Guerre en UkraineXi Jinping appelle Joe Biden à «oeuvrer ensemble pour la paix mondiale»
Au téléphone avec son homologue américain, le président chinois a estimé que des conflits militaires n’étaient «dans l’intérêt de personne» et que la crise ukrainienne n’était «pas quelque chose» que son pays «souhaitait voir».
Le président chinois Xi Jinping a estimé vendredi que des conflits militaires n’étaient «dans l’intérêt de personne», lors d’un échange téléphonique avec son homologue américain Joe Biden, qui presse la Chine de prendre ses distances avec la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine.
«La crise ukrainienne n’est pas quelque chose que nous souhaitions voir» arriver, a dit le chef d’État chinois, selon des propos rapportés par la télévision chinoise.
«En tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et en tant que deux premières économies mondiales, il nous incombe non seulement de conduire les relations sino-américaines sur la bonne voie, mais aussi d’assumer nos responsabilités internationales et de travailler à la paix et la tranquillité dans le monde» a-t-il assuré à son homologue, selon la même source, alors que les Etats-Unis pressent la Chine de prendre clairement ses distances avec la Russie.
Un échange de deux heures
Selon un bref compte-rendu diffusé par la chaîne publique CCTV, le président chinois a aussi estimé que «les relations entre États ne peuvent aller jusqu’à la confrontation armée».
L’échange en visioconférence entre les deux dirigeants a duré près de deux heures, débutant à 13h03 GMT et se concluant à 14h53 GMT selon la Maison Blanche, qui n’a pas dans l’immédiat communiqué sur son contenu.
Joe Biden s’est rendu pour cette conversation depuis la «Situation Room», cette pièce ultra-sécurisée de la Maison Blanche d’où les États-Unis conduisent leurs opérations les plus risquées et leurs négociations les plus ardues.
Wendy Sherman, numéro deux de la diplomatie américaine, avait exposé clairement l’enjeu de la conversation, vendredi sur CNN: «Nous voulons que le Parti communiste chinois, qui est une puissance très importante sur la scène internationale comprenne que son avenir est avec les États-Unis, avec l’Europe, avec d’autres pays développés et en développement. Leur avenir ce n’est pas de soutenir Vladimir Poutine.»
Avertissement clair
Ces propos conciliants contrastent quelque peu avec le ton plus menaçant adopté jeudi par le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
«Nous sommes préoccupés par le fait qu’ils envisagent d’assister directement la Russie avec de l’équipement militaire qui serait utilisé en Ukraine. Le président Biden va parler au président Xi demain, et lui dira clairement que la Chine portera une responsabilité pour tout acte visant à soutenir l’agression russe, et que nous n’hésiterons pas à lui imposer des coûts», a déclaré le secrétaire d’État à la presse. «Nous voyons avec préoccupation que la Chine réfléchit à apporter à la Russie une assistance militaire directe», a-t-il ajouté.
Il s’agit ici de l’avertissement le plus clair lancé par les États-Unis depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, eux qui avaient déjà reproché à la Chine son «alignement» avec la Russie.
Eviter le chaos international
Pour Joe Biden, les deux super-puissances sont certes vouées à se livrer une concurrence impitoyable sur le plan économique et stratégique, mais en maintenant un dialogue suffisant pour que cet affrontement ne soit pas facteur de chaos au niveau international.
Mais cette vision du président américain ne résisterait pas à un soutien ouvert de la Chine à la Russie, se manifestant par des livraisons d’armement, ou par des accords économiques et financiers donnant à Moscou les moyens de contourner en partie au moins les très sévères sanctions occidentales.
Abstention de la Chine
Depuis le début de l’invasion russe le 24 février, le régime communiste chinois, soignant sa relation avec Moscou et partageant avec la Russie une profonde hostilité envers les États-Unis, s’est abstenu d’appeler le président russe Vladimir Poutine à retirer ses troupes d’Ukraine.
Mais l’»amitié sans limite» professée par Pékin et Moscou est mise à l’épreuve par la guerre, le régime du président Xi Jinping semblant avoir été surpris par la résistance ukrainienne et par la vigueur des sanctions étroitement coordonnées entre les États-Unis et leurs alliés, destinées à couper la Russie des échanges économiques et financiers mondiaux.