Crise migratoire au Bélarus – «Blamer la Turquie est déplacé», selon la présidence turque

Publié

Crise migratoire au Bélarus«Blâmer la Turquie est déplacé», selon la présidence turque

Alors que l’Union européenne menace de sanctions «tous ceux qui participent au trafic ciblé de migrants» en direction du Bélarus, la Turquie, principal point de passage, se défend et prend des mesures.

Des milliers de migrants sont coincés à la frontière polono-bélarusse dans des conditions extrêmes.

Des milliers de migrants sont coincés à la frontière polono-bélarusse dans des conditions extrêmes.

AFP

Blâmer la Turquie dans la crise migratoire en cours aux frontières du Bélarus et de l’Union européenne est «malavisé et déplacé», a déclaré samedi à l’AFP le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin. «Il semble qu’un nombre important de migrants et de voyageurs se rendent au Bélarus pour, ensuite, gagner la Lituanie, la Pologne et d’autres États européens: en rendre responsable la Turquie, ou Turkish Airlines, est tout simplement malavisé et déplacé», a estimé M. Kalin. Cette crise «n’a rien à voir avec la Turquie», a-t-il insisté.

Vol vers Minsk interdits

Le responsable a reçu l’AFP au lendemain de la décision d’Ankara d’interdire de vol vers Minsk les ressortissants de Syrie, d’Irak et du Yémen au départ des aéroports turcs et prévenu que la compagnie nationale, Turkish Airlines, ne les accepterait plus à bord sur cette destination. «Quand nous avons été prévenus du problème, Turkish Airlines a pris immédiatement un certain nombre de mesures pour réduire et mettre un terme à de possibles déplacements illégaux et irréguliers vers le Bélarus et, de là, vers d’autres destinations».

M. Kalin rappelle cependant que les candidats au voyage vers Minsk, en provenance d’Irak notamment, disposent en général de «billets, de passeports et de visas et tout se fait selon les règles établies. Turkish Airlines n’a pas contrevenu à ces règles». Ce que ces passagers «font une fois arrivés sur place n’est pas de la responsabilité de la Turquie», a-t-il encore répété. «Ils ne font que transiter par la Turquie mais nous souhaitons nous assurer que ceci ne vise pas à créer une crise des réfugiés entre le Bélarus et d’autres pays. Les décisions que nous prenons ne visent pas un pays en particulier mais à apporter une solution à un problème qui, au départ, n’a rien à voir avec la Turquie.»

Risques de sanctions

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a menacé cette semaine de «sanctionner tous ceux qui participent au trafic ciblé de migrants» au départ du Bélarus vers l’UE et d’autres responsables européens avaient mentionné les compagnies desservant Minsk. Sans avoir été explicitement citée, Turkish Airlines, en tant que principale compagnie reliant les pays du Moyen-Orient et l’Europe, était forcément visée.

Aussi sa décision de ne plus embarquer de passagers irakiens, syriens ou yéménites vers le Belarus a été aussitôt saluée à Bruxelles. «Merci aux autorités turques et à #SHGM (la direction de l’Aviation civile turque, ndlr) pour leur soutien et leur coopération», a ainsi lancé sur Twitter le président du Conseil européen Charles Michel. «Nous prenons toutes les mesures conformes au système de l’aviation internationale et nous assurons que personne ne se sert de Turkish Airlines, du territoire ou de l’espace turc, pour se livrer au trafic d’êtres humains», a continué samedi M. Kalin.

Selon lui, «cinq à dix mille» réfugiés ont pu transiter par son pays en direction du Bélarus. «Les chiffres varient et ont augmenté au cours des derniers mois», a-t-il convenu. «Mais nous nous assurons que tous ceux qui voyagent le font avec un billet aller-retour. Et si certains se perdent au Bélarus entre-temps, ce n’est pas de notre responsabilité». La Turquie, voie de passage principale des réfugiés syriens et afghans notamment, en accueille respectivement 3,4 millions et 400’000 sur son sol ce qui fait d’elle le premier pays d’accueil au monde, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (UNHCR).

(AFP)

Ton opinion