EspaceLa sonde Parker a touché le Soleil
Le Suisse Thomas Zurbuchen a annoncé avec fierté que pour la première fois de l’histoire, un vaisseau spatial avait pénétré dans la couronne interne de notre étoile.
- par
- Michel Pralong
«Je suis heureux d’annoncer aujourd’hui que pour la toute première fois, un vaisseau spatial a «touché» le Soleil», a écrit mardi le Suisse Thomas Zurbuchen, administrateur associé à la direction des missions scientifiques de la NASA. «Trois ans après son lancement, notre sonde solaire Parker a maintenant volé dans la couronne interne du Soleil, récoltant des échantillons des particules et des champs encore liés à l’atmosphère du Soleil».
Selon la NASA, «toucher la substance même du Soleil aidera les scientifiques à découvrir des informations essentielles sur notre étoile la plus proche et son influence sur le système solaire, tout comme l’atterrissage sur la Lune a permis aux scientifiques de comprendre comment elle s’est formée».
La frontière a été franchie
La sonde Parker a été lancée en 2018 et donc touché au but trois ans plus tard. Contrairement à la Terre, le Soleil n’a pas de surface solide. Son atmosphère surchauffée est constituée de matériaux liés à l’étoile par la gravité et les forces magnétiques. Alors que la chaleur et la pression croissantes éloignent ce matériau du Soleil, il atteint un point où la gravité et les champs magnétiques sont trop faibles pour le contenir. Connu sous le nom de surface critique d’Alfvén, ce point marque la fin de l’atmosphère solaire et le début du vent solaire. Le vent solaire entraîne le champ magnétique du Soleil avec lui alors qu’il traverse le système solaire, jusqu’à la Terre et au-delà.
Jusqu’à présent, les chercheurs ne savaient pas exactement où se trouvait la surface critique d’Alfvén. On estimait qu’elle se trouvait quelque part entre 10 et 20 rayons solaires de la surface du Soleil (6,9 à 13,8 millions de kilomètres). Le 28 avril 2021, lors de son huitième survol du Soleil, la sonde Parker a rencontré les conditions magnétiques et particulaires spécifiques à 18,8 rayons solaires (environ 13 millions de kilomètres) au-dessus de la surface solaire qui ont indiqué aux scientifiques qu’elle avait traversé la surface critique d’Alfvén pour la première fois et finalement pénétré dans l’atmosphère solaire. Il a fallu toutefois plus de six mois pour confirmer cela, comme le montre l’article paru dans «Physical Review Letters».
S’approcher à 6 millions de kilomètres
La sonde a une trajectoire en spirale qui la fait se rapprocher de plus en plus du soleil. Elle a atteint une vitesse de 550 000 km/h. Elle devrait aller jusqu’à 8,86 rayons solaires (6,1 millions de kilomètres) de la surface à son approche la plus proche. Le prochain périhélie en janvier 2022 traversera probablement l’atmosphère solaire, la couronne une fois de plus, ce qui devrait permettre d’échantillonner le Soleil lui-même.
C’est une double première pour cette sonde, puisque c’est en effet le premier vaisseau de la NASA à porter le nom d’un individu vivant, l’astrophysicien Eugene Parker, 94 ans. «J’ai choisi de plaider pour que ce vaisseau spatial porte le nom du Dr Parker en témoignage de l’importance de l’ensemble de son travail, écrit Thomas Zurbuchen sur son blog. En 1958, le Dr Parker, un habitant du Midwest humble mais quelque peu têtu, a publié un article partageant sa théorie selon laquelle de la matière et des champs magnétiques s’échappaient constamment et à vitesse supersonique du Soleil. Il a prédit que ce torrent, que l’on a appelé le vent solaire affectait toutes les planètes et l’espace de notre système solaire».
La sonde a déjà permis de nous en apprendre plus sur divers phénomènes, comme les lacets formés dans le vent solaire. Et elle n’a pas fini de nous étonner.