Suisse – «Au nom de Dieu Tout-Puissant» devrait rester dans la Constitution

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Suisse«Au nom de Dieu Tout-Puissant» devrait rester dans la Constitution

Une commission du Conseil national a voté en majorité contre la suppression de la mention du divin dans le préambule du texte fondateur des lois suisses.

La Constitution suisse est devenue un «best-seller» (même si gratuite) parmi les opposants aux mesures sanitaires.

La Constitution suisse est devenue un «best-seller» (même si gratuite) parmi les opposants aux mesures sanitaires. 

20min/Taddeo Cerletti

Il voulait biffer la première ligne de la Constitution suisse: fini «Au nom de Dieu Tout-Puissant». Il voulait aussi remplacer «conscients de leur responsabilité envers la Création» par «envers l’environnement». Mais le conseiller national Fabian Molina (PS/ZH) n’est pas en voie de convaincre une majorité de ses collègues. Son initiative parlementaire a été refusée cette fin de semaine par 14 voix contre 6 parmi les membres de la Commission des institutions politiques du Conseil national. 

Or ce n’est pas par adhésion à l’Église que les élus ont souhaité conserver la mention divine: «La commission considère l’invocation dans le préambule comme un signe d’humilité, car personne ne peut se prévaloir d’être tout-puissant. Elle constitue un élément traditionnel de la Constitution qui ne doit pas être compris dans un sens chrétien strict», écrit-elle dans son communiqué publié vendredi.

Un tiers des membres de la commission par contre a suivi la proposition de l’élu socialiste, considérant que «la profession d’humilité et de modestie peut s’exprimer d’une autre manière que par une invocation divine». «Les références à un Dieu chrétien et à la Création ne sont pas compatibles avec le principe de la neutralité de l’État en matière religieuse et sont dépassées si l'on considère la laïcisation croissante de la société suisse», estimait quant à lui Fabian Molina dans son texte déposé en mars 2021. 

«Dieu» chez les catholiques, «Création» chez les protestants

Un débat similaire a récemment eu lieu en Valais, où l’assemblée constituante a dans sa majorité décidé de maintenir la mention de «Dieu» dans le préambule de sa constitution cantonale. À Fribourg, l’amorce du texte est la suivante: «Nous, peuple du canton de Fribourg, croyant en Dieu ou puisant nos valeurs à d’autres sources». Dans le Jura, le peuple est «conscient de ses responsabilités devant Dieu, devant les hommes et envers les générations futures».

Les protestants, quand ils gardent des références religieuses, préfèrent parler de la «Création», avec ou sans majuscule. La constitution du Canton de Vaud dit que le peuple est invité à «favoriser l’épanouissement de chacun dans une société harmonieuse qui respecte la Création». À Berne aussi, les citoyens sont «conscients de leur responsabilité envers la création».  

Deux cantons seulement ont gommé toute référence religieuse dans le préambule de leur constitution. Le peuple du canton de Neuchâtel est «conscient de ses responsabilités à l’égard de la personne humaine». Celui de Genève est «reconnaissant de son héritage humaniste, spirituel, culturel et scientifique».

(ywe)

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