Hockey sur glace: Pluie d’hommages pour le «millénaire Sprunger» 

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Hockey sur glacePluie d’hommages pour le «millénaire Sprunger»

Le capitaine de FR Gottéron s’apprête à disputer, ce samedi soir contre le CP Berne, son 1000e match dans l’élite du hockey suisse. Une performance saluée par le milieu du puck.

Chris Geiger
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Chris Geiger
Julien Sprunger s’apprête à disputer son 1000e match dans l’élite sous les couleurs fribourgeoises.

Julien Sprunger s’apprête à disputer son 1000e match dans l’élite sous les couleurs fribourgeoises.

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La BCF Arena de Fribourg est prête à fêter dignement son héros. Ce samedi soir, Julien Sprunger, l’enfant de tout un canton, va griffer pour la 1000e fois une glace de National League (ex-LNA) sous le maillot de Gottéron. Et quelle plus belle affiche qu’un derby des Zähringen contre le CP Berne pour franchir ce cap symbolique? 

Le capitaine des Dragons, 861 rencontres de saison régulière dès 19h45 et 139 de séries éliminatoires (play-off, pré-play-off, play-out, barrage promotion/relégation) s’apprête à devenir le 15e joueur de l’histoire à atteindre la barre des 1000 apparitions dans l’élite du hockey suisse. Le No 86 fribourgeois ne devrait toutefois jamais égaler l’ex-capitaine des Ours, Beat Gerber, qui domine ce classement avec 1270 matches.

Anciens coéquipiers ou adversaires, entraîneur ou dirigeant, ils sont nombreux à avoir tenu à rendre hommage au prolifique attaquant de 37 ans. Petit florilège.


«Un lien restera à vie entre Julien, Andrei et moi.»

Benjamin Plüss, coéquipier de Julien Sprunger à FR Gottéron entre 2003 et 2016
Benjamin Plüss et Julien Sprunger ont longtemps formé une ligne redoutable avec les Dragons.

Benjamin Plüss et Julien Sprunger ont longtemps formé une ligne redoutable avec les Dragons.

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«On a passé une très belle période sur la glace avec Julien. En dehors de la patinoire, on n’était toutefois pas très proches car je suis plus âgé que Julien de quelques années (ndlr: six ans). On n’avait donc pas forcément les mêmes centres d’intérêt hors de la glace. On n’entretenait pas la même relation qu’Andrei (Bykov) et Julien. Mais ça ne posait pas de problème. Au contraire, il y avait un côté respectueux de ne pas chercher quelque chose qui n’était pas nécessaire.

 Je garde néanmoins de très bons souvenirs de ce passage et de cette ligne qu’on formait avec Julien et Andrei. Un lien restera d’ailleurs à vie entre nous trois. Pourquoi notre trio était à ce point complémentaire? Andrei était celui qui distribuait le puck, Julien était le buteur et moi j’étais celui qui créait des espaces. À la fin, on se trouvait les yeux fermés. Mais si on était performants ensemble, c’est parce qu’on partageait la même vision. À l’entraînement, on cherchait toujours à atteindre le niveau supérieur. Ça nous a permis de nous améliorer au fil des années.

Ce n’est pas vraiment une surprise de voir la longévité de Julien. Je sais à quel point il travaille et à quel point il donne sa vie pour le hockey. Il a fait tout ce qui était nécessaire – voire plus – pour rester un très bon joueur. Après sa blessure au Championnat du monde en Suisse (en 2009), il avait fait évoluer son style de jeu. Avec ses qualités, je pense d’ailleurs qu’il peut encore jouer longtemps.» 


«C’est compliqué de dire quelque chose de négatif sur Julien.»

Goran Bezina, coéquipier de Julien Sprunger en équipe de Suisse et adversaire avec GE Servette 
Julien Sprunger et Goran Bezina, partenaires sous le tricot national, se sont livré de gros duels lors des duels Fribourg-Genève.

Julien Sprunger et Goran Bezina, partenaires sous le tricot national, se sont livré de gros duels lors des duels Fribourg-Genève.

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«C’est compliqué de dire quelque chose de négatif sur Julien. Quand tu dures autant et que tu enchaînes les saisons à ce niveau-là, c’est tout simplement impressionnant. Peu de joueurs ont réussi un tel parcours. Faire toute sa carrière sous le même maillot, disputer 1000 matches dans son club formateur, c’est quelque chose d’unique. C’est une sacrée chance, qu’il a su créer. 

J’insiste sur le niveau moyen des 1000 matches: Julien a toujours figuré parmi les meilleurs joueurs de son équipe et tiré celle-ci en avant. À chaque fois qu’il fallait marquer des buts, il a répondu présent. En tant qu’arrière, ce n’était d’ailleurs pas évident de défendre sur lui. Il possédait une feinte qui marchait toujours, alors même qu’on la connaissait. Comme il était grand, il jouait avec une longue canne et était loin du puck. Il fallait donc soit défendre sur lui, soit sur la rondelle. C’était compliqué, surtout qu’il était mobile et technique.

Lorsqu’il est arrivé en équipe de Suisse, c’était le petit jeune alors que, de mon côté, ça faisait un petit moment que j’évoluais sous le maillot national. Malgré nos six ans d’écart, on a toujours eu une bonne relation et on s’est toujours super bien entendu. En même temps, c’est dur de ne pas s’entendre avec Julien. C’est quelqu’un de gentil, de très calme. C’est un bon gars. Et entre Romands, on se serrait les coudes.

