MalaisieRetour sur le devant de la scène politique d’un ex-ministre de 97 ans
L’ancien Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad a déposé sa candidature samedi aux élections législatives anticipées. Il estime avoir «une bonne chance de l’emporter».
M. Mahathir, au Guinness des records pour avoir été «le plus vieux Premier ministre en fonction» lors de son élection en 2018 à un second mandat, sera à nouveau candidat le 19 novembre pour défendre son siège au Parlement, dans l’île de Langkawi.
Le réformiste, qui avait dirigé d’une main de fer la nation d’Asie du Sud-Est de 1981 à 2003, était sorti une première fois de sa retraite en 2018.
Visiblement en bonne santé bien qu’affaibli, le nonagénaire a été salué samedi par des dizaines de supporteurs brandissant des drapeaux de son parti, à son arrivée dans un bureau du gouvernement local à Kuah, la principale ville de l’île, où il a déposé sa candidature.
La Malaisie votera le 19 novembre, lors d’un scrutin initialement prévu en septembre 2023.
Le Premier ministre Ismail Sabri Yaakob avait subi d’importantes pressions de son parti, l’Organisation nationale unifiée malaise (Umno), pour dissoudre le Parlement et convoquer des élections anticipées, dans l’espoir de renforcer sa mainmise sur le pouvoir.
Des élections menacées par les inondations
Le Premier ministre en place ainsi que le leader de l’opposition Anwar Ibrahim de l’alliance Pakatan Harapan, ont également déposé leurs candidatures ailleurs dans le pays.
Dans sa circonscription de l’Etat de Perak, dans le nord de la Malaisie, M. Anwar a exhorté les électeurs à se rendre nombreux aux urnes malgré les craintes de pluies torrentielles et d’inondations pendant la saison des moussons.
Le gouvernement a été critiqué pour l’organisation du scrutin à cette période de l’année.
Mais cet autre vétéran de la politique malaisienne s’est déclaré à l’AFP «optimiste» de remporter la victoire.
La Malaisie connaît une instabilité politique récurrente depuis les élections de 2018. Elles avaient conduit au pouvoir M. Mahathir, aux dépens du parti Umno qui dirigeait le pays depuis plus de 60 ans.
Les électeurs avaient ainsi sanctionné le Premier ministre sortant Najib Razak, impliqué dans le détournement de plusieurs milliards de dollars du fonds souverain 1MDB. Celui-ci a commencé en août à purger une peine de 12 ans de prison pour un premier lot de condamnations dans cette vaste affaire de corruption.
Pari risqué pour le nonagénaire
Si le vieil homme devrait l’emporter facilement à Langkawi, il lui sera difficile de décrocher le poste de Premier ministre pour la 3e fois.
«Le temps de Mahathir est passé», explique à l’AFP Bridget Welsh, de l’université de Nottingham en Malaisie, «on lui avait donné une deuxième chance et il l’a gâchée. Ses chances cette fois-ci de devenir Premier ministre sont extrêmement minces».
Au moins quatre blocs – dont celui qu’il dirige – se disputent la majorité à la Chambre basse du Parlement, qui compte 222 sièges, ce qui rend la compétition très serrée.
Parmi les 21 millions d’électeurs, figurent plus de six millions de nouveaux inscrits, dont beaucoup de jeunes.