MœursDes mineur(e)s accablent un enseignant vaudois pour abus sexuels
Le prédateur présumé aurait contraint plusieurs filles et garçons dont certain(e)s de ses jeunes élèves entre 2016 et 2021. Il sera jugé à Yverdon dès le lundi 2 octobre.
- par
- Evelyne Emeri
Ils sont huit à raconter la même histoire, les mêmes agissements, les mêmes propos, le même modus operandi: sept mineur(e)s et un adulte. Huit cas répertoriés par les enquêteurs et le procureur Johann Baruchet. Seulement quatre plaintes ont été déposées. Certains parents ne savent sans doute pas ce qui est arrivé précisément à leurs enfants et le découvriront en audience lundi 2 octobre à Yverdon, peut-être assis dans le public.
Entre 8 et 17 ans
L’acte d’accusation du Ministère public est costaud. La plupart des faits retenus se sont déroulés dans le Gros-de-Vaud, région d’où vient l’accusé, mais également à Morges et à La Chaux-de-Fonds (NE). Selon leurs témoignages, Jacques*, âgé aujourd’hui de 30 ans, aurait sévi plusieurs fois sur certaines proies, une seule fois sur d’autres. Les accusatrices et les accusateurs sont né(e)s entre 2004 et 2011. Ils avaient entre 8 et 17 ans au moment des attouchements et des abus, à l’exception d’un homme majeur.
Photos en «tenue d’école»
S’agissant des allégations portées à son encontre, le prévenu les reconnaîtrait partiellement. Il est reproché au Vaudois d’avoir agi à des fins d’excitation sexuelle et d’autosatisfaction. Ainsi, il aurait fait subir à l’une de ses jeunes élèves des caresses sur ses cuisses, lui aurait demandé différentes photos d’elle, notamment en «tenue d’école» ou encore en maillot de bain.
Garder le silence
Pour un autre mineur, élève auquel il donnait des cours particuliers à domicile, il aurait profité de pouvoir s’enfermer dans sa chambre pour lui toucher le ventre et le sexe. Choqué, l’enfant aurait dit «oui» la première fois. Des gestes qui se seraient répétés durant environ un an, quasi à chaque fois et contre son gré. Le garçon aurait accepté de se dévêtir en gardant son caleçon, alors que le trentenaire voulait le voir nu. La victime affirme que Jacques lui aurait aussi posé des questions salaces et l’aurait suppliée de garder le silence.
Questions et ordres salaces
Le pédophile présumé s’en serait aussi pris à un ado lors d’une verrée entre anciens enseignants et élèves après l’avoir incité à boire. Ivre, le jeune s’est baigné tout habillé dans le lac Léman avant de se déshabiller complètement. Jacques aurait alors saisi l’occasion pour le questionner sur les dimensions de son sexe. Avec un autre ado, qui était son ex-élève, il se serait permis de lui écrire des messages de nature pornographique, le passant à la question, exigeant des photos et lui ordonnant de se livrer à des actes d’ordre sexuel sur lui-même.
Tchat pornographique
Toujours avec une de ses anciennes élèves, il aurait tchatté sur WhatsApp (WA) et tenu des propos totalement déplacés jusqu’à lui proposer une relation sexuelle. Bloqué sur WA, le Vaudois n’a pas hésité à se présenter à son école et lui apporter des friandises dans le but d’être débloqué. Scénario quasi similaire avec une énième gamine avec laquelle il aurait échangé assidûment des conversations à caractère sexuel et exigé des photos: soit quelque 1500 pages de discussion en 8 mois!
Doudou salvateur
Une fillette prétend encore que Jacques aurait tenté à plusieurs reprises de lui toucher ses parties intimes alors qu’il était avec elle sur un canapé-lit. Pour s’en défendre, elle s’en serait sortie en plaçant son doudou entre sa culotte et son pyjama. Reste le cas unique de l’adulte: un des quatre plaignants, les trois autres étant les parents des mineur(e)s. Le prévenu aurait utilisé la vulnérabilité de sa cible (abus dans l’enfance, burn-out et difficultés conjugales) pour obtenir des photos de son sexe.
Afin d’assouvir ses pulsions, il l’aurait ensuite soumis à un chantage abject: ou l’homme s’exécutait ou les photos seraient transférées à ses proches et sa compagne, amie du pédophile suspecté, serait alertée. Après avoir été repoussé, Jacques n’aurait pas hésité à le recontacter via Facebook et WhatsApp et à lui proposer des relations sexuelles.
Libéré…
Les dernières infractions sont arrêtées à fin août 2021 par la justice vaudoise. Et la première plainte date du 2 septembre 2021. Jacques a été placé en détention préventive du 28 août 2021 au 24 mars 2022. Il a obtenu sa libération conditionnelle à la faveur de mesures de substitution. En particulier: il devait vivre chez ses parents; et tout contact avec des mineurs lui était strictement interdit de même qu’avec ceux et celles qui le dénoncent. Il n’a pas respecté ces mesures (ndlr. bénévole dans un festival où œuvrent des mineurs) et s’est retrouvé en prison dès le 9 juin 2023.
Risque de récidive
Lundi 2 octobre, le détenu comparaîtra devant le Tribunal correctionnel d’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois, à Yverdon. Il répondra principalement d’actes d’ordre sexuel avec des enfants (+ tentative), de contrainte sexuelle (+ tentative), de contrainte et de pornographie (+ tentative). Le Vaudois a été expertisé. Les médecins psychiatres ont estimé le risque de récidive de moyen à élevé.
*Prénom d’emprunt