ArgentineDes milliers d’Argentins manifestent pour le pouvoir d’achat
Des milliers de manifestants ont défilé, avec calme, dans les rues de Buenos Aires pour réclamer notamment une hausse des salaires.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté mercredi à Buenos Aires, s’apprêtant pour une partie d’entre elles à camper la nuit devant la présidence, pour réclamer une hausse des salaires, à la veille de l’annonce de l’indice d’inflation pour juillet qui devrait rogner encore le pouvoir d’achat.
Les manifestants, à l’appel d’organisations situées à la gauche du gouvernement de centre gauche d’Alberto Fernandez, ont convergé, sans incidents, vers la Plaza de Mayo, siège de la présidence, et du ministère de l’Économie dans une rue adjacente.
À la tombée de la nuit, quelques centaines de tentes étaient dressées sur la place ou à même la chaussée, des petits feux ou barbecues improvisés en musique, par les manifestants qui demandent à être reçus par le nouveau ministre de l’Économie Sergio Massa depuis une semaine.
Amortir l’inflation
Les organisations de gauche radicale dénoncent la timidité des mesures sociales du gouvernement, plus soucieux selon elles de rassurer les marchés financiers que d’amortir le choc inflationniste pour les couches défavorisées.
Parmi leurs revendications figurent une hausse drastique du salaire minimum, de 45’540 pesos (306 francs) à 105’000 pesos (701 francs), la valeur estimée du panier alimentaire pour une famille de quatre pour se maintenir au-dessus du seuil de pauvreté. Ils réclament aussi une prime de 20’000 pesos (135 dollars) pour les retraités, les auto-entrepreneurs vulnérables, les travailleurs précaires.
«Le ministre (Massa) s’est adressé aux marchés, aux pouvoirs économiques, mais n’a apporté aucune réponse aux secteurs populaires sur la façon d’atténuer un processus inflationniste sans fin», a dénoncé Eduardo Belliboni, dirigeant du Polo Obrero, une des principales organisations au cœur de la manifestation.
Économie instable
Le rassemblement, qui fait suite des mobilisations similaires ces dernières semaines, intervient à la veille de la publication de l’indice d’inflation pour juillet, qui selon les prévisions de plusieurs économistes, pourrait être, autour de 7%, le plus élevé de l’année en cours.
L’économie argentine, notoirement instable, a vécu un mois de juillet particulièrement fébrile, avec la démission surprise du ministre de l’Économie depuis deux ans Martin Guzman, un bref intérim de Silvina Batakis, et des efforts à ce jour vains du gouvernement pour enrayer une inflation à 36,2% pour le premier semestre, 64% sur les douze derniers mois.
Le ministre Massa a annoncé mercredi un coup de pouce (+15,53%) pour les retraites, les allocations familiales, malgré l’objectif de discipline budgétaire auquel s’est engagée l’Argentine dans le cadre de son accord, en mars, avec le FMI pour le refinancement de sa dette.