai mis un maximum d’éléments de mon côté afin de minimiser les risques. Il n’y a toutefois pas de recettes miracles pour soigner une pubalgie. Il y a d’ailleurs pas mal de frustration liée à cette blessure car tu te sens bien dans la vie de tous les jours, mais tu souffres lorsque tu fais du sport.
Vous dites avoir mis un maximum d’éléments de votre côté pour vous soigner. Votre séjour à Macolin, durant le mois de janvier, va dans ce sens?
On a discuté avec le staff médical et on s’est dit qu’être suivi par des gens au quotidien ne pourrait être que positif pour moi. Je suis entièrement resté à Macolin durant les deux premières semaines, puis j’ai fait les allers-retours lors de la troisième. Cette parenthèse, là-bas, m’a permis d’être entouré de personnes douées dans leur domaine et qui ont essayé de trouver des solutions pour moi. Mais aussi de prendre mes distances avec le hockey et de penser à autre chose sur le plan mental.
«J’ai désormais compris que, si je veux pouvoir rejouer à 100%, je ne peux plus me précipiter.»
La vie de groupe ne vous a-t-elle pas manqué à ce moment-là?
Oui, car je suis un gars qui aime l’ambiance d’équipe. J’aime bien taquiner mes coéquipiers dans le vestiaire. Mais quand tu es blessé, tu dois avoir une autre approche. Tu ne peux pas forcément être la même personne que lorsque tu joues, parce que les autres joueurs doivent se concentrer ou ont peut-être un autre état d’esprit que toi. Je savais toutefois que c’était juste une question de temps avant que je ne réintègre l’équipe. Là, c’est exactement la période que je vis. Ça fait à nouveau deux semaines que je suis nouveau avec l’équipe. Il est simplement question de reprendre les automatismes.
Vous avez manqué la bagatelle de trente rencontres à cause de votre pubalgie. Dans la tête, avez-vous souffert?
Je ne dirais pas que j’ai souffert mentalement. C’est une question d’état d’esprit. Au début, je n’avais pas réalisé que ma convalescence allait prendre autant de temps. Comme je n’ai jamais vraiment eu de grosses blessures durant ma carrière, j’ai pensé que ce serait une nouvelle fois le cas. J’ai désormais compris que, si je veux pouvoir rejouer à 100%, je ne peux plus me précipiter, comme la première fois.
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En parallèle à sa carrière avec les Dragons, Dave Sutter a travaillé durant 18 mois à la Chambre du commerce.
freshfocusComment avez-vous occupé vos journées durant cette longue pause forcée?
J’ai eu des semaines intenses, avec la physio le matin et l’entraînement l’après-midi. J’ai aussi profité de passer plus de temps avec ma famille et mes amis. J’ai aussi eu longtemps un job à côté du hockey, puisque j’ai travaillé durant un an et demi à la Chambre du commerce. J’ai désormais terminé, mais cette expérience a été bénéfique pour la tête et elle m’a permis de voir autre chose.
«Quand tu es sur la glace, il y a beaucoup de choses que tu perds de vue.»
À l’image de votre vision du hockey?
Oui, effectivement. Quand tu es sur la glace, il y a beaucoup de choses que tu perds de vue. Que ça soit l’engouement au niveau des spectateurs, les émotions que ce sport amène, mais aussi le style de jeu de ton équipe. Depuis les tribunes, tu as l’impression que ce n’est pas aussi rapide que lorsque tu joues. Tu vois toutes les options depuis en haut alors que, sur la glace, c’est vraiment l’instinct.
Enfin, comment voyez-vous la suite de la saison?
C’est comme pour tout: au début, il va falloir remettre les choses en place et reprendre les habitudes. Il faut que j’accepte que ce ne sera peut-être pas parfait, que je vais devoir travailler en ce sens et me montrer patient avec moi-même. Ce sera comme pour la reprise des entraînements en été. Au début, tu te dis que tu n’y arriveras jamais. Et puis, même si ça prend un peu de temps, ça finit par revenir. L’idéal, pour moi, serait d’avoir encore quelques matches de saison régulière afin de reprendre le rythme et les automatismes avant les play-off.