Commentaire - Il ne faudra plus fâcher Simonetta Sommaruga

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CommentaireIl ne faudra plus fâcher Simonetta Sommaruga

Après la volte-face de certains pays sur l’élimination des énergies fossiles à la COP26, la conseillère fédérale s’est dite «fâchée». Un mot fort dans sa bouche contre les marchands de carbone.

Eric Felley
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Eric Felley
La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga en charge des transports de l’énergie et de l’environnement en Suisse s’est particulièrement impliquée durant ce sommet mondial sur le climat.

La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga en charge des transports de l’énergie et de l’environnement en Suisse s’est particulièrement impliquée durant ce sommet mondial sur le climat.

AFP

Les partisans des énergies fossiles n’ont pas dit leur dernier mot sur cette terre. La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a dû se rendre à l’évidence que les lobbys du pétrole ou du charbon sont aussi influents à Glasgow qu’à Berne. Dimanche sur les ondes de la RTS, elle s’est dite «fâchée» par la tournure prise autour la résolution finale de la COP 26, où l’on est passé d’une volonté d’éliminer les énergies fossiles à une promesse de les réduire. C’est un peu comme si la conférence avait débattu pendant deux semaines sur l’urgence d’arrêter de fumer pour sauver sa santé, mais que finalement on se contenterait de réduire sa consommation.

«Fâchée», il est rare d’entendre un mot aussi fort dans la bouche de la conseillère fédérale habituée à davantage de retenue. Même après la défaite de la loi CO2 dans les urnes, elle ne l’était pas. Elle était déçue, mais pas fâchée. «Ce non n’est pas un non à la protection du climat, c’est un non à cette loi», avait-elle dit pour signifier qu’elle allait remettre l’ouvrage sur le métier. À Glasgow, ce n’est pas le peuple qui a fait échouer la lutte contre le CO₂, mais certains grands pays comme la Chine et l’Inde.

Tandis que l’écoanxiété augmente

De retour à Berne, Simonetta Sommaruga pourra aller saluer ce père de famille fribourgeois qui fait la grève de la faim sur la place Fédérale depuis deux semaines. L’homme a lu le rapport du GIEC au mois d’août et il estime que l’avenir de ses enfants sur cette planète est dorénavant compromis. Il demande à la conseillère fédérale de faire en sorte de convoquer l’Assemblée fédérale pour un débat sur la question climatique.

Des débats, il y en a eu déjà pourtant beaucoup. Mais l’action isolée de cet homme est révélatrice de l’augmentation de l’écoanxiété dans la population. Comme il y a de fortes probabilités que sa requête ne sera pas satisfaite, va-t-il vraiment se laisser mourir pour devenir un martyr du climat? Ou préféra-t-il continuer à vivre pour ses enfants, qu’il prétend vouloir sauver?

Dans la campagne 2023

Ce dimanche, pour marquer la fin de cette conférence, les socialistes et les Verts pont annoncé en même temps le lancement de deux initiatives pour faire avancer la transition écologique et la décarbonisation de la Suisse à coups de milliards de francs. Cela démontre une fois de plus la volonté de la gauche d’imposer cette thématique dans la campagne pour les élections fédérales 2023. En face, les gagnants du 13 juin dernier contre la loi sur le CO₂ savent qu’ils ne peuvent pas s’endormir sur une victoire à 51,6% des voix. Mais ils doivent se dire aussi que si le Conseil fédéral avait envoyé Ueli Maurer à la COP26, il n’aurait pas été fâché, il aurait simplement pris acte.

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