Attentat de Nice: «Personne n’avait envisagé l’impensable», selon Estrosi

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Attentat de Nice«Personne n’avait envisagé l’impensable», selon Estrosi

Jeudi, Christian Estrosi, maire de Nice, a été auditionné dans le cadre du procès de l’attentat survenu le 14 juillet 2016.

Christian Estrosi n’était pas encore maire au moment de l’attentat de Nice.

Christian Estrosi n’était pas encore maire au moment de l’attentat de Nice.

AFP

«Aujourd’hui comme hier, rien n’empêcherait un camion fou aux mains d’un terroriste déterminé d’attaquer la foule»: au procès de l’attentat de Nice, le maire Christian Estrosi s’est défendu jeudi de toute défaillance de la sécurité le soir du drame.

L’objet du procès qui s’est ouvert le 5 septembre devant la Cour d’assises spéciale de Paris, est uniquement de juger huit personnes pour leur implication, à des degrés divers, dans l’attaque au camion-bélier qui a fait 86 morts et plus de 400 blessés, le soir du 14 juillet 2016.

Pourtant, la question du dispositif destiné à protéger la promenade des Anglais s’est imposée au fil des débats. À l’époque des faits, Christian Estrosi n’était pas maire de Nice, pour cause de cumul des mandats, mais premier adjoint de la Municipalité chargé de la sécurité.

«Aucune menace n’avait été identifiée»

Rappelant qu’il n’avait pas personnellement participé aux réunions de préparation de la soirée avec le préfet, il affirme que «personne n’avait envisagé» ce type d’attentat. «Aucune menace n’avait été identifiée» à Nice, insiste-t-il. «Cette attaque du 14 juillet marque le premier attentat de ce type sur le sol européen», souligne l’élu, costume et cravate sombre sur chemise blanche, des notes sur le pupitre devant lui.

Pour la déposition de Christian Estrosi, plusieurs dizaines de parties civiles, bien davantage que d’habitude, ont pris place dans la salle d’audience réservée aux «grands procès». Avant l’intervention du maire de Nice, le président de la cour, Laurent Raviot a tenu à rappeler que «ce procès n’est pas le procès des autorités ni de Christian Estrosi».

«Vous êtes cité comme témoin»

Quand le maire arrive à la barre, peu après 14 h 30, le président insiste: «Vous êtes cité comme témoin aujourd’hui, on n’est pas là pour rechercher une quelconque responsabilité de votre part dans les faits qui sont reprochés aux accusés»

Dans sa déposition, Christian Estrosi n’évite pas l’emphase. «La promenade des Anglais, pour le petit garçon né dans une famille modeste d’immigrés italiens (que j’étais), c’est, comme pour tout Niçois, «ma» promenade des Anglais. Je me revois, tenant la main de ma mère, du haut de mes 5 ans, regardant le général de Gaulle en 1960.»

«Intelligence artificielle»

Surtout, il défend bec et ongles la police municipale qu’il a créée en 2008 et le système de «vidéoprotection» composé de 1836 caméras de surveillance alors installées dans sa ville (il y en a près de 4000 aujourd’hui). La police municipale n’avait pas alors la possibilité de communiquer directement avec la police nationale, regrette-t-il.

Quant à la vidéosurveillance, il admet que «les passages du terroriste sur la promenade des Anglais avant l’attentat n’ont pu être interprétés comme des repérages qu’après l’attentat». «Ils ne pouvaient être détectés par l’œil humain, ajoute-t-il, il aurait fallu recourir à l’intelligence artificielle.» «Ce recours à l’intelligence artificielle nous est encore aujourd’hui interdit, déplore Christian Estrosi, je le réclame depuis de nombreuses années, bien avant l’attentat.»

«Il y a 100’000 véhicules par jour»

Mais, s’étonne le président Raviot, comment un camion de 19 tonnes a pu rouler à dix reprises sur la promenade des Anglais quatre jours avant l’attentat sans que la police ne le remarque? «Il y a 100’000 véhicules par jour sur la promenade des Anglais dans un sens et 80’000 dans l’autre (…) quand bien même il y aurait eu une infraction constatée, cela relève d’une amende de quatrième catégorie pour un montant de 90 euros», répond le témoin.

«L’attentat a été perpétré par un ignoble barbare. C’est lui qui a semé la haine et le chaos, et il a été aidé par des complices que la cour a à juger», résume le maire. «Ce sera à la cour de déterminer si Mohamed Lahouaiej-Bouhlel (le conducteur du camion) a bénéficié de complicités», le reprend le président.

Sur les huit accusés, trois seulement sont sous le coup de poursuites pour association de malfaiteurs terroriste. Aucun des huit accusés n’est poursuivi pour complicité.

(AFP)

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