Motocyclisme: Il y a le feu dans la maison Honda

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MotocyclismeIl y a le feu dans la maison Honda

Marc Márquez parle de «mode survie», les autres ne disent rien, ou alors des banalités: la RC213V millésime 2022 n’est pas meilleure que les précédentes. Et son pilote No 1 commence à en avoir marre de se faire mal… 

Jean-Claude Schertenleib
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Jean-Claude Schertenleib

6 mars 2022, dans la nuit qatarie. Pol Espargaró termine troisième du GP du Qatar, à 1’’351 du vainqueur, l’Italien Enea Bastianini (Ducati): «Qui a dit que la Honda n’était faite que pour Marc (Márquez)? La nouvelle RC213V est prometteuse, quelle saison on va passer!» Le plus jeune des frères Espargaró est rayonnant. Marc Márquez (5e de cette même course) est déjà plus dubitatif.

Deux semaines plus tard, en Indonésie, Honda perd son homme fort (quatre chutes en l’espace de deux jours). Espargaró n’est plus que douzième, juste devant Alex Márquez, le petit frère de… Argentine? Marc est encore forfait, Pol n’évite pas la chute, les deux pilotes du second team Honda, Nakagami et A. Márquez, doivent se contenter des 12e et 15e rangs. Arrive le GP des Amériques, on va voir ce qu’on va voir, parce que Marc Márquez est de retour et qu’au Texas, on sait qu’il évolue deux crans en dessus de tout le monde; zut, encore raté, l’électronique fait des siennes au départ, le pilote fait des miracles sur la piste pour revenir de la dernière à la sixième place. Les autres ne sont pas dans le top 10.

Au Portugal, il y a une semaine, il y a du mieux au niveau des chiffres: les frères Márquez se battent jusqu’au bout sixième place en jeu, Espargaró est neuvième. «Oui, mais nous ne sommes pas ici pour se réjouir d’une sixième place», rappelle le champion. Qui, après les qualifications du GP d’Espagne de ce dimanche, a été plus loin: «Aujourd’hui, j’ai essayé de survivre en suivant d’autres pilotes. Dans le passé, je vivais exactement l’opposé de ce que j’affronte désormais: tous les autres essayaient de prendre ma roue aux essais. Maintenant, c’est mon tour de le faire et c’est beaucoup moins drôle à vivre.» On est désormais loin du politiquement correct des communiqués de presse officiels.  

Márquez en a assez

«Marc a enfin compris qu’il n’était pas fabriqué en caoutchouc», observait Danilo Petrucci aux États-Unis. Ancien pilote Ducati, puis KTM, l’Italien est engagé cette année en championnat américain superbike. «Il en a assez de se faire mal, c’est vrai», ajoute un homme proche du dossier, comme on dit dans ce cas de figure. «Au Portugal, il aurait pu aller plus vite, mais à quelle fin? Il a joué avec son frère, il a montré qu’il restait le plus rapide des pilotes Honda et point final», précise encore cet informateur.

Ces mots, encore, du principal intéressé: «Je ne comprends toujours pas où est la limite, j’essaie donc d’être très précis. Je dois rouler prudemment, sinon je tomberais encore plus souvent. Sans confiance avec l’avant, je ne peux pas en faire trop, c’est la seule façon de rouler à un rythme constant pour le moment, mais ainsi, ce rythme est trop lent.» La suite, c’est un douloureux cercle vicieux: un Márquez absent parce que blessé, comme c’est souvent le cas depuis deux ans, c’est un Márquez incapable de participer au développement de la moto, une tâche visiblement trop grande pour ses collègues de marque. Et sans véritables pistes de travail, les ingénieurs nippons, distance géographique et culturelle en prime, ont tendance à prendre pour vérités les règles théoriques.

Lundi, dit-on, plusieurs nouvelles pièces seront testées par les pilotes Honda. Assez pour que Marc Márquez retrouve le rôle qui doit être le sien, celui de l’homme qu’on essaie de suivre, pas celui qui cherche les roues arrières des autres?

La phrase: Fabio Quartararo

«Je peux vous dire que je n’ai rien signé. On en saura peut-être un peu plus lundi. Pour le moment, je suis concentré sur la course»: Fabio Quartararo a une fois encore répondu à ceux qui sont persuadés que son avenir immédiat – deux ans de contrat supplémentaires avec Yamaha – est désormais scellé. «Mon manager est présent à Jerez, il mène des discussions, mais nous ne changeons pas pour autant nos habitudes: dès que j’arrive sur un circuit, je ne m’intéresse qu’à la course du dimanche. Ensuite, le lundi ou le mardi, nous nous réunissons pour faire la critique de l’exercice et aussi parler d’autres choses», ajoute le champion du monde.

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