Football: Le blues d’une ex-gardienne suisse: «Gagner ou perdre n’avait plus de saveur»

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FootballLe blues d’une ex-gardienne suisse: «Gagner ou perdre n’avait plus de saveur»

Seraina Friedli, 10 sélections avec l’équipe nationale, vient de mettre un terme à sa carrière. Vidée de ses émotions et de sa passion, soulagée d’arrêter.

Florian Vaney
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Florian Vaney
Seraina Friedli, passée par le FC Zurich, compte 10 sélections avec l’équipe nationale.

Seraina Friedli, passée par le FC Zurich, compte 10 sélections avec l’équipe nationale.

Urs Jaudas

Une brèche dorée s’était ouverte. L’horizon à court terme, c’était la retraite de Gaëlle Thalmann. Soit une place devant les filets de l’équipe de Suisse à prendre. L’horizon à plus long terme, c’est l’Euro 2025, un grand tournoi à domicile qui charrie avec lui son lot de rêves pour les footballeuses suisses. Pas pour Seraina Friedli. Ou du moins pas assez «pour sacrifier deux ans en vue de quelque chose qui ne m’attire pas». Quand bien même tout indiquait que le poste de gardienne numéro 1 en vue du Championnat d’Europe pourrait lui revenir. La Grisonne a mis un terme à sa carrière il y a une semaine. Parce qu’à 30 ans, le cœur vide, le football ne lui procure plus d’émotions.

«Au coup de sifflet final, j’étais juste heureuse que le match soit terminé et que je puisse rentrer chez moi»

Seraina Friedli, ancienne gardienne de l’équipe de Suisse

Le discours habituel est connu. Vivre du football représente une chance immense, à laquelle il faut s’accrocher, souvent coûte que coûte. Participer à un grand tournoi? Un aboutissement qui vaut bien d’immenses sacrifices! Pendant longtemps, Seraina Friedli s’est reconnue dans ce crédo. «Je ne me contentais pas simplement de m’entraîner pendant une heure et demie. Pour moi, le football était beaucoup plus profond.» Mais ça, c’était avant. Avant que l’ancienne doublure de Gaëlle Thalmann - 10 sélections avec l’équipe de Suisse au compteur - ne se livre à la rédaction sportive suisse-allemande de Tamedia sur ce mal-être vis-à-vis du football qui a peu à peu gagné du terrain en elle.

Gagner ou perdre, peu importe

Dans sa bouche, il est question d’un «soulagement» d’avoir quitté ce monde-là, du poids dont elle s’est séparée à l’heure de ranger ses crampons. Des mots forts, qui prennent encore un peu plus de relief lorsque l’ex-gardienne du FC Zurich et de Young Boys devient plus précise sur ses troubles. «Après les matches, je n’étais plus contente d’avoir gagné. Les défaites ne me dérangeaient plus autant.» Numéro 1 à Anderlecht depuis cet été, elle évoque alors cette partie particulière jouée face à Genk. «Les 2es contre les 3es. C’était un super match, une bonne performance de ma part: on l’emporte 4-1. Pourtant, au coup de sifflet final, j’étais juste heureuse que le match soit terminé et de pouvoir rentrer chez moi.»

Seraina Friedli avait atteint l’impasse. Pourquoi maintenant? Pourquoi dans une phase aussi positive de sa carrière? Peut-être parce qu’une partie d’elle s’était extirpée de l’engrenage du sport professionnel. «Je suis arrivée dans ce système à 19 ans. À partir de là, il a toujours existé un prochain objectif. D’abord entrer dans la sélection nationale, puis faire partie de l’équipe, etc… Je ne voulais pas rater ça. Mais à aucun moment je ne me suis demandé si je voulais vraiment ça», explique-t-elle encore dans une interview à retrouver ici.

En découvrant qu’elle était Seraina Friedli avant d’être une gardienne de foot, la jeune trentenaire a compris la nécessité d’un nouveau départ. «Je ne regrette pas un seul jour où j’ai travaillé dans ce milieu. Mais le prix était élevé. Tant que la passion était assez forte, j’étais prête à le payer. Un jour, il est devenu trop élevé.»

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