FootballLe troublant flash-back de NE Xamax
Les Neuchâtelois tournent-ils en rond? Ils sont en train de revivre, avec une ressemblance frappante, leur saison 2021/2022.
- par
- Florian Vaney
Un «fournisseur de sensations fortes», qui «redécouvre le bon côté du foot». Ces mots, on les avait employés pour parler du Neuchâtel Xamax de l’été 2021. À y regarder de plus près, on aurait pu en faire exactement de même en ce début de saison. Deux fois, les Rouge et Noir étaient proches d’atteindre le fin fond d’un gouffre. Deux fois, ils se sont sentis pousser des ailes pour en ressortir. Dans les faits, ça donne deux exercices (2020/2021 et 2022/2023) d’une tristesse infinie où la menace d’une relégation n’a jamais cessé de planer. Et deux débuts de saisons suivantes fracassants pour mieux tourner la page, avec arrêt brutal ensuite.
Alors se pose la question: Xamax vit-il dans une boucle? Parce que la comparaison ne s’arrête pas. Certains éléments la rendent même particulièrement troublante. Comme en 2021, le pensionnaire de la Maladière comptait 10 points après quatre sorties cet été. Mais pas 10 points acquis frileusement, non. Soit des démonstrations (4-0 face à Thoune), soit des luttes spectaculaires (3-2 à Aarau, après avoir mené 3-0). Ces expériences jouissives, sa version d’il y a deux ans avait vécu les mêmes. Jusqu’à arriver au même point de bascule.
Les honneurs de la Coupe, puis la glissade
Neuchâtel a connu l’un de ses plus agréables moments de football de ces dernières années le 15 septembre passé. Jour où Young Boys a eu toutes les peines du monde à repartir d’une Maladière garnie comme jamais (9’000 spectateurs) avec sa qualification pour les 8es de finale de la Coupe de Suisse (1-0). Les Xamaxiens ont certes fini vaincus, mais avec les honneurs, face à la meilleure formation du pays, ne concédant le seul but du match qu’au début des arrêts de jeu.
Flash-back. On est le 17 septembre 2021, l’adversaire s’appelle Lugano, la Maladière se veut plus clairsemée, mais le scénario est connu. Un Xamax admirable, un favori dans ses petits souliers et un seul petit but inscrit… à la 89e par un certain Christopher Lungoyi, alors Luganais. Il fallait peut-être y voir une prémonition. À la suite de cet événement, les Neuchâtelois avaient plongé en Challenge League. Tout comme le revers face à YB il y a deux semaines les a fait redescendre de leur nuage. Six matches d’invincibilité avant cet épisode (trois victoires et trois nuls). Trois défaites depuis, la dernière vendredi face à Sion.
Échapper à son destin
Est-ce que tout cela dit autre chose qu’une improbable coïncidence? Peut-être pas. Existe-t-il des enseignements à en tirer? Peut-être bien. Deux ans plus tôt, Xamax avait dégringolé jusqu’à la 9e place à la trêve hivernale, mais à neuf longueurs seulement de la tête. Le club s’était pourtant séparé ici de ses dernières ambitions, vendant Louis Mafouta et Maren Haile-Selassie pour une jolie somme. Le concept alors avait été de faire de la place aux jeunes (pour de vrai), ce qui avait honorablement fonctionné au second tour, l’équipe terminant finalement 6e.
Seulement, aucun de ces jeunes n’avait réellement explosé, mis à part peut-être dans le cas complexe de Franck Surdez. Et les liasses de billets encaissées lors du mercato hivernal n’avaient pas servi à enrôler des joueurs de premier plan six mois plus tard. La boucle avait alors suivi son cours et Xamax était tombé très bas.
Si les événements actuels continuent de coller à une trame désormais connue, chaque choix effectué ces prochains mois à la Maladière devra être finement soupesé. Et réfléchi à l’aune d’un passé douloureux. Neuchâtel et ses supporters ont déjà assez souffert comme ça.