Réforme des retraites: Forte mobilisation dans la rue pour le deuxième round syndical en France

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Réforme des retraitesForte mobilisation dans la rue pour le deuxième round syndical en France

En France, mardi, la mobilisation contre la réforme des retraites a été plus forte que le 19 janvier. La grève semble avoir été moins suivie. Nouvelles journées de protestation les 7 et 11 février.

Partout en France, les opposants à la réforme des retraites ont commencé, mardi, à défiler dans des cortèges bien garnis, les syndicats tablant sur davantage de manifestants que le 19 janvier, pour tenter de faire reculer le gouvernement. Les premiers cortèges se sont ébranlés à partir de 10 heures avec ce même refus de la réforme phare d’Emmanuel Macron et son report de l’âge légal de départ à 64 ans. «C’est une des plus grandes manifestations organisées dans notre pays depuis des dizaines d’années», a déclaré Laurent Berger, numéro un du syndicat CFDT.

À Marseille, 40’000 personnes ont défilé selon la police, 205’000 pour la CGT.

À Marseille, 40’000 personnes ont défilé selon la police, 205’000 pour la CGT.

AFP

Le Ministère de l’intérieur avance un chiffre d’au moins 1,2 million de manifestants, contre plus de 1,1 million il y a douze jours. Le syndicat CGT annonce, lui, 2,8 millions de manifestants. À Paris, la mobilisation a atteint 87’000 personnes selon le ministère et 500’000 selon la CGT, qui appelle, avec les autres syndicats, à de nouvelles manifestations les mardi 7 et samedi 11 février.

La mobilisation était forte également dans les grandes villes de France, de Marseille – 40’000 personnes selon la police, 205’000 pour la CGT – à Rennes ou Nantes. Dans la capitale, le cortège était emmené par les leaders syndicaux, tous vent debout contre le recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Quelques échauffourées ont éclaté à mi-parcours entre les forces de l’ordre et plusieurs dizaines d’ultras.

«Je serai déjà cassée à 62 ans»

Les manifestations étaient marquées par une forte présence de femmes protestant contre une réforme «injuste», dont elles s’estiment les «grandes perdantes». «Je ne veux pas travailler plus longtemps, je fais un métier pénible et je serai déjà cassée à 62 ans. Ce n’est pas envisageable, physiquement et moralement», explique Sylvie Dieppois, 56 ans, aide de cuisine dans une mairie, qui défilait à Rouen.

Les premiers chiffres, selon la police, étaient dans les mêmes ordres de grandeur que ceux du 19 janvier avec, par exemple, 14’000 personnes à Rouen (contre 13’000 le 19 janvier), 12’000 au Havre (contre 11’000) ou 28’000 à Nantes (contre 25’000). Une nouvelle fois, les villes moyennes semblaient en pointe avec 7000 manifestants à Alès, dans le Gard (35’000 habitants), ou 8500 à Angoulême (9000 le 19). Au total, 11’000 policiers et gendarmes ont été mobilisés, dont 4000 à Paris.

Transports, écoles et énergie

La grève est très suivie dans les transports, avec une circulation des métros et RER «très perturbée» en région parisienne. Il y avait 36,5% de grévistes à la SNCF, contre 46,3% le 19 janvier de source syndicale.

Dans l’Éducation nationale, le ministère comptabilisait à la mi-journée un quart de professeurs grévistes dans le primaire (maternelle et élémentaire) et le secondaire (collège et lycée), en recul par rapport au 19. Le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, chiffre à 55% le nombre de professeurs des collèges et des lycées en grève.

Enfin, la CGT a annoncé de 75 à 100% de grévistes chez TotalEnergies, le syndicat n’excluant pas des «arrêts» dans les raffineries la semaine prochaine.

«Plus négociable»

Pris en étau entre la détermination de la rue et la virulence des oppositions à l’Assemblée, où le projet est débattu depuis lundi en commission, le gouvernement a durci le ton depuis ce week-end, au risque d’être accusé par la gauche, à l’instar de Fabien Roussel (Parti communiste français), «de fracturer durement» le pays.

Malgré un rejet croissant dans l’opinion, l’Exécutif reste ferme: le président a jugé, lundi soir, la réforme «indispensable». Ce mardi, la Première ministre Élisabeth Borne a assuré entendre les «interrogations» et les «doutes» suscités par la réforme des retraites, tout en assurant vouloir maintenir son «cap».

Le soutien recule dans l’opinion

«La réforme des retraites suscite des interrogations et des doutes. Nous les entendons. Le débat parlementaire s’ouvre. Il permettra, dans la transparence, d’enrichir notre projet avec un cap: assurer l’avenir de notre système par répartition. C’est notre responsabilité!» a tweeté la Première ministre.

Mais pour l’Exécutif, la bataille de l’opinion «est très mal engagée», selon Frédéric Dabi, de l’institut de sondages Ifop: «Au fur et à mesure que les Français entrent dans la connaissance de la réforme, l’adhésion recule» dans les sondages.

(AFP)

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