Qatar 2022Cette équipe de Croatie doit beaucoup au Dinamo Zagreb
Le Dinamo Zagreb est le premier pourvoyeur d’internationaux croates. Sur les joueurs croates présents dans le groupe pour affronter l’Argentine, douze sont liés au Dinamo.
Alors que la Croatie va défier l’Argentine de Lionel Messi en demi-finale mardi à Doha, les performances de joueurs «made in Dinamo Zagreb» depuis le début du Mondial 2022 ont confirmé le rôle central du club dans les résultats de l’équipe nationale.
Un trio composé du gardien Dominik Livakovic et des attaquants Bruno Petkovic et Mislav Orsic, est très en vue au Qatar, auquel il convient d’ajouter le défenseur Josip Sutalo, quatrième joueur à porter à la fois le maillot à damiers de la sélection et la tunique bleue du Dinamo cette saison.
Mais ils sont bien plus à avoir évolué avec le club le plus titré de Croatie. Huit autres joueurs de l’actuelle sélection sont ainsi passés par les «Bleus», dont le capitaine et Ballon d’or 2018, Luka Modric.
Né à Zadar, comme l’orfèvre du Real Madrid et des Vatreni, le gardien Livakovic, 27 ans, est devenu un héros national depuis qu’il a arrêté trois tirs au but contre le Japon, en huitièmes de finale, avant de récidiver en quarts face au Brésil en stoppant celui de Rodrygo.
«King Livi»
Outre «King Livi», comme l’appellent les médias locaux, ses deux coéquipiers du Dinamo, Petkovic et Orsic, ont également joué un rôle crucial face à Brésil. Petkovic, servi par Orsic, a égalisé à la 117e minute (1-1), offrant la prolongation, puis des tirs au but aux finalistes du Mondial 2018, spécialistes de l’exercice.
Le quotidien croate Jutarnji List a fait l’éloge du «trio qui gagne son pain dans les stades du championnat croate, jouant souvent dans une ambiance lugubre devant un ou deux milliers de supporters».
Depuis que la Croatie s’est émancipée de la Yougoslavie, en 1991, la domination du Dinamo est absolue: 23 championnats et 16 Coupes. Un seul titre de champion lui a échappé depuis 2006, quand Rijeka a été sacré en 2017.
La capacité du club à façonner ou polir les pépites se vérifie encore au Qatar, où huit autres joueurs sont issus du Dinamo: le trio magistral du milieu de terrain, Luka Modric, Mateo Kovacic et Marcelo Brozovic, l’attaquant Andrej Kramaric, le milieu Lovro Majer, les défenseurs Dejan Lovren, Borna Sosa et leur jeune coéquipier Josko Gvardiol. À 20 ans, l’impressionnant défenseur central de Leipzig incarne la nouvelle génération.
Avant eux, de grands noms du football croate avaient aussi commencé leur parcours au Dinamo, de Zvonimir Boban à Robert Prosinecki en passant par Dario Simic, Vedran Corluka et Niko Kranjcar.
Le centre de formation du Dinamo est considéré comme le meilleur du pays et l’institution dispose d’un réseau très développé de scouts chargé de repérer les futurs cracks dans le pays et en Bosnie voisine.
Le sulfureux Mamic
Mais le club de Zagreb est également connu pour son ancien patron controversé, Zdravko Mamic, condamné à la prison pour une affaire de corruption, et toujours largement perçu comme l’homme fort du football croate. Mamic, qui se cache en Bosnie où il a fui juste avant le verdict, a été vice-président exécutif du Dinamo de 2003 à 2016.
En 2018, il a été reconnu coupable, avec son frère et ex-entraîneur du Dinamo, Zoran Mamic, ainsi qu’un ancien directeur du club et un inspecteur des impôts, d’avoir détourné plus de 15 millions d’euros du club et causé un préjudice de 1,5 million d’euros à l’État. Il a été condamné à six ans et six mois de prison.
L’argent a été détourné via des transactions fictives liées à des transferts de joueurs, notamment ceux de Modric et Lovren. Les frères Mamic sont également poursuivis dans une autre affaire de détournement.
À l’instar de son ancien dirigeant, resté omniprésent en coulisses, le club demeure incontournable dans le football croate. Comme une dynamo, qui convertit l’énergie mécanique en énergie électrique, «le Dinamo Zagreb est la source d’énergie de la sélection croate», résume pour l’AFP Dean Bauer, éminent journaliste sportif en Croatie.