Afrique: Election présidentielle sous tension au Sierra Leone

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AfriqueÉlection présidentielle sous tension au Sierra Leone

Plus de trois millions de personnes sont appelées aux urnes samedi pour le premier tour de l’élection présidentielle au Sierra Leone, l’un des pays les plus pauvres de la planète.

Le risque de violence est l’une des inconnues, bien que la campagne ait été plus calme que les fois précédentes à Freetown, la capitale de la Sierra Leone.

Le risque de violence est l’une des inconnues, bien que la campagne ait été plus calme que les fois précédentes à Freetown, la capitale de la Sierra Leone.

AFP

Les Sierra-Léonais se rendent aux urnes samedi pour élire leur président, le chef d’État sortant Julius Maada Bio briguant un second mandat dans une période économique éprouvante. Environ 3,4 millions de personnes sont appelées à choisir entre 13 candidats. Les bureaux ouvriront à 7h00 locales (9h00, heure suisse) et fermeront à 17h00.

Cette présidentielle est la revanche de 2018 entre l’ancien militaire à la retraite de 59 ans et son concurrent technocrate Samura Kamara, 72 ans, chef du Congrès de tout le peuple (APC). Julius Maada Bio, candidat du Parti du peuple de la Sierra Leone (SLPP), l’avait emporté au second tour avec 51,8% des voix.

Depuis, Julius Maada Bio a eu à gouverner l’un des pays les plus pauvres de la planète, durement touché par le Covid-19 puis la guerre en Ukraine. L’ancienne colonie britannique peinait déjà à se remettre d’une guerre civile sanglante (1991-2002) et de l’épidémie d’Ebola (2014-2016). L’inflation et l’exaspération à l’encontre du gouvernement ont provoqué en août 2022 des émeutes qui ont causé la mort de 27 civils et six policiers.

Vie chère

Julius Maada Bio s’est fait le champion de l’éducation et des droits des femmes. Il a dit à l’AFP privilégier l’agriculture et réduire la dépendance de son pays aux importations alimentaires au cours d’un second mandat.

Son principal adversaire, Samura Kamara, ministre des Finances puis des Affaires étrangères avant l’avènement de Julius Maada Bio en 2018, compte restaurer la confiance dans les institutions économiques nationales et attirer les investisseurs étrangers, a-t-il déclaré à l’AFP. Un candidat doit recueillir 55% des votes valables pour être élu au premier tour.

Les Sierra-Léonais éliront au même moment leur Parlement et les conseils locaux. Un tiers des candidats devront être des femmes, en vertu d’une nouvelle loi. La cherté de la vie est la préoccupation commune à une très grande majorité de Sierra-Léonais. Les prix de produits de base comme le riz sont montés en flèche. L’inflation était en mars de 41,5% sur un an.

Après des décennies de troubles, de coups d’État et de régimes autoritaires, la Sierra Leone élit son président depuis la fin des années 1990. Julius Maada Bio lui-même a été membre d’un groupe d’officiers qui avait pris le pouvoir par la force en 1992 et leader en 1996 d’un nouveau putsch à l’issue duquel il organisa des élections libres avant de partir pour les États-Unis.

Heurts à Freetown

Les défenseurs des droits dénoncent la persistance de graves abus, y compris de la part du gouvernement ou au nom du gouvernement. L’ouverture en février d’un procès pour corruption contre Samura Kamara juste après sa désignation comme candidat de l’APC a soulevé des questions.

Les analystes soulignent cependant qu’une grande partie des Sierra-Léonais devraient se déterminer bien plus en fonction des appartenances régionales que du prix des denrées ou du respect des droits, et feront le calcul que l’argent et le travail iront aux régions dont les représentants seront associés au vainqueur de la présidentielle.

Le risque de violence est l’une des inconnues, bien que la campagne ait été plus calme que les fois précédentes à Freetown, où des heurts ont opposé mercredi des forces de sécurité et des partisans de l’APC. Macksood Gibril Sesay, ancien membre de la commission électorale, se dit inquiet du fait qu’après les émeutes d’août 2022, il n’y ait «pas eu de processus de guérison».

La désinformation, elle, abonde de part et d’autre et les réseaux sociaux devraient exercer une influence qu’ils n’ont encore jamais eue. Environ trois millions de personnes ont désormais accès à internet, alors qu’elles n’étaient que 370’000 en 2018, indique le ministre de l’Information Mohamed Rahman Swaray.

(AFP)

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