PremièreLa Suisse envisage le retour d’une djihadiste lausannoise
Alors qu’il a toujours refusé de rapatrier les djihadistes adultes, le Conseil fédéral pourrait faire une exception pour une mère et sa fille, actuellement détenues en Syrie.
- par
- Jonathan Zalts
La Suisse a déjà rapatrié des enfants de djihadistes. Ce fut notamment le cas en décembre 2021 avec le retour de deux jeunes Genevoises qui avaient été enlevées par leur mère et emmenées en Syrie. La Confédération a cependant toujours été inflexible quant au rapatriement des adultes partis à l’étranger avec des motivations terroristes, refusant d’intervenir dans leur retour.
Mais cette situation pourrait être amenée à changer. La RTS révèle en effet ce mardi que le retour d’une mère vaudoise et de sa fille de cinq ans, toutes deux détenues dans un camp kurde au nord de la Syrie, est examiné.
Ancienne étudiante de l’Université de Lausanne, la femme confiait il y a peu au micro de la «Rundschau» son regret d’avoir suivi son mari et d’avoir rejoint l’État islamique. Assurant qu’elle était alors «trop naïve», elle explique qu’elle «déteste» aujourd’hui l’organisation terroriste et qu’elle craint pour la sécurité de sa fille. Raison pour laquelle elle désire rentrer avec elle en Suisse.
Conditions difficiles
Comme en 2021, le rapatriement de l’enfant seule a d’abord été envisagé. Mais le dossier est bloqué depuis plusieurs années puisque la mère refuse de la laisser partir sans elle. La Lausannoise est-elle dès lors condamnée à rester emprisonnée en Syrie? Pas nécessairement, puisque selon la RTS, le Conseil fédéral pourrait faire une exception.
Au vu de la situation de plus en plus difficile dans les camps kurdes, la position de la Suisse sur le retour des djihadistes devient plus dure à défendre. Des organisations comme Save the Children ou Médecins sans frontières y dénoncent depuis des années les conditions de vie et poussent pour une intervention. Certains pays européens, comme la France, ont depuis revu leur position et procédé au rapatriement de femmes et d’enfants.
Dans le cas de la Lausannoise, l’élection d’Élisabeth Baume-Schneider au Conseil fédéral pourrait également faire bouger les choses, indique la RTS. Membre de la délégation de sécurité du gouvernement, la Jurassienne travaillerait notamment sur le dossier. «Le Conseil fédéral a pris une décision de principe sur le fait que l’on rapatriait les enfants, pas les parents, expliquait ce mardi la conseillère fédérale dans «La Matinale». On doit décorréler les décisions de principe de la situation particulière. Il faut voir si nous avons une responsabilité en termes de protection par rapport à cette femme et ses enfants, si un rapatriement est utile et fait sens du point de vue juridique et humain.»
Dangerosité évaluée
Bien qu’encore hypothétique, le rapatriement de la Vaudoise et de sa fille est actuellement examiné par le Département fédéral des affaires étrangères. FedPol ainsi que le Service de renseignement de la Confédération. La dangerosité d’un tel retour est notamment évaluée.
Si elle venait à revenir en Suisse, l’enfant serait prise en charge par la Confédération pour une intégration progressive à la société. Quant à la mère, elle serait arrêtée puis jugée. Il s’agirait alors d’une première en Suisse.