Amérique centraleAu Panama, manifestations contre la cherté de la vie
Depuis deux semaines, le Panama est secoué par des manifestations, sans que le gouvernement de gauche ne parvienne à instaurer le dialogue.
Les manifestants restaient mobilisés vendredi au Panama, secoué depuis deux semaines par une vague de contestation contre la cherté de la vie, malgré des appels au dialogue lancé par le gouvernement du président de centre gauche Laurentino Cortizo.
La circulation sur la Panaméricaine, autoroute qui traverse le pays et le relie au reste de l’Amérique centrale, est bloquée par intermittence, en plusieurs endroits, par des barricades et des barrages, a constaté l’AFP. «Il faut baisser les prix de la nourriture, de l’essence et des médicaments car nous n’en pouvons plus dans ce pays», a témoigné auprès de l’AFP Arnulfo Sarmiento, un chauffeur routier de 53 ans, sur un barrage à Aguadulce (centre), à 200 km de Panama City.
Le pays de 4,5 millions d’habitants est secoué par une vague de contestation sociale inédite depuis 1989 et la chute de la dictature militaire du général Manuel Antonio Noriega. L’inflation atteint 4,2% sur les douze derniers mois jusqu’en mai, le chômage 10% et les prix du carburant ont flambé de 47% depuis le début de l’année.
Approvisionnements difficiles
Malgré les 2 milliards de dollars annuels générés par le Canal du Panama et une croissance du Produit intérieur brut (PIB) qui a atteint 17,8% en 2021 et 13,6% au premier trimestre 2022, le pays connaît un des taux d’inégalité parmi les plus élevés du monde.
«Au Panama, avec un canal qui apporte des milliards chaque année, on ne peut pas comprendre ni accepter qu’il y ait encore un niveau de pauvreté de 20%», dénonce Yadira Pino, une professeure, sur une barricade organisée par des indigènes Ngäbe-Bugle, à Santiago de Veraguas, à 250 km de la capitale.
En raison des blocages de route, qui se sont renforcés depuis une semaine, les approvisionnements de Panama City et de plusieurs provinces sont rendus difficiles. Pour tenter de calmer la colère des manifestants, le président Cortizo a annoncé mardi une réduction du prix de l’essence et le gel de plusieurs produits essentiels.
Mesures insuffisantes
Mais les syndicats ont jugé ces mesures insuffisantes et ont refusé jeudi de s’asseoir à la table des négociations lancées par le gouvernement avec la médiation de l’Église catholique. «Je ne doute pas qu’avec un dialogue sincère, sans duplicité, nous pouvons avancer», a déclaré le chef de l’État.
Les protestataires dénoncent aussi la corruption et la gabegie des autorités. «Les politiques sont les plus grands voleurs», dénonce Mitzila Chanis, une femme au foyer de 41 ans. «Quand ils mangent de la viande, nous on n’a rien». Dans la capitale, des blocages intermittents ont lieu sur certaines artères, mais le Canal transocéanique fonctionne normalement.