SociétéLes appels à l’aide pour automutilation explosent en Suisse
La durée moyenne des consultations de personnes ayant composé le numéro d’aide de Pro Juventute s’allonge, et les interventions de crise ne cessent d’augmenter.
Le nombre d’appels de jeunes pour se faire aider via le 147 a pris l’ascenseur.
Pro JuventuteDepuis 2019, le nombre de consultations auprès du 147, le numéro d’aide dédié aux jeunes de Pro Juventute a augmenté de 40%. Au premier semestre 2023, il a encore augmenté de 7,5% par rapport à la même période de l’année précédente. Près de la moitié des appels (45%), concernent des problèmes personnels tels que les pensées suicidaires, la dépression et les angoisses. Chaque jour, 7 à 8 jeunes gens composent le 147 en raison de pensées suicidaires, et 4 enfants et jeunes appellent au sujet de la dépression. Avec une augmentation de 39%, les consultations sur le thème des comportements d’automutilation ont connu une hausse particulièrement importante par rapport à la même période de l’année précédente.
Un appel au secours
L’ado qui a envie de se mutiler souhaite en fait montrer sa souffrance rappelle une fondation québécoise qui offre des conseils sur le sujet. Souvent assimilée à tort au suicide, l’automutilation est d’abord une stratégie de communication et de gestion de ses émotions. En se punissant eux-mêmes les jeunes montrent ce qu’ils perçoivent comme des échecs dans leur vie. Ils sont dans une telle détresse que les mots ne suffisent plus à exprimer leurs maux.
Souvent, le passage à l’acte est provoqué par le besoin d’exprimer physiquement un profond mal-être psychique, dont les causes sont multiples. L’augmentation de 39% des consultations liées à l’automutilation interpelle et est symptomatique d’une jeunesse dont la santé mentale est vulnérable, constate Pro Juventute. Un environnement stressant et multicrise: crise sanitaire, guerre en Ukraine et crise climatique impacte directement sur cette détresse psychique.
Autre triste record à signaler, il concerne les interventions de crise. Au cours du premier semestre 2023, les conseillères et conseillers ont fait appel à un service d’urgence pas moins de 74 fois au total, parce qu’un jeune voulait se faire du mal. Cela correspond à une augmentation de 14% par rapport à la même période de l’année précédente – et à une intervention de crise toutes les 60 heures. Autre chiffre: alors qu’une consultation téléphonique durait en moyenne 5 minutes et 52 secondes avant la pandémie de Covid-19, elle durait 9 minutes et 34 secondes au premier semestre 2023. Cela correspond à une augmentation de 63%.
Parents aussi demandeurs de conseils
Le service Conseils aux parents de Pro Juventute a enregistré une hausse des consultations de 12% par rapport au premier semestre 2022. La hausse est même de 74% par rapport à avant la pandémie de Covid-19. Par rapport à la même période de l’année précédente, les consultations avec des adultes ont particulièrement augmenté sur le thème du harcèlement et du cyberharcèlement (+70%) ainsi que sur les problèmes personnels (+30%).
À noter que le 147, ainsi que le service Conseils aux parents, seront désormais disponibles sur WhatsApp, à partir du 18 septembre, en Suisse alémanique. Ce service existe déjà en Suisse romande depuis 2022, pour le Conseils aux Parents et janvier 2023 pour le 147.
Pensées suicidaires? Faites-vous aider.