Formule 1La tension monte chez Ferrari
Mamma mia, encore raté. Au cours des qualifications du Grand Prix du Canada, Charles Leclerc a été éliminé avant la troisième phase, tandis que Carlos Sainz, huitième, a reçu une pénalité qui le recule de trois places.
- par
- Luc Domenjoz
Plus compliqué que prévu
Débauché de l’écurie Sauber, Frédéric Vasseur est arrivé à la tête de la Scuderia Ferrari le 4 janvier dernier. Force est de constater que presque six mois plus tard, le Français n’a pas encore pu changer la structure de la Scuderia.
Evidemment, il devait d’abord observer avant de décider. Mais à part le déclassement d’Iñaki Rueda, qui s’occupait de la stratégie l’an dernier - et qui a commis un nombre d’erreurs invraisemblable -, rien n’a vraiment changé chez Ferrari.
Et déjà les rumeurs venues d’Italie affirment que Frédéric Vasseur serait en conflit avec Benedetto Vigna, le nouveau patron de la marque Ferrari (qui chapeaute l’écurie de Formule 1), le dernier empêchant le premier de prendre les décisions qui lui semblent nécessaires.
Dans un quotidien français, samedi, Frédéric Vasseur confirmait simplement que sa tâche de direction de l’écurie s’avérait «plus compliquée que prévu», sans vouloir s’étendre sur le détail de ces complications.
Diriger la Scuderia est reconnu comme le boulot le plus compliqué qui soit en Formule 1: avant lui, six patrons se sont succédés à la tête de l’écurie en 16 ans. Une instabilité qui n’aide pas à structurer une équipe qui en a bien besoin.
Leclerc fâché
A Montréal, Ferrari a réitéré ses erreurs habituelles: des hésitations tactiques qui conduisent à la catastrophe.
Vendredi, au cours de la journée d’essais libres, les deux Ferrari se sont montrées particulièrement à l’aise sur le tracé canadien - à tel point qu’Helmut Marko, chez Red Bull, prédisait qu’elles étaient en mesure de remporter le Grand Prix du Canada.
Mais au cours des qualifications, samedi, les erreurs se sont empilées. Carlos Sainz, à trois reprises depuis vendredi, préparait un tour rapide en s’arrêtant presque sur la piste avant la dernière chicane. Gênant ses adversaires, il a été condamné à trois places de pénalité sur la grille de départ - il partira donc onzième après s’être qualifié huitième (lire ci-dessous).
La séance de qualification s’est déroulée sous la pluie, avec une piste alternant le sec et le mouillé. Des circonstances changeantes qui nécessitaient un peu de chance et beaucoup de flair.
Chez Williams, en Q2, on a envoyé Alex Albon en piste avec des pneus «slicks». Un pari risqué mais payant puisque le Thaïlandais a signé le meilleur chrono de la séquence avant que la pluie ne se remette à tomber.
Chez Ferrari comme chez tous les autres, on s’est élancé avec des pneus intermédiaires, avant de les changer pour des slicks. Ce qui a fâché Charles Leclerc: «J’avais demandé de passer en slicks dès que j’ai pris la piste. Alex (Albon) a fait ça, et c’était clairement le bon choix. Quand la piste est sèche, vous mettez les slicks, je ne comprends pas pourquoi on ne l’a pas fait. Je vais en discuter avec l’écurie, mais ce n’est pas la première fois que nous prenons la mauvaise décision. On ne peut plus se permettre de commettre de pareilles erreurs. Je dois comprendre pourquoi ils n’ont pas voulu que je mette les slicks, alors qu’ils voyaient bien qu’Alex (Albon) était rapide. Je dois comprendre dans quel but ils ont agi de cette manière.»
Des excuses exigées
Le soir, Charles Leclerc avait quelque peu édulcoré son discours au moment de s’adresser à la télévision italienne: «Je suis calmé, lâchait-il. En qualification, il y a de l’adrénaline, on veut bien faire, et là on a pas fait du bon travail. Après les qualifs, je me suis un peu laissé aller, car il y a énormément de passion. On va en discuter pour progresser, parce que pour le moment, on ne vit pas de bons moments.»
Le pilote monégasque avait-il été rappelé à l’ordre après ses propos trop durs? Ce n’est pas le genre de Frédéric Vasseur de critiquer ses pilotes. Du coup, si un tel rappel à l’ordre s’est réellement produit, il a dû être le fait de Benedetto Vigna. Mais ce dernier pourrait-il vraiment donner des conseils directs à ses pilotes, en passant par-dessus Frédéric Vasseur?
Gasly: «un pilotage inacceptable»
Carlos Sainz, sur l’autre Ferrari, s’est qualifié huitième dans ces conditions difficiles, mais il a été pénalisé de trois places après avoir gêné Pierre Gasly. Le Français visait une place dans les dix premiers, mais a échoué à la 15e place sur la grille de départ. «La façon dont Carlos s’est conduit est tout simplement inacceptable», se plaignait le pilote Alpine après les qualifications. «C’est aussi simple que ça. J’arrivais à 300 km/h, et il se promenait à 30 km/h dans la dernière chicane, tout simplement concentré sur son propre tour. Mais vous n’êtes pas seul sur un circuit! Premièrement, je n’ai pas pu terminer mon tour, qui m’aurait facilement placé dans les 6 premiers, et deuxièmement c’est extrêmement dangereux et inutile. Je suis dégoûté.»