«Omar m’a tuer»: L’affaire hors norme pourrait (encore) rebondir

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«Omar m’a tuer»L’affaire hors norme pourrait (encore) rebondir

Condamné en 1994 pour meurtre puis gracié sans avoir été innocenté, l’ex-jardinier marocain sera fixé jeudi sur les suites de sa requête en révision. Un nouveau procès pourrait se tenir.

Désigné par une inscription ensanglantée, Omar Raddad a toujours clamé son innocence.

Désigné par une inscription ensanglantée, Omar Raddad a toujours clamé son innocence.

AFP

Nouvel épisode dans la saga judiciaire Omar Raddad: après la présentation par sa défense d’«éléments nouveaux», l’ex-jardinier marocain doit être fixé jeudi sur les suites de sa requête en révision. Ce, vingt-huit ans après sa condamnation pour le meurtre de Ghislaine Marchal, dont il se dit innocent. La première avait été rejetée il y a 20 ans, mais Omar Raddad a déposé une nouvelle requête en révision de son procès le 24 juin 2021. Soit trente ans jour pour jour après la découverte du corps de la riche veuve d’un équipementier automobile.

Son jardinier Omar Raddad avait été condamné à 18 ans de réclusion criminelle, puis gracié mais pas innocenté. Il avait été désigné par l’inscription «Omar m’a tuer» tracée avec le sang de la victime, une faute de conjugaison qui a placé l’affaire parmi les dossiers criminels les plus célèbres et controversés de France. Aujourd’hui, Omar Raddad fonde ses espoirs sur les progrès scientifiques en matière d’ADN et une loi qui assouplit les critères permettant d’obtenir la révision d’un procès.

Son avocate Sylvie Noachovitch se targue d’avoir franchi un premier «pas» après avoir obtenu en décembre de la commission d’instruction que soient diligentées des investigations complémentaires. Ce supplément d’information visait à déterminer la portée des conclusions d’un expert en génétique. Elles concernaient quatre ADN masculins non identifiés retrouvés en 2015 sur des scellés de la scène de crime et qui ne correspondent pas au profil génétique de l’ex-jardinier.

«Enquête secrète»

Dans des notes de 2019 et de 2020, l’expert en génétique révélait l’importance d’un des quatre ADN masculins inconnus, présent en de nombreux endroits et notamment sur l’inscription ensanglantée. L’expert favorisait l’hypothèse d’un dépôt de l’ADN lors des faits et non d’une «pollution» ultérieure, notamment par les enquêteurs. En d’autres termes, ces traces génétiques auraient pu être déposées par l’auteur de l’inscription, qui ne serait alors pas Ghislaine Marchal mais potentiellement le véritable meurtrier, estime la défense d’Omar Raddad.

Depuis cette première étape, Me Sylvie Noachovitch a présenté le 19 mai d’autres «éléments nouveaux», issus cette fois d’une «enquête secrète» de la gendarmerie entre 2002 et 2004, après les confidences d’une informatrice sur un possible mobile crapuleux. Lors d’une dernière audience à huis clos, le 15 septembre, la défense d’Omar Raddad a demandé les auditions de gendarmes ayant participé à cette enquête, ainsi que la désignation d’un laboratoire spécialisé dans la recherche en parentèle pour déterminer à qui appartiennent les ADN inconnus retrouvés sur les inscriptions.

Selon une source proche du dossier, l’avocat général s’est dit favorable à une expertise, mais a en revanche demandé que soit écartée l’enquête de gendarmerie. Jeudi, la commission d’instruction peut soit ordonner un nouveau supplément d’information, soit rejeter la requête, soit encore la transmettre directement à la Cour de révision. Celle-ci aura le dernier mot sur l’organisation d’un nouveau procès, un événement rarissime en France.

(AFP)

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