NeuchâtelDidier Calame: «Je porterai un veston, mais pas la cravate»
Les électeurs neuchâtelois ont envoyé au Conseil national un agriculteur qui n’entend pas renier ses racines.
- par
- Vincent Donzé
Après l’ancien conseiller national radical Claude Frey et son retentissant «Écoutez!» voici Didier Calame, un élu agrarien à l’accent neuchâtelois à couper au couteau. L’élu des Planchettes ne fait pas de chichi quand il déclare à «ArcInfo» avoir mené une campagne simple, «loin de tous ces machins en vidéo», en s’avouant «pas très fort pour écrire». Entretien:
Qu’est-ce que fait un paysan bio à l’UDC?
C’est la question que tout le monde me pose.
Et alors?
J’ai décidé de me convertir au bio en 2018 parce que mon exploitation s’y prêtait, sans grandes cultures, avec des vaches allaitantes. On a assez de fumier, de lisier et d’engrais de ferme pour couvrir les besoins. Le prix des produits est le même avec nos labels, mais il y a un petit plus au niveau des paiements directs. Le bio était un coup de tête que je ne regrette pas.
Pourquoi être bio sans être un Vert?
Je ne suis pas un convaincu comme les bios aux cheveux longs. Moi qui travaille la terre avec de gros tracteurs, je ne me retrouve pas dans les convictions des Verts. Pourquoi sont-ils à gauche? Les Verts pourraient être à droite…
Ça en ferait des Vert’libéraux, non?
«Non! Ceux-là sont à voile et à vapeur».
Pardon?
«Les Vert’libéraux votent tantôt avec la gauche, tantôt avec la droite. Moi, je peux me retrouver dans des idées de gauche, mais je serai toujours un homme de droite. Je ne suis pas un écologiste, mais je suis un protecteur de la nature».
Avec le Doubs comme dépaysement?
Nos racines sont en bas! Nos aïeux exploitaient les moulins Calame et dans la vallée du Doubs, il y a 400 ans, il y avait davantage d’industrie qu’à La Chaux-de-Fonds: des verreries, des laminoirs…
Avez-vous désherbé au Roundup?
Avant de passer au bio, on l’utilisait pour traiter la mauvaise herbe, plante par plante. La principale contrainte désormais, c’est de ne pas utiliser de produits phytosanitaires. On doit piocher…
Le chauffeur du bus ne vous voit pas, pourquoi?
On a des camions, on travaille! Mais il me verra, avec l’abonnement général reçu, j’irai à Berne en train.
En 1ère classe?
En homme de la terre, je suis assez humble. Mais si c’est le bordel avec toute la faune qu’il y a entre La Chaux-de-Fonds et Bienne, j’irai en 1ère classe.
Faudra-t-il se payer un costard?
Je porterai un veston, mais pas la cravate. Je la porte très mal».
De quelle cause serez-vous le défenseur?
L’agriculture! Je suis un UDC à tendance paysanne bernoise, préoccupé par le pouvoir d’achat. Je défendrai aussi les thèmes du parti, comme l’immigration. Mais ce qui m’inquiète, c’est l’extension des zones urbanisée au détriment des terres agricoles. Là, je serai en porte-à-faux avec mon parti, poussé vers l’économie à outrance.
D’où vient votre métier de vidangeur?
Je suis un paysan qui a toujours bossé à côté, j’ai par exemple aidé un cousin dans son entreprise de transports. Avec mon esprit d’entrepreneur, j’ai acheté un jour une machine à déboucher. Maintenant, avec quatre camions et six ouvriers, mon chiffre d’affaires est passé de 20 000 francs en 2011 à 3,5 millions aujourd’hui.
En débouchant quoi?
Tout, de l’évier de la cuisine au pompage industriel de produits chimiques. J’adore mes vaches, mais ce qui me manquera le plus quand je serai à Berne sera de gérer l’opérationnel et d’aller dans le terrain.