Il y a toujours eu beaucoup de respect entre nous sur la glace, même si on s’est aussi parfois cherchés. Il faut dire que c’était basé sur la rivalité entre Fribourg et Genève. C’est parfois «parti», notamment lorsqu’il avait mis une sacrée charge à Daniel Rubin.»


«Je me rappelle que Julien était venu au Tessin pour le carnaval.»

Gianluca Mona, coéquipier de Julien Sprunger à FR Gottéron puis adversaire avec GE Servette
Après avoir été coéquipiers, Julien Sprunger et Gianluca Mona se sont affrontés à plusieurs reprises lors des derbys romands entre Fribourg et Genève.

Après avoir été coéquipiers, Julien Sprunger et Gianluca Mona se sont affrontés à plusieurs reprises lors des derbys romands entre Fribourg et Genève.

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«Julien a commencé en Ligue A lorsque j’étais à Fribourg. C’était un jeune homme très gentil, avec la tête sur les épaules. Il était très respectueux que ce soit avec les coéquipiers, le staff ou les fans. On avait directement lié une amitié. Je me rappelle d’ailleurs qu’il était venu à l’époque au Tessin pour le carnaval. Il avait dormi chez moi à Lugano. C’était un super moment! Aujourd’hui encore, on a quelques contacts. 

Au niveau du hockey, je me souviens qu’il n’avait pas un patinage exceptionnel au début. Comme il était très grand, il manquait un peu de coordination. Mais il possédait déjà une vista incroyable et un très bon shoot. En d’autres termes, il a toujours été un sniper. Je me rappelle de la demi-finale des play-off de 2008. J’évoluais alors à Genève et Julien à Fribourg. En tant que gardien, je m’étais dit qu’il avait vraiment un tir redoutable. Et avec ses longs bras, il peut faire des choses que d’autres ne peuvent pas faire. C’est aussi pour ça qu’il continue de marquer aujourd’hui, à 37 ans.

Je lui souhaite encore de jouer beaucoup de matches et de rester la magnifique personne qu’il est. Une personne qui aurait pu signer n’importe où, mais qui est restée fidèle à son club. Je trouve d’ailleurs incroyable de le voir jouer encore maintenant quand je repense à toutes les commotions qu’il a subies.» 


«Julien a passé quelques tasses de café à beaucoup de défenseurs.» 

Serge Pelletier, entraîneur de Julien Sprunger à FR Gottéron entre 2006 et 2011
Serge Pelletier a dirigé les Dragons durant près de cinq ans.

Serge Pelletier a dirigé les Dragons durant près de cinq ans.

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«Julien est un buteur, c’est sa qualité première. Il est capable de marquer avec une certaine facilité. Il n’y a pas tellement de marqueurs naturels comme lui dans le championnat de Suisse. Il a beaucoup d’habileté pour décocher un lancer rapide, pour trouver le trou pour marquer. Il a de bonnes mains, très rapides. Je me souviens de sa fameuse feinte qu’il faisait à l’époque: il faisait mine de partir à droite, avant de ramener le puck rapidement sur la gauche pour déjouer l’arrière. Il a passé quelques tasses de café à beaucoup de défenseurs de la Ligue. 

Hors de la glace, c’est un gars tranquille, une bonne personne. C’est très facile de l’aborder. Avec les années, il est devenu père de famille et a beaucoup évolué. Lorsque j’étais entraîneur de Gottéron, je me souviens qu’il représentait bien l’identité locale fribourgeoise. On pouvait compter sur lui pour avoir le pouls de cet aspect au sein du vestiaire. Julien a toujours été un gars proche du peuple. Il était toujours disponible pour représenter le club lors des événements populaires afin de garder un lien étroit avec la population locale. 

Dans le vestiaire, Julien prenait la parole lorsque c’était nécessaire. Mais c’est quelqu’un qui est calme de nature. Il était généralement d’accord avec tout le monde car il n’aime pas les conflits.»


«C’est mérité pour Julien, un des joueurs extraordinaires de notre pays.»

Denis Vaucher, CEO de la National League
Denis Vaucher assure que la National League n’a pas créé le calendrier pour que Julien Sprunger dispute son 1000e match à l’occasion d’un derby des Zähringen.

Denis Vaucher assure que la National League n’a pas créé le calendrier pour que Julien Sprunger dispute son 1000e match à l’occasion d’un derby des Zähringen.

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«La National League a commencé en 2008 à organiser des cérémonies pour les joueurs qui atteignent la marque des 1000 matches disputés dans l’élite. Le premier d’entre eux avait été Gil Montandon. Il est important de mettre ces joueurs en avant car il s’agit d’un chiffre énorme. Ce dernier montre l’extraordinaire performance de l’athlète, mais aussi sa loyauté envers notre Ligue. 

Julien est une personnalité du hockey suisse. Il est capitaine de Gottéron depuis des années et, surtout, un exemple pour les jeunes. Je le connais depuis des années, même si je n’ai pas de relation proche avec les joueurs. Mais je discute volontiers avec Julien lorsqu’on se croise. C’est une personne très sympathique, très ouverte. 

Ce samedi, je m’attends à une soirée forte en émotions. Les fans ont prévu une chorégraphie avec son No 86 avant le match. D’autres animations sont prévues après la rencontre. C’est mérité pour Julien, un des joueurs extraordinaires de notre pays. L’atmosphère devrait donc être excellente à l’occasion de ce derby des Zähringen. Si ce dernier a été programmé par la Ligue afin qu’il coïncide avec le 1000e match de Julien Sprunger? Non, c’est un hasard! Mais le hasard fait bien les choses! Le contraire aurait été trop complexe.»

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