Steven Spielberg: «Être honoré à Berlin est l’un des moments les plus forts de ma vie»

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InterviewSpielberg: «Être honoré à Berlin est l’un des moments les plus forts de ma vie»

Le réalisateur s’apprête à recevoir un Ours d’or d’honneur à la Berlinale pour l’ensemble de sa carrière et vient de dévoiler le long-métrage «The Fabelmans». Il se confie avec émotion.

Fabio Dell'Anna, Berlin
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Fabio Dell'Anna, Berlin
Steven Spielberg est «honoré» de recevoir l’Ours d’or récompensant sa carrière.

Steven Spielberg est «honoré» de recevoir l’Ours d’or récompensant sa carrière.

Tristan Fewings/Getty Images

La salle de la conférence de presse est pleine à craquer ce mardi 21 février. Jamais autant de monde s’est déplacé pour voir un invité lors de cette 73e édition de la Berlinale. Personne ne voulait rater Steven Spielberg, qui est mis à l’honneur cette année par le festival de Berlin. Il a présenté la veille son film «The Fabelmans» (qui a reçu 2 Golden Globes et 7 nominations aux Oscars) et s’apprête à recevoir un Ours d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.

Depuis plus de 50 ans, le réalisateur nous fait rêver dans les salles obscures avec des films comme «E.T., l’extraterrestre», «Jurassic Park» ou encore «Il faut sauver le soldat Ryan». Le cinéaste est revenu sur ses plus beaux souvenirs dans le milieu du cinéma et a raconté comment son dernier long-métrage est certainement le plus personnel.

Quel effet cela vous fait de recevoir ce prix?

Ce genre d’award récompensant votre carrière vous ramène dans le passé. Cela vous oblige à réfléchir… Je pense notamment à ma mère qui est décédée il y a exactement six ans aujourd’hui et mon père il y a trois ans. Être honoré à Berlin, qui est l’un des festivals les plus importants de l’histoire, est certainement l’un des moments les plus forts de ma vie.

Êtes-vous toujours aussi inspiré par le cinéma qu’à vos débuts?

Je pense que rien n’a changé. J’ai conservé cette passion toutes ces décennies plus tard. Et je ressens à chaque fois le même niveau d’excitation lorsque je trouve un livre ou un scénario, ou que je propose une idée originale qui, je pense, pourrait faire un bon film.

«En avril 2020, j’ai commencé à penser pour la première fois à la mort et au fait de vieillir. Cette peur du Covid m’a fait trouver le courage nécessaire pour raconter mon histoire.»

Steven Spielberg, réalisateur

«The Fabelmans» sort le 22 février dans les salles. Il s’agit de votre film le plus intime qui retrace l’histoire de votre famille. Qu’est-ce qui vous a donné envie de raconter votre vie maintenant?

Le timing n’est jamais quelque chose de conscient chez moi. Pendant la pandémie, j’étais juste avec mes enfants, ma femme et mon chien. En avril 2020, j’ai commencé à penser pour la première fois à la mort et au fait de vieillir. Et cette peur du Covid m’a fait trouver le courage nécessaire pour raconter mon histoire. J’ai toujours pensé à réaliser un film sur ma mère, mon père, mes sœurs et cette lutte entre l’art et la famille. Tous mes longs-métrages sont personnels, mais aucun d’entre eux n’a été aussi spécifique sur ma vie que «The Fabelmans».

Lorsque vous réalisez un long-métrage, pensez-vous automatiquement de quelle manière il va influencer le monde?

Non. Quand je commence un nouveau projet, je ne me pose jamais la question: «Qui va être influencé par ce sujet?» Tout simplement car cela fait des décennies que je continue à faire des films l’un après l’autre et je n’ai pas le temps d’y réfléchir. (Rires.)

Parmi vos films, quel est votre préféré et celui qui a été le plus dur?

C’est un peu cliché, mais mes films sont comme mes enfants, je ne peux pas choisir un préféré. Celui qui a été le plus dur physiquement a été «Les dents de la mer». Le plus fatigant émotionnellement a été durant longtemps «La Liste de Schindler», mais il vient d’être détrôné par «The Fabelmans».

Quel souvenir gardez-vous du cinéma quand vous étiez jeune?

J’ai plusieurs histoires qui me viennent en tête. Par exemple, quand j’avais 9 ans, mes parents m’avaient dit que je ne pouvais pas aller au cinéma avec eux, car le film était trop violent. Il s’agissait du western «La Prisonnière du désert». Lorsqu’ils sont revenus, ils n’arrêtaient pas d’en parler. Énervé, j’ai pris le lendemain de l’argent dans un vase où l’on mettait toute la monnaie et je me suis rendu seul dans la salle. Je n’ai certainement pas compris le film aussi bien que j’aurais dû, mais cela a été l’un des moments les plus marquants de ma vie.

«Nous sommes en train de monter une grande production pour une série en sept épisodes sur Napoléon à partir d’un scénario original de Stanley Kubrick pour la chaîne américaine HBO»

Steven Spielberg, réalisateur

Avez-vous déjà un nouveau projet à annoncer?

J’étais tellement impliqué dans «West Side Story» et «The Fabelmans» que je n’ai pas eu l’occasion de penser à ce que je voulais faire ensuite. Je vous le dis en toute honnêteté, je n’ai aucune idée de ce qui va arriver maintenant. C’est une sorte de sensation agréable et horrible à la fois. Je suis content de reprendre le contrôle de ma vie, mais j’ai besoin de travailler. Je n’ai pas encore de nouvelles idées, mais dans les projets en cours, il y a celui de l’adaptation d’un scénario original de Stanley Kubrick sur Napoléon. Nous sommes en train de monter une grande production pour une série en sept épisodes pour HBO à partir d’un script écrit en 1961.


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