PollutionUn vote à Paris sur un stationnement plus cher pour les SUV
Anne Hidalgo, maire de Paris, organise une «votation» sur un stationnement plus cher pour les SUV et les 4x4.
- par
- Fabien Le Floch
Sus aux SUV: la ville de Paris va organiser, le 4 février, une «votation» sur un stationnement plus cher pour ces voitures hautes et lourdes, de plus en plus présentes sur les routes, a annoncé mardi la maire Anne Hidalgo.
«Je vous propose de faire évoluer notre politique de stationnement en vous prononçant sur une augmentation très significative des tarifs de stationnement non résidentiels des SUV et des 4x4», a dit la maire socialiste dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Ce tarif plus élevé est proposé par la mairie de Paris pour «permettre un meilleur partage de l’espace public au bénéfice des mobilités douces, des rues aux écoles et des piétons», indique la mairie dans un communiqué.
La maire socialiste, qui a fait de la réduction de la place de la voiture un axe majeur de sa politique, veut ainsi imiter Grégory Doucet, son homologue écologiste de Lyon, où va être appliquée à partir de 2024 une tarification pénalisant les véhicules plus lourds et polluants.
Le vote sera ouvert à tous les Parisiens inscrits sur les listes électorales, a précisé la Ville, qui organise donc sa deuxième «votation» populaire, après celle, en avril dernier, qui avait abouti à la fin des trottinettes en libre service: 89% des votants s’étaient prononcés contre ces trottinettes, malgré une participation famélique de 7,46% des électeurs inscrits.
«Toujours plus gros»
«Si, depuis dix ans, la place de la voiture individuelle a diminué à Paris, du fait d’une politique volontariste de l’Exécutif parisien, dans le même temps, la taille et le poids moyen des véhicules n’ont eu, quant à eux, de cesse d’augmenter», constate la mairie.
«Avec cette votation, nous voulons dire stop. Stop aux dérives des constructeurs automobiles qui poussent à acheter des véhicules toujours plus gros, plus chers, plus gourmands en matières premières, plus polluants…» a soutenu Anne Hidalgo. Elle n’a pas précisé le montant du tarif spécifique envisagé – mais évoqué «une augmentation très significative» – , pas plus que le poids arrêté pour qu’un SUV soit considéré comme «lourd».
Les SUV, qui représentaient en 2022 près de la moitié des voitures individuelles neuves vendues en Europe selon l’Association des constructeurs automobiles européens (Acea), sont plus hauts et plus lourds que des berlines classiques, ce qui les rend plus consommateurs de carburant ou d’électricité.
«Diversion»
Les écologistes, alliés d’Anne Hidalgo et qui militaient pour cette mesure, s’en sont félicités. «Il y a une partie de la population qui en a assez de ces SUV», a déclaré à l’AFP l’adjoint chargé des transports, l’écologiste David Belliard. Un SUV est «extrêmement dangereux» en cas de choc avec les piétons, une «bombe sociale à des prix exorbitants» et un véhicule «polluant et très encombrant», a-t-il soutenu.
«On a là l’occasion d’avoir un signal citoyen très fort, et d’envoyer un signal fort aux constructeurs: arrêtez de construire de grosses voitures!» a-t-il ajouté. «Les jeux ne sont pas faits», a-t-il prévenu, tout en disant avoir «bon espoir dans notre capacité de mobilisation de l’opinion publique parisienne sur ces sujets».
Dans l’opposition de droite, le groupe Changer Paris a dénoncé une «manœuvre dilatoire». «Anne Hidalgo fait diversion comme à chaque fois quand elle est en difficulté», a ajouté le groupe à majorité LR, sans prendre position à ce stade sur le fond. Les Parisiens qui souhaitent participer sont invités à s’inscrire sur les listes électorales d’ici au 8 janvier si ce n’est pas déjà fait.