TrailPositif au Covid, Kilian Jornet remporte l’Ultra-Trail du Mont-Blanc
L’Espagnol n’en a pas fini d’écrire sa légende. Incertain quant à sa participation jusqu’à la dernière minute, il a remporté le plus célèbre des trails samedi à Chamonix.
- par
- Florian Vaney
On retiendra que c’est du côté suisse que s’est jouée une grande partie de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc édition 2022 (171 km, 10’000 m de dénivelé). Les sentiers helvétiques se sont fait le théâtre de l’étonnant chassé-croisé entre Katie Schide et Marianne Hogan. La seconde pensait avoir définitivement laissé derrière elle l’Américaine juste avant de rejoindre La Fouly (KM 113), allant jusqu’à prendre plus de dix minutes d’avance dans la foulée. La tendance n’avait rien de définitif. Quelques kilomètres après le passage à Champex (KM 127), l’écart avait disparu, et Katie Schide filait vers la victoire. Ce qui était toujours le cas au moment où le premier homme franchissait la ligne d’arrivée.
La course hommes, justement, a vécu l’un de ses deux grands tournants dans cette même montée entre Champex et la Giète. C’est là que la réalité a encore une fois rattrapé Jim Walmsley. Après avoir mené l’épreuve durant plus de 120 kilomètres, le bondissant Jim se voyait coupé dans son élan par des maux de ventre. Habitué de ce genre de défaillances, il ne deviendrait pas le premier Américain à remporter le plus célèbre des ultra-trails. Pas encore.
Sa violente baisse de régime laissait la voie libre à un duel passionnant, symbolisé par ces mouvements de foule à Vallorcine (KM 153), où le public n’est pas habitué à voir passer deux coureurs luttant pour la victoire côte à côte. Eux? Le Français Mathieu Blanchard, parti depuis derrière et remonté aux avant-postes grâce à une gestion de course impressionnante. Et, forcément, l’inévitable Kilian Jornet.
Ni malade, ni affaibli, mais bel et bien positif
Les éléments en voulaient à l’Espagnol. Comment tenir le rythme alors qu’il était engagé sur Sierre-Zinal, ses «seulement» 31 km et son profil totalement différent il y a encore deux semaines? Comment, surtout, inscrire une quatrième fois son nom au palmarès de l’UTMB alors que son test de dépistage au Covid reçu mercredi affichait positif?
S’il a fini par prendre le départ, c’est qu’il ne se sentait ni malade ni affaibli, a-t-il déclaré à l’heure de confirmer sa participation. Cela s’est senti au moment où il a fallu forcer la décision. Il a largué son rival dans le faux plat suivant Vallorcine, s’est retourné quelques fois pour être sûr d’avoir fait la différence. Oui, oui: il n’y avait plus personne d’autre que le public pour le pousser vers la ligne d’arrivée et célébrer l’extraterrestre Kilian Jornet.
Au passage, et malgré une foulée amoindrie dans la dernière descente, il devient le premier à boucler le parcours complet en moins de 20 heures (19h 49’ 32’’). Un exploit imité par Mathieu Blanchard cinq minutes plus tard (19h 54’ 50’’).