Ski freestyle: Sarah Höfflin: «J'ai une assez grande gueule quand il le faut...»

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Ski freestyleSarah Höfflin: «J'ai une assez grande gueule quand il le faut...»

La Genevoise de 32 ans a une belle opportunité, samedi, de terminer 2e de la Coupe du monde de Slopestyle. Retour sur une année souvent en «chocolat», mais remplie d'expériences et d'une nouvelle responsabilité.

Robin Carrel Silvaplana
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Robin Carrel Silvaplana
La Suissesse, en 2020 (image d’archives).

La Suissesse, en 2020 (image d’archives).

imago images/ZUMA Wire

Il y a eu des quatrièmes places à foison, une deuxième à Laax, basée sur le résultat des qualifications à cause de la météo, mais pas de podium... La constance de la Suissesse lui permet toutefois de rêver au second rang de la Coupe du monde de sa spécialité, derrière l'intouchable norvégienne Johanne Killi. De quoi motiver la «vétérane» du circuit pour la suite, qui inclura un poste à la commission des athlètes de la Fédération internationale de ski qui lui tient à coeur.

Il vous reste la finale des finales, samedi. Mais quel est votre bilan de cet exercice?

C'était une saison un peu compliquée. Il y a eu des hauts et des bas. Elle était super longue. En fait, ça a vraiment enchaîné cette année. Ca a été un peu compliqué des fois par rapport à ça. Il fallait essayer de rester en pleine forme et j'ai vraiment fait toutes, toutes, toutes les compétitions. Je me dis maintenant que, en fait, pour performer mieux, j'aurais peut-être mieux fait de les choisir plutôt que d'aller partout. Mais je suis contente de ma saison. D'un point de vue ski, j'ai quand même appris quelques nouvelles figures. Et puis, pour moi, ça c'est un signe de progression et c'est presque mieux que d'avoir des podiums sans m’améliorer. Je suis super contente à ce niveau là. Après, c'est vrai que c'est dommage de faire plein de quatrièmes places, j'en ai eu un peu partout. Donc voilà, les médailles en chocolat, j'en ai un petit peu marre. Mais bon, ça fait partie du jeu. Et puis je pense que ça montre aussi que je ne suis pas tout à fait au niveau pour avoir des podiums pour l'instant. Donc voilà, il faut continuer à pousser et c'est un bon coup de pouce je pense.

Vous progressez, le niveau global aussi. Donc ça doit être intéressant. Ca remet en question et ça aide à se remotiver, non?

Oui, exactement, ça fait que je reste dans le jeu. Tant que je suis dans le top cinq, je me considère quand même comme athlète de haut niveau. Donc je ne vais pas non plus cracher sur une quatrième place, même si c'est vrai que ça fait un petit peu mal au cœur.

La Genevoise aux JO de Pékin.

La Genevoise aux JO de Pékin.

IMAGO/USA TODAY Network

Il y a plein d'athlètes qui viennent de Chine ou de l’autre côté de la planète toute la saison pour finir seizième...

C'est vrai... C'est vrai que, au moins, je me dis que j'ai quand même une petite chance si j'arrive à poser un bon run. Mais je pense qu'il faut que je sois patiente, que je continue à travailler dur et ça va arriver.

Tant que vous avez cette motivation de progresser, il n'y a pas de raison de s'arrêter.

Clairement. Moi je vois ça comme ça, je me dis que tant que je continue à progresser... En fait, la chose qui me fait le plus peur dans le ski, c'est d'atteindre un plateau. Où je n'arrive plus à continuer à pousser, à faire des nouvelles figures, à avoir envie, surtout. Et pour l'instant, ce n'est pas du tout le cas. Donc je me rends compte que je me fais pas trop de soucis à ce niveau là. Je pense que là où j'en suis, c'est surtout un peu la longévité. Essayer de garder le corps en forme, de ne pas trop en faire. Parce qu’après c'est vrai qu'à 32 ans, comparé aux jeunes qui ont 18 ans, c'est sûr qu’on a un petit peu moins d'énergie. Mais vu que je suis quand même invitée partout, j'ai un peu du mal à refuser des compétitions. Ouais, il y a des plus et des moins. Mais après, moi, je suis vraiment contente de faire ce que je fais comme je le fais, même si je ne suis pas toujours sur le podium. Je suis contente d'avoir pu faire toutes ces expériences.

Vous parlez d'expérience... Peut-être que l'année prochaine, vous vous éviterez un déplacement, genre au Colorado?

Oh ben je ne sais pas... C'est toujours compliqué de décider ce qu'on veut. Cette année, je me suis rendue compte assez tôt que j'étais assez bien placée dans le classement général de la Coupe du monde de slopestyle. Du coup, c'est difficile de faire un trait sur les compétitions, alors que j'étais à la deuxième place pendant un bon petit moment. Et puis là, franchement, c'est mon but de cette compétition: essayer de garder cette place puis on verra ce qu’il se passe. Il y a des finales dans deux jours et puis voilà, je vais faire de mon mieux. Je crois que je ne m'en voudrais pas trop si ça ne marche pas. Il faut quand même respecter le fait que la saison était vraiment longue et difficile, donc tout peut arriver.

Vous avez été élue à la commission des athlètes de la Fédération internationale de ski. C'est quelque chose qui vous tenait à coeur?

Je pense que c'est super important d'avoir un athlète de ski freestyle qui fasse partie de cette commission. Parce que je trouve qu'on n'est pas toujours très bien représentés. C'est une position qui est souvent prise par les autres disciplines, comme les bosses ou les aerials. Et du coup, si je fais ça, ce n'est pas pour moi, ni pour mon intérêt personnel. Mais vraiment pour faire parler de nous, des freestyleurs, et puis d'avoir une voix pour notre corporation. Ce n'est pas une position que j'avais forcément envie de prendre, mais je le fais vraiment pour aider notre sport. Et puis je pense que je suis la bonne personne pour le faire. Je trouve que j'ai une assez grande gueule quand il le faut... Et puis j'ai des bonnes valeurs. Elles ne sont pas égoïstes, mais réellement tournées vers les autres.

Je me demandais si, en vue de la suite de votre carrière, ce n'était pas un premier pied dans la porte pour, qui sait, viser ensuite le CIO ou comme ça... Ou alors le truc important c'est de représenter vos collègues?

Pour moi, le plus important, c'est d'écouter les autres. Et puis je trouve que je suis une personne vers qui on peut venir parler très facilement. Donc voilà, j'encourage un peu tous les autres freestyleurs à venir discuter, si jamais il y a des choses qu'ils ont envie de faire passer un peu plus haut, à la FIS, pour que leur voix soit représentée.

Vous avez déjà eu des doléances?

Oui, j'ai reçu quelques feedbacks de certains athlètes, donc c'est déjà bien. Je pense que, là, mon rôle, c'est déjà d'aller vers les gens pour leur demander ce que eux ils veulent. Donc voilà, c'est quelque chose qui me tient très à cœur. Et puis je suis super honorée en tout cas d'avoir été élue.

Parce que vous en avez la crédibilité et c'est pas forcément facile de se le dire...

Si si. Je pense que c'est vrai. Ca fait longtemps que je fais ça. Je suis une des... Enfin je suis la plus âgée maintenant! Et puis je n'ai pas peur de dire les choses, de les énoncer pour qu'elles soient justes. Je vais faire de mon mieux pour pour être la bonne personne dans ce rôle. Et après on verra ce que ça donne.

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