ColombieLa guérilla de l’ELN libère le père du footballeur Luis Diaz
Luis Manuel Diaz a été libéré jeudi par la guérilla de l’ELN, après plus d’une dizaine de jours de captivité. Son rapt avait mis en péril le processus de paix entamé il y a près d’un an.
Le père du footballeur de Liverpool Luis Diaz, enlevé le 28 octobre en Colombie par la guérilla de l’Armée de libération nationale (ELN), a été libéré jeudi matin et a pu rentrer chez lui.
Accompagné d’une mission humanitaire, Luis Manuel Diaz a atterri en hélicoptère en fin de matinée à l’aéroport de Valledupar, dans le nord du pays, près du massif montagneux de Serrania del Perija où il a été libéré plus tôt par les rebelles. Il a ensuite été escorté par la police à 90 km de là, dans sa ville de Barrancas, près de la frontière avec le Venezuela, où il avait été enlevé avec son épouse libérée quelques heures plus tard.
Des voisins l’attendaient au son de tambours et trompettes devant sa maison. Je tiens à «remercier tous les gens (…) pour le grand soutien qu’ils ont apporté à ma famille. Je les aime beaucoup, j’aurai bientôt l’occasion de les serrer dans mes bras», a déclaré Luiz Diaz après son arrivée, selon des images diffusées par Blu Radio.
«Vive la Liberté et la Paix!»
«Vive la Liberté et la Paix!» a réagi le président de gauche Gustavo Petro sur les réseaux sociaux. Le club anglais de Liverpool s’est dit «ravi d’apprendre le retour sain et sauf du père de @LuisFDiaz19» et remercie «tous ceux qui ont contribué à sa libération».
Allongé sur un lit, la jambe droite bandée, Luis Manuel Diaz, 56 ans, a également remercié les militaires: «Ce que vous avez fait a permis une libération rapide, car l’enlèvement durait depuis longtemps», a-t-il déclaré au colonel Giovanni Montañez, responsable des recherches, dans une vidéo diffusée par la presse locale. «Nous sommes heureux (…) Il n’est pas comme nous l’aurions voulu, mais il va bien, il est vivant», a déclaré sa fille Aracelys Diaz.
Plus de 250 policiers et militaires ont été mobilisés par voie terrestre et aérienne pour les recherches. Dimanche, l’ELN avait cependant estimé que cette présence militaire rendait difficile sa libération «rapide et sûre». L’armée a ainsi retiré ses troupes lundi.
«Confiance» rompue
Ce rapt a mis en péril le processus de paix entamé il y a près d’un an entre l’ELN et le gouvernement, ainsi que le cessez-le-feu bilatéral de six mois en vigueur depuis le 3 août.
Gustavo Petro avait estimé la semaine dernière que cet enlèvement avait rompu la «confiance» entre les parties. Le commandant militaire de la dernière guérilla reconnue en Colombie, Antonio Garcia, avait lui-même admis samedi une «erreur». Jusqu’à cette fin heureuse il a constitué un nouveau revers pour la politique de «paix totale» du président Petro, qui vise à désarmer tous les groupes illégaux du pays par le dialogue.
Dimanche, la principale faction de la dissidence de l’ancienne guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui a rejeté l’accord de paix de 2016, a annoncé la suspension de sa participation au dialogue avec le gouvernement entamé en octobre.
Malgré le désarmement de la majeure partie des FARC en 2016, le conflit armé dans le pays se poursuit après six décennies de violence qui ont fait quelque 9,5 millions de victimes. En six décennies de conflit civil, la Colombie a enregistré quelque 38’000 enlèvements, principalement par les groupes armés qui financent leurs opérations grâce à l’argent des rançons et au narcotrafic, la Colombie étant le premier producteur de cocaïne au monde.
L’un des cas les plus emblématiques est l’enlèvement de la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, ancienne candidate à la présidence colombienne, qui a été détenue pendant six ans par les FARC jusqu’à son sauvetage par l’armée en 2008. De janvier à septembre, 245 enlèvements ont été enregistrés en Colombie, une trentaine sont aux mains de l’ELN, d’après des sources officielles.
L’international colombien Luis Diaz, qui avait fait part de son «angoisse» sur les réseaux sociaux avant la libération de son père, a disputé jeudi une rencontre d’Europa League, perdue à Toulouse (3-2), son club Liverpool ayant annoncé sa titularisation peu après l’heureux dénouement.
Il a rejoint Liverpool en janvier 2022 en provenance du club portugais de Porto, pour un transfert d’un montant de 60 millions d’euros. C’est la première fois qu’un indigène colombien accède à l’élite du football mondial, dans un pays où 4,4% de la population appartient à une communauté indigène.