États-UnisAmazon poursuivi pour discrimination par l’État de New York
L’État de New York estime qu’Amazon discrimine des employées enceintes et des employés en situation de handicap dans ses entrepôts.
La gouverneure de l’État de New York, Kathy Hochul, a annoncé mercredi des poursuites contre Amazon pour discrimination à l’encontre d’employées enceintes et d’employés en situation de handicap.
La procédure judiciaire a été lancée par l’agence de l’État en charge du respect des droits civils (Division of Human Rights), qui accuse le géant de la vente en ligne de ne pas proposer de mesures adaptées pour ces salariés. Elle affirme que les chefs d’équipe ignorent fréquemment des recommandations faites par les «consultants en ajustements» d’Amazon, censés faciliter les aménagements sur le lieu de travail.
L’agence estime également que les employées enceintes et ceux en situation de handicap sont contraints de prendre des congés maladie sans solde alors même que des aménagements pourraient éviter de telles situations.
«Surprise» d’Amazon
La plainte cite l’exemple d’une employée enceinte contrainte par son supérieur hiérarchique de soulever des paquets de plus de 11 kilos et se blessant à la tâche, la poussant à arrêter de travailler «pendant une durée indéfinie» sans être payée. Dans un autre cas, un salarié qui devait suivre un rythme de sommeil spécifique, bénéficiant d’un avis médical à ce sujet, n’a pas été autorisé à échanger ses horaires de travail avec l’un de ses collègues.
Amazon, dans un message transmis à l’AFP, s’est dite «surprise» par l’annonce de Kathy Hochul dans la mesure où elle coopérait avec la personne chargée de l’enquête et qu’elle n’avait pas été prévenue du dépôt d’une plainte. L’entreprise affirme avoir mis en place de nombreux programmes pour s’assurer que chaque employé se sente «soutenu».
«Avec une main-d’œuvre de 1,6 million de personnes, nous n’y arrivons pas toujours, mais nous travaillons avec diligence pour offrir les meilleures solutions disponibles à chaque situation individuelle», a affirmé une porte-parole de la compagnie. «Mon administration tiendra tout employeur responsable, quel que soit sa taille, s’il ne traite pas ses salariés avec la dignité et le respect qu’ils méritent», a déclaré Kathy Hochul dans un communiqué.
34’000 «blessures sérieuses»
L’agence exige qu’Amazon réforme ses pratiques, forme ses employés au respect de la loi new-yorkaise et paie des indemnités à l’État, où le groupe fondé par Jeff Bezos emploie plus de 39’000 salariés et opère 23 sites. Les conditions de travail dans les entrepôts d’Amazon, où travaillent un tiers des employés du groupe, ont déjà fait l’objet de plaintes et de critiques dans le passé aux États-Unis et dans le reste du monde.
D’après un rapport du Strategic organizing center (SOC) publié en avril, les ouvriers des centres logistiques d’Amazon ont subi plus de 34’000 «blessures sérieuses» sur leur lieu de travail en 2021, soit un taux deux fois plus élevé que celui des entrepôts américains n’appartenant pas au groupe de Seattle (Washington).
C’est près de la moitié des accidents du travail recensés dans le pays sur ce type de sites. C’est aussi dans l’État de New York que le géant des ventes en ligne doit faire face à l’émergence d’un mouvement syndical, avec la création du premier syndicat au sein de l’entreprise aux États-Unis début avril dans un entrepôt du quartier new-yorkais de Staten Island.