Hippisme - Le format décrié aux JO de Tokyo reconduit pour Paris 2024

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HippismeLe format décrié aux JO de Tokyo reconduit pour Paris 2024

La Fédération équestre internationale veut à tout prix maintenir son nouveau format, malgré l’expérience mitigée de Tokyo et les craintes pour le bien-être du cheval.

Alban Poudret
par
Alban Poudret
Steve Guerdat, ici à Tokyo aux JO, n’a pas été entendu par les délégués.

Steve Guerdat, ici à Tokyo aux JO, n’a pas été entendu par les délégués.

AFP

Les cavaliers, les chefs d’équipe, les propriétaires de chevaux et les grandes fédérations concernées par les JO s’étaient exprimés dans leur immense majorité pour le retour des équipes à 4 aux JO, avec un résultat biffé. Ils n’ont à nouveau pas été écoutés par les dirigeants de la FEI et les délégués réunis à Anvers ce mercredi pour une Assemblée générale… hybride.

Par 70 voix contre 30, ces derniers ont dit oui à la demande très pressante de la FEI de garder le format à 3 testé à Tokyo. 30 non, c’est trois fois plus qu’il y a cinq ans lors du premier vote – il y avait alors eu un score de 96 à 11 –, mais c’est insuffisant. Les 30 non proviennent de la majorité des grandes nations. Les oui viennent pour beaucoup de pays n’ayant aucun cavalier concerné par les JO. Auraient-ils une meilleure chance d’y parvenir à 3? Sans doute pas… Ce sera 3 par équipe dans les trois disciplines olympiques (saut, dressage et complet) et même en para-dressage.

Des voix fortes, mais une passivité ambiante

En venant parler aux délégués avant les réunions (ils ne pouvaient pas s’exprimer lors de l’AG), Steve Guerdat et Isabell Werth, mandatés par les cavaliers, ont épaté leurs pairs. Le Jurassien a déclaré: «J’aimerais souligner deux préoccupations majeures, la première étant relative au bien-être du cheval. Nous avons vu trop d’images regrettables de couples qui n’étaient pas à la hauteur d’un tel événement. De plus, je crois qu’un cavalier ne devrait en aucun cas se retrouver dans une position qui le contraint à terminer son parcours si son cheval ne le peut pas. Le meilleur exemple est celui de Daniel Deusser (No 1 mondial alors), dernier à s’élancer pour l’Allemagne. À la suite d’une incompréhension avec sa jument, il a agi en homme de cheval en décidant de ne pas terminer son tour, éliminant son pays.»

Et Guerdat d’ajouter: «Certaines équipes ont vu leurs espoirs s’envoler dès le passage d’un ou deux couples, si bien qu’elles n’ont même pas fait partir leur dernier équipier, vu l’absence d’enjeu. Le fait de compter quatre cavaliers permet à davantage de nations de rester dans la course et rend la compétition bien plus excitante. » Ou encore: «Plutôt que de chercher comment modifier les formats pour y introduire plus d’équipes, ne serait-il pas plus judicieux de réfléchir à la meilleure manière d’aider ces nations à émerger? Et d’autoriser plus de cavaliers à concourir en individuel?»

Aménagements possibles?

Kevin Staut, le président du Club des cavaliers, Pedro Veniss, le représentant des cavaliers à la FEI, ou le champion olympique Rodrigo Pessoa ont déclaré être «100% d’accord avec chaque mot prononcé par Steve» durant son discours percutant de 17 minutes, mais cela n’a pas suffi. Il faudra un jour que les cavaliers soient mieux écoutés. La Fédération européenne espère encore trouver des compromis (4 cavaliers en première manche, la finale individuelle à la fin, etc.) lors du prochain Forum de la FEI et d’ici à l’AG 2022, mais ce ne sera pas simple.

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