Ski alpinArnaud Boisset: «Être arrogant, c’est mon pire cauchemar»
Le Valaisan auteur de trois tops 10 cette saison participe au super-G des finales de Saalbach. Il prône l’autodérision, une manière pour lui de profiter de la vie parfois trop sérieuse d’un skieur professionnel.
- par
- Rebecca Garcia - Saalbach
Arnaud Boisset aime le public, et le lui rend bien. Cercle vertueux d’un Valaisan qui a fait une entrée remarquée en Coupe du monde. Cette saison, il compte trois tops 10 (à Kitzbühel, Garmisch et Kvitfjell.) Ses bons résultats lui ont permis de disputer le super-G des finales de Coupe du monde, à Saalbach-Hinterglamm. «C’était inimaginable en début de saison», souffle-t-il.
Le moment le plus marquant?«C’est très compliqué, parce que j’ai passé un cap chaque week-end», reconnaît le skieur. Il est tranquillement assis sur un fauteuil de l’hôtel Glemmtalerhof, à Saalbach et s’apprête à vivre les premières finales de sa jeune carrière. Pas stressé pour un sou, il essaye toutefois de répondre à la question. «Sans doute que des moments comme Wengen, Kitzbühel et Garmisch vont rester longtemps dans ma mémoire.» Le point commun entre ces trois stations? Un public bouillant.
Dans sa réflexion, le Valaisan a beaucoup évoqué la présence de ses fans. Ils sont faciles à identifier. Bobs roses et cris à l’approche du héros local. Eux ne se déplaceront pas en masse à Saalbach, parce que leur skieur préféré les a presque mis dans l’embarras. Il s’est qualifié pour la finale alors qu’il n’est qu’un rookie qui espérait à peine figurer dans le top 30. Voilà qu’il est dans les 15 meilleurs de la hiérarchie de super-G.
«Ce n’était clairement pas prévu par moi non plus, se défend Arnaud Boisset en rigolant. J’avais prévu de remonter en Norvège pour les finales de Coupe d’Europe. Donc voilà, on était un peu pris au dépourvu.» Il promet quand même un événement à Martigny, avec un écran géant. Il rassure aussi: quelques solides fans se sont déplacés en Autriche.
Dédramatiser
Ses fans adorent le chambrer. Les memes pleuvent sur le Valaisan, qui en rigole. «Je suis dans l’autodérision. Pour moi, la vie est un jeu, et il faut en profiter», explique le spécialiste de vitesse. Il s’en amuse pleinement, au point de se réjouir d’être roasté par son fan-club lors du souper de fin de saison. Comme lors de certains shows américains, le but sera de lancer la meilleure vanne au sujet du Valaisan. Plus c’est embarrassant, mieux c’est.
Parfois, c’est lui qui distribue des tacles, à l’image de celui glissé à Tanguy Nef lors de l’émission «Après-Ski» de Skiactu.ch et Le Nouvelliste. «Tanguy, on ne te voit plus trop cette saison. Tu sais toujours enfourcher?» Le Genevois a rigolé de la question.
«Avec Tanguy, on se connaît depuis des années. On aime bien se charrier», indique encore le Valaisan. Pour lui, ces piques permettent d’amener de la légèreté. «C’est quelque chose qui arrive gentiment en Suisse depuis quelques années, et on en a besoin dans ce sport.»
À en voir la panique de certains journalistes et spectateurs quand un favori manque une porte, le jeune skieur de 25 ans marque un point. Les médias ont vite fait de parler de crise après une course ratée.
Arnaud Boisset a beau être sur son nuage en Coupe du monde, il tient à rester humble. «Le fait d’être arrogant, c’est mon pire cauchemar.» Arnaud reste Arnaud, peu importe sa vitesse ou ses prouesses. Il est ce même homme qui apprécie d’être dans la nature et de passer du temps dans des endroits un peu inaccessibles. Il aime aussi sortir avec ses amis et vivre des expériences.
Son sport occupe bien entendu une grosse partie de son quotidien. «J’ai de la chance de faire du ski, des fois j’ai la chance d’aller vite, et donc de pouvoir vivre de ce sport, résume simplement l’athlète. Quand je rentre à la maison avec la famille, les courses du week-end sont débriefées en deux minutes puis on passe à autre chose.»