FootballL’idée d’une Super Ligue européenne n’est pas morte
Jeudi, Andrea Agnelli, le président de la Juventus, a réaffirmé sa volonté de profonde réforme et que onze parmi les plus grands clubs du continent étaient encore étroitement liés à ce projet.
- par
- André Boschetti
Il y a moins d’un an, l’idée d’une Super Ligue européenne avait été vigoureusement contestée par l’ensemble des supporters, qui l’avaient bien fait comprendre à Andrea Agnelli et à ses «complices». Ce qui n’a pas empêché le président de la Juve de repartir à l’offensive, jeudi.
AFPAvec beaucoup d’optimisme, et de naïveté, nombreux sont ceux qui espéraient que les quinze milliards d’euros que devraient rapporter, selon l’UEFA et l’ECA (l’Association européenne des clubs), les droits commerciaux de la Ligue des champions pour la période 2024-207 allaient éloigner - du moins provisoirement - l’idée de cette Super Ligue européenne qui avait été si vivement décriée, l’an passé.
Or, moins d’un mois après l’annonce fracassante de cette augmentation de près de 40% des revenus liés à la plus prestigieuse des compétitions de clubs, les dissidents sont repassés à l’offensive. Jeudi, à l’occasion d’une convention organisée par le «Financial Times» sur le business dans le monde du football, Andrea Agnelli a confirmé que le projet d’une Super Ligue européenne était toujours d’actualité.
«Le football a besoin de profondes réformes. Le compromis n’est plus une solution, a-t-il répété. Un opérateur monopolistique (ndlr: l’UEFA) est-il encore à même de gérer un business comme le football? Je pense que non.»
Ceferin et Tebas à l’attaque
En d’autres termes, pour le président de la Juventus et les autres promoteurs de la Super Ligue, une même entité ne peut plus à la fois organiser les compétitions et en gérer les aspects commerciaux.
Une question brûlante qui aura une réponse d’ici à la fin de l’année puisque c’est le délai que s’est apparemment donné la Cour de justice de l’Union européenne pour se prononcer sur la légitimité du rôle et des pouvoirs de l’UEFA dans la gestion de ses compétitions.
«Le football a besoin de profondes réformes. Le compromis n’est plus une solution. Un opérateur monopolistique (ndlr: l’UEFA) est-il encore à même de gérer un business comme le football? Je pense que non.»
Avant même l’intervention d’Andrea Agnelli, Alexander Ceferin avait anticipé les propos du président de la Juve. «Les clubs sont libres de créer leur propre tournoi, reconnaissait le président de l’UEFA, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils ne seront dès lors plus autorisés à participer aux compétitions organisées par l’UEFA. Avant, ils avaient utilisé la pandémie (pour lancer leur projet) et maintenant la guerre.»
La réaction de Javier Tebas, président de la Liga espagnole, est plus virulente encore. «Les clubs dissidents mentent encore plus que Poutine!» Javier Tebas raconte ensuite que les présidents de la Juventus, du Real Madrid et du FC Barcelone, les trois clubs leaders du projet de Super Ligue, se sont récemment rencontrés à Turin pour repartir à la charge.
Pas un traître
Accusé depuis près d’un an de trahison par Alexander Ceferin, Andrea Agnelli - qui était alors membre du Comité exécutif de l’UEFA - a voulu clarifier sa position. «J’ai toujours été très clair avec l’UEFA en leur communiquant, par écrit, qu’en tant que président de la Juventus je travaillais aussi sur d’autres projets. Ils m’ont répondu que je serais quand même éligible au Comité exécutif. Voilà la vérité.»
Pour conclure, Agnelli a confirmé que onze des douze clubs à l’origine de cette volonté de créer la Super Ligue (Juventus, Real Madrid, Barcelone, Milan, Manchester United, Chelsea, Manchester City, Arsenal, Tottenham, Atletico Madrid et Liverpool) sont toujours liés contractuellement à elle. Seule l’Inter ne l’est plus car elle avait lié sa participation à l’approbation des membres de son assemblée générale.