SessionLes Chambres ne veulent pas limiter le sucre dans les aliments
Après les États, le National refuse à son tour deux initiatives en ce sens des cantons de Genève et de Fribourg. Au grand dam de la gauche.
- par
- Christine Talos
Les quantités de sucre dans les aliments ne seront ni restreintes ni indiquées de manière compréhensible et claire dans l’étiquetage. Après le Conseil des États en hiver 2021, le National, emmené par la droite, a refusé à son tour de donner suite à deux initiatives en ce sens des cantons de Genève et de Fribourg. Il a estimé que les efforts de l’industrie étaient suffisants.
Genève voulait réglementer de manière restrictive la teneur en sucres ajoutés à des boissons industrielles et des aliments transformés. But: réduire les effets nocifs de leur consommation sur la santé des citoyens. «Il nous faut une véritable politique volontariste de santé publique car l’État a pour rôle de prévenir les maladies», a défendu Stefania Prezioso Batou (EàG/GE).
«Pas le rôle de l’État»
La proposition genevoise a été balayée par 121 voix contre 67. «Pour la majorité, le rôle de l’État n’est pas d’éduquer les citoyens dans leurs habitudes alimentaires quotidiennes», a résumé Philippe Nantermod (PLR/VS) au nom de la commission. En outre, mieux vaut compter sur la volonté des fabricants de réduire la teneur en sucre des aliments, selon lui. Et de rappeler que des grands producteurs de boissons, dont Coca-Cola venaient de décider de réduire la teneur en sucre de leurs produits (lire encadré).
Fribourg voulait pour sa part rendre obligatoire la teneur en sucres dans la déclaration nutritionnelle. «La quantité de sucre consommée quotidiennement ne devrait pas dépasser l’équivalent de six cuillères à café, alors qu’en Suisse la consommation par habitant est quatre fois supérieure», a rappelé Valérie Piller-Carrard (PS/FR). Superflu, a estimé la majorité. En effet, suite à la révision de la loi sur les denrées alimentaires, il sera bientôt obligatoire de déclarer la teneur en sucres dans le tableau des valeurs nutritionnelles, a rappelé Philippe Nantermod.
Fribourg voulait aussi rendre l’étiquetage lisible et d’emblée compréhensible pour tout le monde. Inutile, là aussi, puisque l’UE travaille déjà sur la question. Mieux vaut attendre ce que décide Bruxelles, a expliqué en substance Philippe Nantermod. Au grand dam de la secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs, Sophie Michaud Gigon (Verts/VD) et de Laurence Felhlmann Rielle (PS/GE) qui ont tweeté leur mécontentement.
Engagement des producteurs de boissons
Pour rappel, des entreprises, dont le groupe Coca-Cola et Rivella, se sont engagées dans une déclaration le 14 février dernier à réduire volontairement de 10% d’ici à fin 2024 la teneur en sucre de leurs boissons. Une quinzaine de sociétés, dont Nestlé, Aldi, Coop, Migros, Danone, Cremo ou Emmi, faisaient déjà partie de la «Déclaration de Milan», du nom de l’accord signé à l’origine en 2015. Ces dernières s’étaient engagées à réduire le sucre dans les yogourts et les céréales. Bilan: la teneur en sucres ajoutés des yogourts a baissé de plus de 5% depuis 2018 et celle des céréales pour le petit-déjeuner de 13%. L’objectif étant de 5% pour les yogourts, et de 8% pour les céréales.