France - Dany Boon présente son premier film diffusé uniquement sur Netflix

Dany Boon, dont le «Bienvenue chez les Ch’tis» reste le plus gros succès en France d’un film français, a lancé vendredi dans sa région du Nord son film «8 rue de l’humanité», comédie sur le confinement de 2020 qui révèle aussi bien les travers que la générosité. Autre signe des temps, le film ne sortira pas en salles, mais directement sur Netflix, le 20 octobre.

La première s’est tenue vendredi soir à Vitry-en-Artois, commune de 5000 habitants, dans cette région du nord de la France célébrée par Dany Boon dans les «Ch’tis». Devant la salle polyvalente métamorphosée par le géant du streaming vidéo en salle de projection avec tapis rouge, grand écran et chaises pliantes, la foule exultait d’accueillir l’enfant du pays.

Le film «ne sort pas au cinéma?», découvre Roberte Boché, qui bout d’impatience derrière une barrière en interpellant les acteurs. «Alors j’irai le voir chez ma fille!», abonnée, elle, à Netflix, sourit cette habitante de Vitry-en-Artois. «Certainement, avec les événements du Covid, on consomme le cinéma différemment, les plateformes permettent cet accès facile», mais «l’immersion dans la salle de cinéma, il n’y a rien de tel», estime Nicolas, venu avec sa fille Cassandra car «c’est rare qu’en province, dans une petite ville, on accède à un tel événement».

Si Dany Boon a réservé l’avant-première à sa région, le film, qui sort le 20 octobre sur la plateforme, sera ensuite présenté dans quatre autres communes françaises, avec à chaque fois une mise à l’honneur de «héros» locaux du confinement.

A Vitry-en-Artois, ce sont trois amis d’enfance, Wilfried Lallier, Franck Gilloteaux et Léo Guéant, aujourd’hui âgés de 19 et 20 ans, qui posent avec les vedettes sous le crépitement des flashs, façon festival de Cannes.

Pendant le confinement, ces trois copains ont fait les courses de personnes âgées ou isolées. Ils ont été «formidables, exemplaires, généreux», salue Dany Boon avant le début de la projection, à laquelle ont été conviés deux fois 140 habitants, en deux séances.

Dans «8 rue de l’humanité», Boon met en scène les habitants d’un immeuble parisien pris dans les affres du premier confinement, qui exacerbe leurs névroses mais stimule aussi leur créativité et, finalement, leur humanité.

L’intrigue navigue entre un biologiste ébouriffé obsédé par la quête d’un vaccin (Yvan Attal), un hypocondriaque toujours armé d’un thermomètre (Dany Boon), des enfants, éponges des angoisses de leurs parents, ou encore un jeune couple (Tom Leeb et Alison Wheeler) ne vivant plus qu’à travers les réseaux sociaux.

«Pour ma génération, assez privilégiée, la crise sanitaire est la première chose dure de notre vie qu’on traverse» ensemble, souligne Laurence Arné, co-scénariste et actrice, qui campe une avocate jonglant entre contraintes familiales et professionnelles. «C’est un événement qui aura marqué notre génération, il y a une sorte de solidarité entre nous tous à travers cette expérience difficile». A la sortie, les spectateurs se disent séduits par le mélange d’humour et d’émotions. «Je retiens surtout le désarroi du début, quand on ne savait pas du tout où on allait», commente Jean-Luc.

Film d’une époque, «8 rue de l’humanité» l’est aussi par le mode de diffusion choisi. Netflix est «un média complémentaire du cinéma», assure Dany Boon. «Le film va sortir partout, dans plus de 200 pays (...) et, pour ceux qui n’ont pas Netflix, il va être diffusé sur une grande chaîne de télé, hertzienne, dans quelques mois», insiste le réalisateur populaire.

La plateforme a promis de faire de 2021 l’année de «l’ancrage créatif et culturel en France», avec des propositions «fédératrices» et «grand public». La montée en puissance du «made in France» doit l’aider à remplir ses obligations européennes, alors que la contribution des plateformes à la création française est au coeur des préoccupations du monde du cinéma.