Canton de Berne – Elle tente désespérément de récupérer ses enfants, enlevés il y a plus d’un an

C’est l’histoire d’une séparation conflictuelle, lors de laquelle les enfants ont été les premières victimes.

Elena* et Bastian* vivent à Unterseen, juste à côté d’Interlaken (BE). Ils ont deux enfants, Amir et Amaya, aujourd’hui âgés de 6 et 3 ans. Il y a quelques années, le couple se sépare. S’ensuit alors une période marquée par plusieurs mesures d’accompagnement familial.

C’est que Bastian, 38 ans, vit mal cette séparation, très mal. À plusieurs reprises, il fait subir du chantage émotionnel à son ex-compagne, utilisant ses enfants dans le but de la reconquérir. Durant la période, Elena, 26 ans, effectue avec les deux petits plusieurs séjours dans des foyers pour femmes vulnérables.

En décembre 2020, le père franchit une terrible étape à l’occasion de l’exercice de son droit de visite: il prend la décision de quitter le territoire suisse avec ses enfants pour se rendre en Slovénie, d’où la petite famille est originaire.

Elena prend alors contact avec la police bernoise pour signaler la disparition de ses enfants. Elle entreprend aussi des démarches auprès de l’Office fédéral de la justice (OFJ) afin d’exiger leur retour en Suisse en vertu de la Convention de La Haye, traité sur la protection de l’enfant dont la Slovénie et la Suisse sont signataires. La mère obtiendra la garde exclusive d’Amir et Amaya quelques mois plus tard.

En coopération avec les autorités slovènes, un délai est fixé au père afin qu’il ramène «à l’amiable» les enfants à Elena d’ici janvier 2021. Une échéance que Bastian ne respectera malheureusement pas.

La police se rend alors au domicile du père en Slovénie. Elle y arrête Bastian, ancien boxeur relativement connu dans la région, mais ne trouve aucune trace d’Amir et Amaya. Le père est placé en détention provisoire. Une arme est également retrouvée sur les lieux.

Depuis sa prison slovène, Bastian poursuit son chantage envers son ex-compagne. Il la harcèle par téléphone à plusieurs reprises et lui assure qu’il sait où se trouvent les enfants, qu’elle les retrouverait si elle acceptait de le reprendre. En juin 2021, une photo récente des deux jeunes disparus est même publiée sur le compte Facebook du détenu.

En mars 2021, Elena prend contact une première fois avec Missing Children Switzerland, organisation basée à Pully (VD) active en matière de disparitions d’enfants et titulaire de la ligne d’urgence 116 000. Cette dernière publiera des avis de disparition en Suisse mais aussi via ses partenaires en Slovénie et dans les pays voisins. Les deux enfants sont aujourd’hui toujours publiquement recherchés par la police slovène et au niveau international par Interpol.

La fondation établira également une collaboration étroite avec l’Office fédéral de justice et la police bernoise pour avancer au mieux dans ce dossier. Selon elle, Amir et Amaya pourraient actuellement se trouver en Slovénie, en Bosnie, en Serbie ou en Croatie. L’Italie et l’Autriche figurent également parmi les destinations potentielles. Ce seraient les parents de Bastian qui les auraient pris en charge avant de disparaître.

Le père a pour sa part été libéré en novembre 2021. Pour la fondation, il ne fait guère doute qu’il connaisse la localisation de ses enfants. «Actuellement, il nous est difficile de comprendre si lui et ses proches ont été mis sous surveillance», déplore une juriste en droit de l’enfant et conseillère chez Missing Children Switzerland.

Bastian a toujours une sœur en Suisse. Celle-ci est soupçonnée d’avoir soutenu son frère dans l’enlèvement d’Amir et Amaya et d’avoir tenu active sa page Facebook. «On a beau déclencher toutes les procédures juridiques possibles, si les autorités slovènes n’ont pas la volonté d’entrer en action, ça a des conséquences gravissimes pour les enfants et le parent laissé derrière, s’inquiète la juriste. Les enfants sont très jeunes, une aliénation parentale pourrait avoir déjà eu lieu».

Si l’enlèvement est survenu il y a déjà plus d’un an, pour Missing Children Switzerland, le temps presse toujours. Pour maintenir les recherches, la fondation a publié sur ses canaux un nouvel avis de disparition la semaine dernière. «Il faut tout mettre en œuvre pour que cette affaire ne tombe pas dans l’oubli», ajoute la conseillère.

*Prénoms d’emprunt