SuissePeu de visas pour les victimes du séisme: la raison principale, c’est l’argent
Une conseillère nationale s’étonne du peu de visas délivrés aux personnes touchées par le séisme en Turquie. Leur octroi est soumis à des contraintes, lui répond le Conseil fédéral.
- par
- Eric Felley
La conseillère nationale Sibel Arslan (V/BS), originaire de Turquie, s’est inquiétée lundi à l’Heure des questions des difficultés rencontrées par les personnes turques touchées par le séisme du 6 février dernier, qui voudraient rejoindre leur famille en Suisse. «Le Conseil fédéral avait promis une procédure accélérée et simplifiée, constate-t-elle. Or seuls 19 visas avaient été octroyés au 6 mars». Elle ajoute que pour beaucoup de personnes, il est difficile de remplir les conditions fixées, notamment fournir les documents d’identité ainsi que des garanties financières à hauteur de 30 000 francs. Dans ces conditions, elle se demande si le Conseil fédéral estime avoir réalisé «son intention d’action humanitaire»?
25 visas après un mois
Dans sa réponse Élisabeth Baume-Schneider a articulé des chiffres actualisés, mais guère plus élevés: «Au 8 mars 2023, 273 demandes de visa avaient été reçues en lien avec le tremblement de terre en Turquie et en Syrie. 25 visas ont été accordés et 20 visas ont été refusés». Elle note que les exigences en matière de visa pourraient être évaluées positivement dans de nombreux cas: «Mais la seule chose qui manque pour qu’un visa soit délivré est la confirmation des parents en Suisse qui les accueilleront et les financeront».
La cheffe du Département de justice et police précise que l’action humanitaire helvétique est conditionnée: «Les autorités suisses ont créé un cadre qui permet aux proches d’accueillir rapidement et temporairement des victimes du tremblement de terre, si elles peuvent faire face aux frais liés au voyage et au séjour».
Zéro coûts pour l’État
D’une manière générale, l’action humanitaire de la Suisse est cadrée par les Accords de Schengen: «En donnant la priorité aux demandes de visa, les autorités suisses permettent aux proches parents d’apporter leur soutien. Les coûts de cette aide privée ne sont pas supportés par l’État, mais par les proches eux-mêmes. Ceci est assuré par la déclaration d’engagement. La délivrance d’un visa de court séjour est soumise au droit Schengen. Le retour en toute sécurité et l’obligation de prendre en charge les frais pouvant découler du voyage ou du séjour sont des conditions obligatoires pour un visa Schengen. La Suisse ne peut pas s’en écarter».